Quelques précisions à propos de ces cylindres noirs en plastique que nous trouvons en masse au bout du lac de Serre Ponçon.
Déjà + de 40 000 biomédias récupérés
Ce sont des biomédias, autrement dit des supports bactériens, utilisés dans quelques rares stations d’épuration pour doper le processus de digestion de la matière organique présente dans l’effluent.
En Haute Durance seule la Step de Vallouise utilise ce procédé et ce type de biomédias.
Dans le Queyras la Step de Molines/St-Véran fonctionne selon le même principe avec des biomédias différents : les fameux petits disques grillagés blancs bien connus des pêcheurs.
Nous avons trouvé les premiers cylindres noir au cours du deuxième semestre 2017.
Nous ne savions pas à l’époque de quoi il s’agissait mais il n’y avait pas de quoi s’affoler vu le peu de pièces ramassées : jamais en grande quantité, une poignée par ci, une autre par-là, toujours en bout de retenue, à la côte maximale atteinte par le lac.
Souvent difficile à voir dans les petites accumulations de végétaux en décomposition présents à ces endroits.
Situation inchangée jusqu’à l’automne 2019 où nous sommes passés au cran supérieur avec des biomédias présents en plus grand nombre sur un périmètre élargi suite à une remontée du lac après un épisode de crue automnale.
Depuis mai-juin 2020 nous changeons d’échelle avec un arrivage massif accompagnant les bois flottés.
Les ramassages sont plus intenses depuis début septembre suite à la baisse (très lente cette année) du niveau de l’eau.
Mais ce que nous ramassons encore maintenant est arrivé en fin de printemps et début d’été.
Nous en sommes à plus de 35 000 exemplaires récupérés.
Signalement fait auprès de la DDT 05 qui n’a eu aucun mal à trouver que la Step de Vallouise était à l’origine du problème.
Le gestionnaire (Communauté de Communes Pays des Ecrins) explique qu’en juin 2017 une soudure de la grille de sortie de l’effluent a cédé et estime à 2 mètres cubes le volume de biomédias partis dans la nature. Pour notre part ce que nous avons récupéré représente un peu plus de 200 litres seulement.
Et cela pose quelques questions.
3 ans pour descendre de Vallouise ça fait beaucoup. Où est passé le reste ?
- dans le lac ? improbable : ces corps flottants sont concentrés au bout du lac par le vent dominant et nous ne voyons pas comment une telle quantité aurait pu nous échapper.
- Echoués quelque part dans le lit de la Durance ?
Sur l’iscle de St Clément, ravagé à coups de bulldozer, seulement un disque et un cylindre, rien sur les berges.
Suite… 18 mars 2021
La queue du lac a été envahie en début d’été 2020 par du bois flotté, qui, lors de la baisse du niveau de l’eau, s’est échoué sur une superficie équivalente à au moins celle de deux terrains de football.
Plusieurs tests ont été réalisés qui montrent que sous ce bois échoué se trouve encore un nombre conséquent de biomédias.
Après avoir retourné le bois au râteau, mètre après mètre : pour une bande de 15 mètres carrés environ (repérée par les étoiles) = 800 biomédias.
C’est ce que contient le seau en plastique présent sur les deux photos ci-dessus.
Travail de deux personnes pendant une heure trente.
Ça n’est plus du ramassage mais une opération de dépollution qui s’annonce longue et difficile dans un espace classé Espace Naturel Sensible.
Cette photo donne un petit aperçu de l’ampleur du problème à traiter.
Nous précisons que nous sommes déjà passé partout, à plusieurs personnes et à plusieurs reprises, et que tout déchet ou biomédia présent en surface a été enlevé
Sans la présence des biomédias le site serait clean.
24 mars 2021
Nous avons revisité le célèbre tableau peint par Millet en 1857 , les Glaneuses , version biomédias, ce mercredi.
6 personnes pendant une matinée entière (3H), 3 personnes pendant 1H 30 et 2 personnes pendant 2 heures ont ratissé méthodiquement une partie des bois échoués en bout de lac, à proximité de l’arrivée de la Durance.
Résultat : 3600 biomédias, invisibles sous les branchages, ont été récupérés et ce après les multiples passages déjà effectués dans ces lieux véritablement envahis par ces objets en plastique depuis l’été dernier.
La barre des 40 000 pièces est à présent largement dépassée.
Perspective : il en reste, et pas qu’un peu; la prochaine fois nous amènerons une brouette, à la façon de l’Angelus du même artiste…
Merci aux participants
Photos : Jean-Paul Coulomb