Le 11 juin 2014 (hé oui, je sais, ça date : mais mieux vaut tard que jamais).
Une personne (moi, donc) a, comme chaque printemps, répondu présent à l’appel de Yves Zabardi pour l’accompagner durant son Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) dans la zone située sous le Col de Granon dans la Vallée de la Guisane, au Nord de Briançon. J’espère voir le Pipit rousseline, Yves le voit souvent depuis trois ou quatre ans.
Le programme STOC est coordonné par le MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle) de Paris et a pour but de recenser année par année et site par site les populations d’oiseaux nicheurs grâce à un protocole strict : 10 points d’écoute de 5 minutes répartis sur 2 km². Cela permet d’établir des tendances très précises sur l’avifaune nicheuse du pays. EPS, ça ne veut pas dire Éducation Physique et Sportive (quoique pour le STOC de Jean-Pierre, si.) mais Échantillonage Ponctuel Simple.
Lever à 4h45 (si !), départ vers 5h et arrivée sur place, au lac des Tronchets, vers 5h30. Une petite demi-heure de marche dans la cembraie très animée au petit matin -c’est beau- et on arrive au premier point, situé près de la Fontaine aux pigeons. Comme par hasard. Le jour se lève, il est six heures, et c’est parti pour cinq minutes d’écoute attentive dans la forêt bruissante de cris et de chants d’oiseaux. Coucou gris, Grimpereau des bois, Rougegorge, Mésange huppée, un Tétras lyre roucoule au loin, quelques Becs-croisés des sapins, Mésanges noires, Mésange boréale, Roitelet huppé, Pinson des arbres… les cinq minutes passent vite et il est déjà temps de continuer vers le point n°2.
On passe discrètement à côté d’une sagne très sauvage, perdue dans la cembraie, et une poule de Tétras lyre s’envole à côté de nous. On ne s’attarde pas.
On emprunte la piste forestière (qui a un peu défoncé la forêt, soit dit entre parenthèses) pour aller au point 2, situé sur une butte, bien matérialisée par un ancien poteau de télécabine militaire. Il est 6h20, début de l’écoute. On a Mésanges huppées et noires, Pinson, Rougegorge, Grimpereau des bois, Pic épeiche, Bec-croisé… et c’est parti pour le troisième point. On continue la descente.
6h35 au point 3. Qu’avons-nous là ? Des Grives draines, un Bouvreuil pivoine et un Geai des chênes, entre autres, bien sûr.
Et on continue la descente vers la voiture pour repartir sur les points situés dans un secteur un peu plus en altitude. Auparavant, on s’arrête au quatrième point, à la lisière de la forêt. Un Serin cini en parade s’égosille sur un pin. On voit aussi la parade du Pipit des arbres en parachute, on entend le Bruant jaune et le Bruant ortolan, et quelques Venturons en maraude.
Au Lac des Tronchets, là où nous sommes garés, les Alouettes des champs sont en pleine activité… et on observe un couple de Pigeons ramiers. Il est 7h sur France Inter, c’est le début du 7/9, départ !
On arrive au point 5 à 7h20. On est juste en-dessous des crêtes, à environ 2000 mètres d’altitude, sur une butte, on domine toute la vallée… et on entend Alouette des champs, Rougequeue noir, Traquet motteux, Linotte mélodieuse… et surprise, un Pipit rousseline vient parader juste au-dessus de nos têtes ! « Eh ben voilà, tu l’as ton rousseline » que me dit Yves. Tout-à-fait. Je suis content.
Hé ho ! On perd pas de temps les cocos ! Le soleil est déjà haut… il brille, brille,… et nous, on va se faire le point 6, au sommet d’un petit vallon arboré. Quelques Becs-croisés des sapins, une Alouette des champs, Mésanges huppées, tiens, encore une Alouette, un Tarin en vol et encore 3 Tarins des aulnes posés dont un jeune ! On a la preuve qu’ils ont bel et bien niché chez nous (ils nichent tous les ans mais en petites quantités chez nous, c’est plutôt un oiseau nordique ; eh bien cette année ils ont niché un peu partout chez nous). Et en remontant, une Belle-Dame, à 7h40.
On se déplace en voiture jusqu’au point 7, (entre 7h55 et 8h) dans une sagne sauvage et absolument bu-co-lique. On roule sur le chemin cabossé et un mâle de Tétras lyre passe en vol juste au-dessus de la voiture ! On descend jusqu’à la sagne, dans la cembraie, une zone très fréquentée par les tétras en hiver, si l’on en juge par le nombre de crottiers.
Le point 8 n’est pas très éloigné du précédent, mais on est entre-temps sortis de la forêts (si !) et on a abouti, devinez où… eh oui : dans les prairies. On a donc pas mal de Bruants ortolans, de Pipits des arbres, d’Alouettes lulus… mais aussi Traquet motteux, Faucon crécerelle, Corneille noire… pas d’Accenteur mouchet comme l’an dernier. On ne peut pas tout avoir, que voulez-vous.
Il est 8h20 et on se rend à l’avant-dernier point, qui porte comme vous l’aurez deviné chers lecteurs le n°9 (car les choses sont bien faites). Une Alouette des champs chante posée pile sur le point. Pas gênée celle-là. Traquets motteux, et une Bergeronnette grise posée sur le toit des baraquements militaires du Granon. Entre 8h33 et 8h38 si vous voulez la précision de l’horloge atomique de Besançon.
On termine en beauté avec le point n°10, situé sur le Grand Meyret, et c’est toujours délicat à escalader en fin de STOC, quand on sent que l’on est un peu crevé de s’être levé si tôt. De 8h55 à 9h pile, en plus. Rougequeue noir, Traquet motteux, Alouette des champs, Pipit spioncelle (le seul de la journée…) et une Marmotte des Alpes.
La descente aura été moins épique que l’an dernier où l’on s’était offert une bonne glissade sur les pieds, sur de la bonne neige bien glissante, depuis le sommet jusqu’en bas.
Sur la route entre le col et les Tronchets en descendant, nous faisons le traditionnel comptage informel des Bruants ortolans et on compte au minimum 10 chanteurs. Et seulement un Bruant jaune…
Et enfin, pour terminer, le clou de la journée -et je pèse mes mots. En descendant, je scrute comme à mon habitude le bord de la route (pendant qu’Yves conduit, il faut bien) en essayant de trouver un petit quelque chose. Au niveau de l’ancienne bergerie de Plainalp, un passereau est posé bien en évidence sur un rocher au bord de la route : c’est un adulte de Pipit rousseline qui alarme ! Superbe lumière de début de matinée, l’oiseau est proche, pas trop farouche et se laisse observer dans des conditions fabuleuses (mieux vu qu’en Camargue !). Chouette !
Quelques infos sur l’expansion du Pipit rousseline en montagne dans un prochain article à venir.
Merci encore Yves pour cette belle matinée naturaliste !