Au début de l’après-midi du 9 février 2021, dans l’atmosphère heureuse d’un déjeuner ensoleillé, derrière les baies vitrées d’une villa perchée dans les collines de Six Fours les plages, un évènement remarquable survient brutalement: un bruit, dont les témoins navrés se rappelleront qu’il était plutôt fort, s’accompagne de la vision d’une aile et d’une tête d’oiseau s’écrasant violemment sur la vitre. Puis celle d’un petit corps à terre, tressautant dans un tapis de plumes perdues. Il s’agit d’une grive musicienne en état de choc, l’oeil ouvert, le coeur battant, secouée par des spasmes.
Elle se trouve dans un espace de jardin intérieur, clos de murs, à l’abri du vent et de prédateurs éventuels. Décision est prise de la laisser en place au pied de la véranda, en observation. Un quart d’heure après l’accident elle paraît endormie. Encore une heure et elle sautille maladroitement, l’allure bancale et l’aile gauche basse, se dirigeant vers un groupe de fauteuils de jardins rangés là pour l’hiver. Les témoins déposent à proximité un ramequin d’eau, et une poignée de miettes de pain, de brioche, et de fromage mixte vache et brebis des Pyrénées. Le lendemain l’oiseau paraît alerte, explore les quatre coins du jardinet, bien d’aplomb sur ses pattes, mais ses rares tentatives de vol rappellent celles de Clément Ader dans son premier Éole, et son aile gauche semble tirer encore un peu vers le sol. Pour se rapprocher d’une alimentation plus conforme à ses besoins, des vers de farine sont déposés à proximité de l’abri qu’elle a trouvé des fauteuils de jardin, et la journée se passe dans l’espoir d’un envol spontané. Le surlendemain au matin, l’occupante étant toujours là, c’est donc qu’elle ne peut pas voler. Que faire se demandent les témoins ? Puis ils se souviennent d’une Ligue pour la Protection des Oiseaux. Le coordonnateur sitôt joint, pose quelques questions précises pour évaluer la situation de l’animal blessé, et oriente les témoins vers la Clinique Vétérinaire Les Palmiers de Sanary sur Mer. Tout se passe alors très vite. Au téléphone la clinique affirme sa disponibilité pour recevoir immédiatement l’oiseau, et donne des indications pour effectuer sa capture en sécurité. Transportée par les témoins dans une boîte à chaussure, la grive a été prise en charge par un vétérinaire dès l’arrivée à la Clinique des Palmiers. Les témoins sont invités à prendre des nouvelles le lendemain. L’oiseau après les soins d’urgence sera confié à une association de protection de la faune sauvage jusqu’au moment du relâcher. Et les témoins ont décidé d’équiper leurs baies vitrées des silhouettes préventives de collisions d’oiseaux vendues sur le catalogue de la LPO.
Texte et image de Martine et Jean-Louis Roggero
2 réponses sur « Une Grive musicienne en danger »
Bravo à Martine et à Jean-Louis pour ce sauvetage.
Par contre le pain, la brioche et le Pyrénée auraient été plus conseillé pour moi que pour un oiseau.
Hélas tous les ans malgré de faux papillons électrostatiques j’ai moi aussi cet inconvénient majeur. Mais grâce aux bons conseils d’un intervenant sur Bioux, je dépose dans un carton les oiseaux blessés et les réchauffe grace à une vieille chaussette remplie de riz cru que je fais chauffer 30 secondes dans le micro-ondes ensuite je pose l’oiseau dedans et généralement il se réveille dans les quelques heures qui suivent le choc. Merci quand même pour vos beaux témoignages