Article de La Provence du 6 juin 2011 :
Quatorze des 30 couples d’aigles de Bonelli qu’il reste en France ont trouvé un bonheur à préserver dans les Bouches-du-Rhône. Les voir survoler garrigues, vignes ou escarpements rocheux ne relève donc pas de la rareté. Celui qui a installé ses pénates près de Velaux reste, en revanche, une curiosité planétaire. De mémoire de spécialiste, c’est le seul du monde qui a construit son nid sur une ligne à très haute tension. Malgré les 400 000 volts ambiants, la famille n’y risque guère l’électrocution. Pour cela, il faut un contact simultané phase-masse. Et, vu l’écartement des câbles et de piliers, c’est quasi exclu pour des rapaces d’1,70 mètre d’envergure. Sur des supports de lignes à moyenne tension (20 000 volts), aux dimensions plus réduites, le danger précité est bien réel. La chargée de communication, Denise Ruiz, précise que « 200000€ sont dédiés chaque année à la protection de la faute sur le secteur Méditerranée ». Une part de ce budget est dépensée via la collaboration avec le Conservatoire d’études des écosystèmes de Provence (CEEP) et le réseau européen de sites Natura 2000.Notamment pour identifier les supports de ligne aérienne les plus accidentogènes et y installer des protections avifaunes. C’est à cela qu’on vient de s’employer en sécurisant un pylône dans le quartier des Reys. Explications avec Cécile Ponchon du CEEP: « Depuis les années 90, on a établi une cartographie des risques pour l’aigle de Bonelli. L’électrocution est classée nº 1 devant l’empoisonnement ou le tir d’arme à feu et le dérangement dans la nidification. À 3km de celle du couple de Velaux, ce support de ligne était dangereux par sa configuration technique et son attractivité pour les aigles. » Même opinion pour Valérie-Claude Sourribes, en charge des 4300hectares du secteur Arbois classés Natura 2000 : « C’est une zone de protection spéciale (ZPS). » Dont acte avec Paul, Christophe, Patrick et Romain, techniciens venus de La Gavotte, avec camion et matériel idoine: « On rajoute de portion de câbles isolés et des manchons de protection. C’est dimensionné pour cet oiseau. » Évidemment, pas question de couper le jus du quartier sous peine de faire exploser le standard téléphonique avec les appels d’abonnés furibards. « Sous tension. À 20000volts, si tu mets le doigt dans la prise, ça sent le cramé définitif. Mais pas de souci en suivant le protocole précis. On est formé pour… » L’électricité, c’est donc un métier. Et les aigles de Bonelli velauxiens ne font qu’y débuter. Manu GROS
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