Le 26 janvier 2014
9 personnes du groupe LPO Pays Briançonnais ont répondu présent à l’appel de Robert Balestra pour une virée en Drôme Provençale à la recherche des Vautours.
Nous sommes partis de Briançon à 7h19 au lieu de 7h15, la faute à moi qui me suis réveillé (beaucoup) trop tard. Comme d’habitude, le trajet se déroule dans une excellente humeur… il faut dire qu’avec le calife du groupe dans la voiture on ne risque pas de s’ennuyer.
A la sortie de Chorges, nous observons 3 Chevreuils à découvert, dans un pré, en train de batifoler joyeusement.
Le trajet est très pittoresque, nous traversons de magnifiques paysages, notamment à partir de Gap, route que l’on connaît moins bien… et puis c’est l’arrivée dans la superbe Vallée du Buëch, à partir de Serres (où nous avons fait une pause café), où la route devient encore plus sympa. Et les patelins traversés comme Montclus, l’Épine, Ribeyret, Moydans, Rosans ou Verclause sont tous plus jolis les uns que les autres. A partir de Verclause nous entrons dans la Vallée de l’Eygues, ce qui signifie que nous sommes presque arrivés ! Depuis la voiture nous observons déjà les premiers Vautours fauves qui décollent des falaises au-dessus de nos têtes.
Nous arrivons à Rémuzat et l’imposant Rocher du Caire se dresse devant nous. Nous longeons la paroi Sud-Ouest du Plateau de Saint-Laurent puis la montée commence à partir du joli village de Saint-May, perché sur un rocher dominant l’Eygues. La route est très sympa, particulièrement escarpée jusqu’à l’abbaye de Bodon.
On va se garer sur la parking, un peu après les ruines de l’abbaye et dès la sortie de la voiture quelques rapaces se font observer, un rapide coup de jumelles, puis de lunette suffisent à déterminer un, puis deux, trois et enfin quatre Vautours moines. Sympa comme début ! D’autres oiseaux planent un peu partout, ce sont des fauves ceux-là.
La marche commence avec de nombreux arrêts pour observer. Un Vautour moine rame contre le vent juste au-dessus de nos têtes tandis que les Vautours fauves sont présents un peu partout. Deux Grands Cormorans descendent l’Eygues en direction de Nyons et semblent un peu déplacés dans ce paysage rupestre et Provençal ! Le site est superbe.
Presque arrivés à la Croix du Caire, un petit passereau se montre dans les buis, à gauche du chemin. Une rapide recherche montrera qu’il s’agit d’une Fauvette pitchou ! La coche du jour s’est montrée quelques instants au sommet d’un buisson, mais suffisamment bien pour qu’elle soit comptée.
Arrivés au Rocher du Caire nous prenons le temps de contempler le paysage et le sympathique village de Rémuzat, 328 mètres en-dessous. On rejoint Robert et ses deux potes qui parlent photo, forcément (Galerie de photos de Robert Balestra sur Oiseaux.net, Robert Balestra sur Facebook et L’interview de Robert Balestra sur Images & Nature). Le matériel est prêt, les 3 photographes vont s’installer dans un coin paumé au milieu de la falaise (attention il n’y a aucun dérangement d’oiseaux, c’est la règle chez tous les naturalistes), avec 100 mètres de vide sous les pieds. C’est en fait un petit replat en contrebas du plateau qui permet d’observer une paroi dans de bonnes conditions. Pendant ce temps, l’autre partie du groupe se cale bien pépère à l’abri du vent en-dessous de la Croix du Caire. Les Vautours fauves nous passent tout près, c’est particulièrement impressionnant et spectaculaire. Il vaut mieux privilégier l’observation à la photo, car les rapaces passent trop près et trop rapidement. A côté d’eux, les Grands Corbeaux semblent être des merles !
Nous observons quelques essais de vols en tandem. Deux d’entre eux sont particulièrement bien réussis, dont un qui a duré plusieurs dizaines de secondes. Nous trouvons deux aires occupées dans une falaise, en face de nous, au-dessus des anciens abattoirs à la sortie de Rémuzat.
Midi arrive rapidement. On appelle nos chasseurs d’images par téléphone pour leur dire à table. Le pique-nique est agrémenté encore une fois de nouvelles observations sympas, tandis qu’une se lamente « Moi, je veux un Bruant des neiges… ». C’est sûr qu’avec les 8 oiseaux champsaurins et un autre trouvé par un membre du groupe à Dormillouse il y a de quoi être jaloux ! D’autres attendent le Gypaète, qui ne tarde d’ailleurs pas à arriver !
Comme l’oiseau était de face, j’ai dit tout doucement « C’est le gypaète ça non ? », et Robert a pris la suite en poussant son cri de ralliement traditionnel « Le Gypaète le Gypaète le Gypaète ! » (cf. l’article sur le comptage gypaète de 2013 que je n’ai pas encore mis en ligne… toutes mes excuses pour cet oubli !)… le « piaf », si j’ose dire, est passé tout près de nous plusieurs fois ; certains observateurs ne manquant pas d’humour (je ne donnerai pas de noms) ont lancé les peaux de saucisson, pensant pouvoir l’attirer. Manque de pot, il est reparti au bout de quelques minutes (intenses !) et double manque de pot, deux des trois photographes avaient laissé leur matériel sur place dans la falaise. Heureusement que Robert est là pour sauver la mise et rapporter de beaux clichés. Julien Traversier (merci à lui !) de la LPO Drôme m’indique : « Il s’agit de « Tussac », lâché dans le Vercors en 2011. Il est présent dans les Baronnies depuis fin octobre, pour son 3è hiver consécutif. On le reconnait notamment grâce aux 2 rémiges primaires externes encore décolorées sur l’aile gauche. »
Le moment d’euphorie passé, les photographes s’en retournent vers leur coin secret, rapidement rejoints par Yves, Colette, Charlin et Élie, moi quoi. La descente est aisée malgré le vide à nos pieds (hum !) et on arrive rapidement à une plate-forme (enfin, plate, vous me comprenez) dans la falaise depuis laquelle il est aisé de prendre des photos. Les Vautous fauves se posent et décollent sur les vires que l’on a devant les yeux, le spectacle est fascinant. Les rafales de photos fusent comme des mitraillettes, tout comme les vannes de certains qui sont légion. Au milieu d’une pompe de vautour, un faucon crécerelle (et un pèlerin aussi, mais plus tard) semble complètement perdu. Deux accouplements ont été observés ainsi que de nombreux rechargements d’aire avec des oiseaux transportant des branches dans leur bec… comme de vulgaires moineaux… la comparaison n’est pas terrible !
Malheureusement les nuages cachent rapidement le soleil et à 14h30, ça commence à ne plus voler. On décide donc de remonter aux voitures et de faire un arrêt aux Ruines de l’abbaye de Bodon.
Depuis le site, nous observons une jolie pompe d’une cinquantaine de Vautours fauves avec au moins 4 Vautours moines au milieu. Avec les longues-vues nous jetons un coup d’œil sur les volières de réintroduction du Pas de l’Échaillon, sur lesquelles sont posés 9 Vautours fauves et 1 Gypaète barbu juvénile, mais semblant plus sombre que le précédent. On descend jusqu’à Saint-May où nous prenons un café, un chocolat, une bière… à boire, quoi !
Puis c’est le retour, en partie nocturne, vers Briançon.
La journée était formidable, et ce serait à refaire au printemps, pour voir les Fauvettes méditerranéennes (mélano, passerinette et orphée), le pipit rousseline, l’engoulevent, le petit-duc, le vautour percnoptère et toutes les autres espèces caractéristiques du plateau de Saint-Laurent.
2 réponses sur « Les Vautours de la Drôme Provençale : le Plateau de Saint-Laurent »
Superbe récit Elie !
Avec une telle prose et ces superbes images, je regrette de ne pas être venu !
Je suppose que tu parles des images de Robert 🙂
C’était une première pour moi, j’ai été très satisfait… ce serait à refaire en tous cas !
@+
Elie