Sortie organisée par Laurent
Nous voilà de retour cinq mois après la découverte ornithologique de ce lieu magique. Un dizaine de personnes au rendez-vous devant les tennis de Bandol accueillis par des Rougequeues noirs et des Chardonnerets élégants en ce petit matin un peu frais. Parmi ces amateurs d’oiseaux, un jeune couple déjà expérimenté et deux naturalistes de l’Aisne émerveillés par le paysage des deux criques rocheuses du Capélan avec ses pins en équilibre en bord de mer et se détachant au loin sur un fond de brume matinale, l’Ilot des Engraviers, but de nos observations. Verrons-nous cette fois encore cette Grande aigrette si incongrue sur cette ile pelée, ou bien ce Faucon pèlerin, très à l’aise sur son lieu de chasse, saisir une mouette dans ses serres avant de la consommer à l’écart des goélands houspilleurs.
Un cri vient troubler nos pensées. Un de nos jeunes amis nous montre du doigt, tout en bas, dans les rochers, une petite tache bleue. Tout le monde dirige d’un mouvement d’ensemble ses jumelles vers le point désigné. un peu à gauche du rocher sous le petit bosquet, non, un peu plus bas. Voilà, c’est là ! Un Monticole bleu se détache sur un rocher, longtemps immobile, nous laissant le temps de l’admirer, le bleu de son plumage tranchant sur les couleurs ocre et vert alentour.
Quelle joie ! Pensez-donc, un Monticole bleu, la dernière fois c’était il y a bien dix ans au Frioul. On l’appelait encore Merle bleu. Et puis un deuxième Monticole se détache de la scène pour aller se poser de l’autre côté de la crique, tout au bord de l’eau. Deux Monticoles ! Dame Nature est généreuse ce matin.
Nous aurions pu longtemps rester à les admirer s’ils n’avaient disparu tout à coup. Encouragés par cette vision, nous continuons d’un pied ferme notre marche vers l’ilot. Nous nous arrêtons sur le chemin en balcon sur la mer, juste face à ce bout de terre peuplé de nombreux Goélands leucophées visiblement en début de nidification. Beauté du paysage, fraicheur de la brise..…. Une simple réflexion de FM … cette tache grise en-dessous de la grotte qui a presque bougé. Parmi tous les observateurs, très peu distinguent la tache grise parmi tant d’autres dans les rochers.
Nous entreprenons le décompte de Goélands, assez calmes, aucune menace apparente autour d’eux. Près d’un quart-d’heure s’écoule. Tout-à-coup, FM qui n’a pas cessé d’observer avec obstination son point gris, pousse un cri. Il s’est envolé ! C’était bien un faucon !
Aile pointue, allure grise de loin. Un Faucon pèlerin s’élève face à la brise, prend de l’altitude au-dessus de l’ile qu’il quitte d’une belle glissade sur l’aile droite. Il s’éloigne vers les falaises de la côte, n’est plus qu’un point à l’horizon. Et puis, ce point grossit de nouveau. On le voit de face maintenant, les ailes immobiles légèrement incurvées vers le bas.
Il vient vers nous. Plus besoin de jumelles. On le voit se rapprocher d’un vol lent et majestueux, juste au-dessus de nos têtes, pas un battement d’aile, donnant l’impression de nous passer en revue. La gorge rayée, un juvénile sans doute. Nous sommes tous ébahis, sans mot ! Ainsi donc, après six mois, le Pèlerin est toujours présent. Coup de chance ? Sans doute. Mais à la réflexion, la proximité de falaises abruptes pour nicher, une ile peuplée d’oiseaux pour garde-manger, une brise permanente pour l’envol…..Nous avons peut-être trouvé involontairement un hot-spot de Pélerins, un de plus le long de nos côtes. Quel pays merveilleux.
Laurent Mifsud