Ronde Martinesque dans le centre ville de GAP
Le 7 juin est une journée mondialement consacrée à la célébration des martinets. Le martinet ? Nos amis anglo-saxons l’appellent Swift, rondoni en Italie et Apus Apus pour les scientifiques. Il fait partie de la famille des apodidés nommés ainsi à cause de leurs pattes courtes. Cette grande famille regroupe une quarantaine d’oiseaux dans le monde entier. En France, nous en accueillons trois : le martinet pâle, le martinet à ventre blanc ou Alpin et le martinet noir. Fidèles au rendez-vous, malgré une succession d’averses capricieuses, huit participants, naturalistes, passionnés ou simples citoyens curieux de connaître un nouvel aspect de la ville, la biodiversité urbaine, se sont retrouvés Place aux Herbes à 11h.
A Gap, le martinet noir, cet oiseau fascinant, habite tout près des citadins depuis plusieurs siècles puisqu’il niche sous nos toits exploitant la moindre fissure, la plus petite cavité de nos habitations pour y pondre ses œufs et y construire son nid à condition toutefois que celles-ci soient suffisamment hautes, 4m minimum, pour permettre l’envol des petits vers la mi-juillet, car le petit martinet se jette dans le vide et doit apprendre le vol au cours de sa chute….
L’objectif de cette Ronde martinesque gapençaise était de comprendre où et comment le martinet noir nidifie au sein de notre ville. La population de martinets noirs reste conséquente à Gap, mais ces oiseaux sont entrés cette année dans le triste palmarès des espèces quasi menacées sur la liste rouge régionale et nationale de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). En effet, nos rénovations et, parfois, la lutte contre d’autres oiseaux devenus indésirables à nos yeux, comme les pigeons ou les étourneaux, rendent nos demeures impénétrables, même si l’esthétique de nos façades colorées dans le centre ville est indiscutable. Inexorablement le martinet perd ses sites de nidification.
Place aux Herbes, ils nous ont gratifiés de trois entrées sous les toits et dans des trous de boulin en façade, ensuite notre petit groupe s’est dirigé vers la cathédrale Saint Arnoux où chacun a pu admirer la jolie colonie d’hirondelles de fenêtre en plein nourrissage sur les nids construits autour de l’édifice. Après tout, Saint François d’Assise était protecteur des oiseaux !
Les rues autour de l’édifice abritent plusieurs couples de martinets noirs, mais on peut aussi bien se rendre compte des dégâts, souvent inconscients, des rénovations.
La déambulation nous a ensuite conduits à la Maison des habitants et à l’Ecole Sainte Jeanne d’Arc. Sur ces deux bâtiments, nous avons pu observer des cavités occupées par des martinets et des étourneaux sansonnets.
C’était l’occasion de faire le point sur les animaux présents en ville et leur statut. Le martinet noir, l’hirondelle ou encore le choucas des tours sont des espèces protégées, les détruire, eux ou leur habitat, en bouchant la cavité par exemple ou en faisant tomber le nid, est un délit (code de l’environnement Article 311-1 et suivants) puni sévèrement par la loi.
La Ronde martinesque, nommée ainsi pour évoquer les rondes sonores des martinets autour de nos bâtiments, a pris fin devant le Lycée Dominique Villars où vit probablement la plus grande colonie de la ville de Gap, environ 100 couples recensés à ce jour sur les deux bâtiments principaux du Lycée.
Bientôt les martinets de cette colonie bénéficieront de nichoirs afin de pallier la rénovation des façades et les perturbations subies au cours de ces deux dernières années.
La bonne nouvelle c’est que nous pouvons aider les martinets noirs en s’abstenant de boucher les trous de nos bâtiments, si c’est possible, ou bien en installant des nichoirs de substitution. Il convient aussi d’adapter nos calendriers de rénovation à cette espèce en évitant les travaux sur les façades et les toitures entre avril et août, car le martinet noir nous gratifie de sa présence seulement cent jours par an, il nous quittera ensuite pour hiverner en Afrique subsaharienne et reviendra occuper sa cavité, toujours la même pendant les dix années de sa vie, au printemps suivant. Il y retrouvera son ou sa partenaire, fidélité oblige, et y élever une nichée de deux oisillons en moyenne.
Il faut savoir que le martinet noir ne se pose jamais, sauf pour nidifier, il se nourrit, boit, s’accouple, récolte les matériaux de son nid et dort en vol.
Nous pouvons, nous Gapençais, garder vivants les ciels et les rues de notre ville, pour que résonnent encore entre les pierres les cris sonores de la ronde des martinets noirs, nous pouvons tous agir et c’est facile. Il nous faudra connaître les emplacements occupés par ces oiseaux extraordinaires en ville, c’est pourquoi en juin et juillet, les bénévoles de la LPO ainsi que tous les volontaires intéressés vont recenser les cavités occupées pour mieux les prendre en compte dans les futures rénovations du bâti à Gap.
Nous publierons prochainement un calendrier de recensement et toutes les bonnes volontés seront les bienvenues entre 20h et 21h en juin et juillet, par petits groupes en respectant les consignes sanitaires, faisons ensemble de Gap une ville exemplaire où la vie dans son ensemble sera respectée.
Du martinet à l’escargot, ils s’agitent auprès de nous et les découvrir, puis les protéger constitue une chance.