Un couple d’amis qui vit dans ma région organise régulièrement des séjours pour observer les oiseaux en France et à l’étranger. Voilà deux ans qu’ils ont mis sur pied un séjour d’une semaine dans le sud du Portugal qui permet d’admirer entre autres les parades de l’outarde barbue. Les photos qu’ils ont faites l’année dernière montrent un magnifique oiseau, je suis séduis.
L’idée germe et je décide de mettre sur pied un séjour «photographes» avec leur accord pour le printemps 2014. Je mets en garde mes amis sur nos exigences photographiques qui sont beaucoup plus complexes et difficiles à gérer par rapport à de simples observateurs. Quelques mails plus tard quatre copains décident de tenter leur chance avec moi.
Pour mettre toutes les chances de notre côté nous décidons de consacrer trois jours sur les plateaux de l’Alentejo où se trouve ces fameuses outardes sur les sept que compte notre séjour.
Le surlendemain nous sommes sur place. Crémilde, la dame qui nous reçoit dans sa magnifique maison nous renseigne sur les endroits où nous pouvons circuler en toute liberté. Ce n’est pas bien compliqué puisque la moitié de la région semble lui appartenir et qu’elle nous autorise à nous y promener à notre guise en respectant bien entendu les troupeaux et les enclos.
Les premières outardes sont repérées à quelques kilomètres du gîte.
Dans ce décor de steppe, ces oiseaux ne sont pas difficiles à voir, d’autant plus qu’ils ne font rien pour passer inaperçus.
Le mâle fait une sorte de roue en déployant la queue qu’il aplatie sur le dos pour exposer les sous caudales d’un blanc immaculé.
Ces mouvements savamment calculés ont le pouvoir de le rendre visible à des kilomètres à la ronde pour attirer les femelles. Par contre les oiseaux sont extrêmement farouches et le simple arrêt du véhicule les fait fuir à plus de cinq cents mètres.
Il va nous falloir de bonnes observations pour placer nos tentes affûts aux bons endroits, la pression monte.
Le lendemain en milieu de matinée nous trouvons une grande dépression où il y a une centaine d’outardes.
Certains mâles paradent sous les yeux connaisseurs de ces dames qui ne perdent rien du spectacle tout en picorant.
En quelques heures à peine nous découvrons trois espèces emblématiques de la péninsule et pas des moindres.
Au creux de ce vallon se trouve un immense eucalyptus aux branches basses qui nous servira pour dissimuler nos deux petites tentes affûts. Nous n’avons pas le temps de prospecter plus avant et la décision est prise de tenter notre chance ici dès cet après midi.
Les tentes sont dissimulées au mieux sous cet arbre et l’attente commence.
Une demi heure après notre intrusion la vie reprend son court. Je profite de cette « invisibilité » pour réaliser quelques clichés de bruants proyer, d’alouettes calandre et calandrelle.
Une outarde canepetière passe dans les hautes herbes et disparaît.
Tout à coup une dizaine de mâles arrivent en vol et se posent à trois ou quatre cent mètres face à nous.
C’est loin pour la photo mais leur présence fait défiler les minutes encore plus vite. Un petit coup d’oeil à droite, rien, un autre à gauche et …..
quatre femelles sortent des hautes herbes à moins de deux cent mètres et se dirigent vers nous.
L’endroit est magique, ces oiseaux déambulent sur un parterre de fleurs fait de petites marguerites et d’iris nains aux couleurs bleutées magnifiques.
Les parades s’enchaînent et nous découvrons une fois de plus un spectacle de la nature ahurissant.
Les mâles se contorsionnent et gonflent tellement leurs plumes qu’on n’arrive presque plus à deviner la forme initiale de l’oiseau. On dirait une mousse chantilly.
Et que dire de leur barbe qui devient moustache, magnifique, splendide, les superlatifs me manquent et ceux que je trouve paraissent fades tellement c’est beau.
L’après midi s’étire avec les ombres et la lumière devient sublime. Il y a des jours comme çà où tout va pour le mieux.
Et puis un mâle décolle pour disparaître derrière la crête à ma gauche, puis un autre. Et ce sont bientôt tous les mâles qui s’envolent vers une destination inconnue.
Les femelles se dirigent tranquillement vers les herbes d’où elles sont sorties et disparaissent peu à peu de notre vue. La lumière décline encore un peu plus et la fin de séance semble être là. C’est le moment que choisit cette huppe pour se poser sur un tas de cailloux et elle s’envole.
Je range doucement mon matériel et j’appelle mon ami qui est à quelques mètres dans sa tente. Sa première phrase résume l’après midi : «Wahou c’était fabuleux, quel oiseau ! ».
«Oui, tu as raison, pas de doutes c’est un oiseau extraordinaire et nous avons eu une chance inouïe d’assister à ce spectacle pendant de longs moments juste à quelques mètres de nous…..»
Robert Balestra
Pour découvrir les outardes barbues.
6 réponses sur « Récit de voyage : L’outarde barbue de l’Alentejo »
superbe reportage!!bravo!
Hé oui Michel… Robert fait des photos fabuleuses ! Bonnes obs à toi.
Avec la chance tout est beaucoup plus simple.
L’auteur de la fameuse photo du Grèbe à cou noir en train de pondre écrit : « la chance, c’est du boulot… mais c’est aussi de la chance ! ». 🙂
Un bonheur de redécouvrir ces moments d’exception passés ensemble ,j’espère que en janvier tu nous « pondras » un aussi beau reportage
Amitiés Dominique
Bonjour,
Superbe reportage!
Comme j’ai prévu d’aller au Portugal en juin prochain, essentiellement pour des photos ornitho et que je suis particulièrement intéressé par les outardes et la gangas de la région de Alentejo, serait-il possible de connaître l’adresse de votre hébergement, un gite je suppose, bien situé et appartenant à une personne bienveillante. Merci de votre réponse et félicitations pour votre reportage.