Le public n’imagine pas, lorsqu’il achète des cuisses de poulet, une dinde ou deux pigeonneaux, toute la chaine historique qui les a fait devenir nourriture banale.
Dans sa conférence intitulée « il était une fois la basse-cour », Pierre Reynaud, docteur ès Sciences, est allé à l’origine de la domestication des dix espèces les plus communes de la cour de nos fermes de France.
Avec plus de 120 diapositives, souvent animées de nombreuses anecdotes tirées de sa vaste expérience, des rappels à la mythologie, il a su rendre vivant, captivant, un sujet qui peut paraître sans intérêt.
Il faut remonter à plus de 5000 ans pour la mise en place des premiers pigeonniers troglodytes.
Ces pigeons, source de nourriture, sont devenus au cours du temps des messagers militaires et civils, même producteurs de la fameuse colombine (l’engrais à base de fientes), et, continuellement refaçonnés par l’homme, ils sont devenus aussi des objets de curiosité : boulants, culbutants, capucins, frisés, cravatés, arrivant à quintupler le poids du biset des origines.
Les oies cendrées et les canards colverts, migrateurs d’Islande ou de Chine sont gavés depuis l’antiquité égyptienne.
Le coq bankiva est domestiqué depuis 4000 ans dans la vallée de l’Indus. Les romains en ont fait un chapon, et les gaulois un symbole de virilité que l’on retrouve sur les maillots de nos sportifs.
Le faisan venu de Colchide ou de Chine s’est répandu jusqu’en Oregon pour le plus grand plaisir des chasseurs.
Le paon bleu, ramené des Indes par Alexandre le grand, est assez casanier. Ce n’est plus un plat très recherché mais plutôt un élément décoratif.
Le lapin de garenne « découvert » par les phéniciens en Espagne, ce qui est à l’origine du nom du pays (I-saphan-im puis Hispania) a une répartition européenne assez limitée. S’il est très rare en Italie, c’est le pays d’Europe qui en produit le plus en élevage.
La pintade avait disparue entre le 5ème et le 15 5ème siècle d’Europe, pour être réintroduite par les navigateurs portugais.
Le canard musqué d’Amérique a permis, par son croisement avec la cane commune, de lancer l’industrie du foie gras de canard.
Enfin la dinde, ramenée des Indes occidentales en 1570 par Christophe Colomb, a gagné sa place, sans doute grâce aux pilgrims, dans les repas festifs.
La conférence s’est terminée par quelques visions humoristiques de volailles du futur sous les applaudissements chaleureux d’une cinquantaine de participants.
Un grand merci à Pierre pour cette conférence de qualité.