« AVIFAUNE, RELIGION, SYMBOLISME »
Ce mercredi 30 janvier 2019, malgré le vent du nord qui réfrigérait les artères toulonnaises, plus d’une cinquantaine de personnes s’étaient regroupées au relais Peiresc pour assister à la treizième conférence que Pierre Reynaud présentait sur ce site (un vrai record !).
Le thème de celle-ci était suffisamment énigmatique pour aiguiser les curiosités et nous n’avons pas été déçus !
Les oiseaux dans la symbolique religieuse, cela demande tout d’abord une lourde recherche bibliographique. Le « de avibus…, 1160 » de Hugues de Foulloy, la « Légende dorée, 1286 » de Jacques de Voragine et surtout le rare et très complet « Bestiaire du Christ, 1941 » de Louis Charbonneau-Lassay sont les ouvrages de base qui ont permis cette présentation.
Pierre Reynaud, avouant ses lacunes théologiques, est resté sur un territoire historico-ornithologique pour présenter chronologiquement les espèces d’oiseaux que l’on retrouvera, représentant des allégories variées de l’Égypte antique à la chrétienté du siècle des lumières.
Le corbeau qui symbolise la tristesse, le malheur, l’impureté, le mensonge possède aussi, suivant les époques et les croyances, des vertus : chasteté, fidélité, amour filial, courage, prudence, intelligence et sociabilité.
La colombe, symbole de paix est associée à la pureté et à l’enfance, à la chasteté, à la fidélité, c’est la messagère et aussi la représentation de l’esprit de Dieu.
Les oiseaux peuplant le panthéon de l’Égypte antique sont inventoriés systématiquement en commençant par le héron, première représentation du phénix et donc symbole de la résurrection mais aussi psychopompe chez les latins et figuration du silence fécond chez les premiers chrétiens.
Le conférencier nous présentera ensuite :
– le fragile ibis chauve qui représente l’akh, le vivant qui a réussi son passage vers l’au-delà ;
– le faucon pèlerin à la fois Horus, Dieu du ciel et de la guerre et Ré, le soleil. Il symbolise l’intégrité, la santé, la fécondité et la clairvoyance.
– L’ibis sacré Thot incarne la parole et l’intelligence divine. C’est le dieu de la Lune, des guérisseurs, des scribes (inventeur de l’écriture et du langage). C’est le maître de tous les arts, de la science, des nombres et des signes.
– L’oie dont le cri puissant et agressif a une capacité créatrice est associée au dieu Amon.
– Le vautour nourricier Nekhebet, symbole de la déesse Mout, consacré de la maternité, à l’abnégation paternelle et maternelle. Son aura va brutalement changer à partir des travaux du Didascalée (IIème siècle ap JC), il représentera alors la gloutonnerie, la couardise ; c’est le pélican qui reprend plus ou moins bien sa place d’oiseau se sacrifiant pour que survive sa progéniture.
Au début de l’ère chrétienne vont émerger de nouvelles espèces au fort pouvoir symbolique.
– L’aigle royal, symbole de vie, de pérennité, de conscience spirituelle, de la lutte contre le mal.
– La perdrix, le paon, la pintade, symboles de résurrection.
– Le pigeon ramier symbole de la douceur et de l’espoir. On les retrouve sur de nombreuses tombes romaines et byzantines.
– Le chardonneret, le rouge-gorge, le roitelet, la pie grièche, le courlis, l’hirondelle, la bécasse sont associés à des symboliques du Nouveau Testament.
– L’alouette est le symbole de la joie, de la franchise.
– La grue cendrée ceux de la vigilance et de la loyauté.
– La cigogne blanche : c’est la tendresse maternelle, la piété filiale.
– L’autruche représente l’emblème de l’homme sage et juste, du retour au devoir maternel donc aux devoirs religieux.
– Le cygne apporte chaleur, lumière, fécondité, joie, c’est aussi l’oiseau qui pond et couve l’œuf du monde.
– Enfin le coq du clocher, c’est le maître qui donne l’exemple, c’est le Christ combattant, protégeant l’église.
Chaque diapositive est illustrée par une riche iconographie personnelle provenant de sites proches comme la collégiale de Six-Fours, l’archevêché de Die, de plus loin : le Dodécanèse ou les icones chypriotes ou encore de lieux que nous sommes incités à découvrir comme les chapelles de Saint Jeannet et de Blieux dans le Verdon, le musée égyptologique de Turin.
Pour finir, une vision du chœur de Notre-Dame-de-la-Garde, présentant sa splendide mosaïque aux milles oiseaux nous montre que la gent ailée est indispensable à l ‘élévation de l’esprit.
Un grand merci à Pierre Reynaud pour cette excellente prestation !
Nous attendons sa prochaine conférence avec impatience 🙂