Atelier d’analyse de pelotes de réjection de rapaces
lundi 23 février 2015
avec : Camille, David, Marc, Lucas et bien sûr Damien, notre prof
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Aujourd’hui, nous triturons, nous disséquons, nous pitrognons
car Damien anime l’atelier pelotes de réjection organisé par le Parc National des Écrins (secteur Embrunais).
Il nous enseigne d’abord quelques généralités :
Il ne faut pas confondre une pelote (ronde ou ovale, compacte, enrobée de poils… et des crottes, longues et terminées en pointes pour les carnassiers.
Une pelote a baigné dans un milieu acide — ph 4 ou 5 — et est donc « relativement » saine et peut être manipulée sans beaucoup de risques, ce qui n’est pas le cas des crottes.
Un crâne comportant une crête sagittale, vestige des dinosaures, est toujours un crâne de blaireau, en France.
Cette crête explique que le blaireau ne craint pas les coups sur le crâne et que pour le tuer il faille s’y prendre autrement (coup sur la mâchoire, par exemple, ce qui n’a rien de très aimable). Voilà, c’était le petit détail morbide.
Le renard a un crâne avec un reste de crête sagittale mais elle très peu marquée.
L’étude des crânes de mammifères et en particuliers des micro-mammifères repose surtout, et presque exclusivement sur la dentition.
Il faut donc connaître le nom des dents (tous à vos cahiers de révision) : les incisives, les canines, les molaires et les pré-molaires. On les note chacune à partir de haut avec l’indication «i» (inférieure) ou «s» (supérieure.
Si on retrouve la présence de canines, c’est un carnivore ou un omnivore.
Si, à la place des canines et prémolaires on voit une barre osseuse, il s’agit d’un rongeur.
La surface de broyage des molaires des rongeurs est plate et en forme de triangles juxtaposés, vues de dessus, et n’a pas de racines.
Celle des molaires des carnivores et omnivores est faites de tubercules et a des racines (en nombre variable).
Les verres devant nous, c’est pas l’apéro. On y fait tremper les pelotes dans de l’eau pour les ramollir et pouvoir les disséquer plus facilement. Ça te me vous dégage une odeur ! Faut vraiment être un très grand scientifique pour ne pas abandonner et partir à la pêche ou au scrabble.
Puis on sort la pelote et on l’inspecte avec des pinces à disséquer. On en dégage les parties du crâne : crâne lui-même avec son maxillaire supérieur et les maxillaires inférieurs. Le reste des petits os est inutile pour l’identification.
Regardez, je vous montre :
Pour bien faire : quand tu trouves un morceau de crâne, rassemble tout ce qui est autour car ça appartient à la même pauvre proie. Il faut essayer de rassembler chaque crâne avec son maxillaire inférieur, car l’oiseau, le gourmand, peut ingurgiter plusieurs proies différentes.
Nettoie tant que tu peux, à la brosse à dents s’il le faut.
Quand tu as fini, tu examines la dentition à la binoculaire (les cyclopes, je ne sais pas comment il font), et tu sais donc s’il s’agit d’un carnivore, comme une musaraigne par exemple ou à un rongeur, comme un mulot, par Jupiter. Tu entres alors dans la clé dichotomique qui va bien (t’as qu’à demander les références à Damien). Dans cette clé, on te demande, à différentes étapes, la forme des molaires, le nombre de racines s’il y en a, la dimension du crâne, la forme de l’extrémité des incisives, leur couleur même, parfois… Quand les molaires sont parties, et que la petit souris n’est pas passée, et qu’il s’agit d’un rongeur (c’est-à-dire ayant des molaires à tubercules), on voit les trous des racines, il faut les compter. Si tu ne sais pas compter, demande à ton voisin, il te les comptera (si il sait).
À la fin de notre atelier, on aura finalement identifié — seulement dans des pelotes de réjection d’effraie des clocher :
– Apodemus sp. (mulot) ;
– Microtus arvalis (campagnol des champs) ;
– complexe musaraigne carrelet (Sorex araneus) / musaraigne couronnée (Sorex coronatus) : on ne peut pas les différencier sans l’aide de la génétique, on parle alors de complexe carrelet / couronnée ;
– Sorex hoyi (musaraigne pygmée) (détection par sa taille) :
– Microtus duodecimcostatus (campagnol provençal).
À quoi sert d’identifier les micro-mammifères contenus dans les pelotes ?
Et ben ! Facile : ça permet de savoir quels sont les micro-mammifères présents dans un secteur, d’en faire un inventaire (absence / présence). Ça permet aussi de connaître les régimes alimentaires des rapaces. Tel oiseaux mange beaucoup de telle proie, rarement de telle autre, jamais d’une autre encore… D’une pierre, deux coups, donc.
Pour conclure : cette partie d’osselets : un excellent emploi du temps pour l’hiver. À refaire. Merci Damien-Le-Parc.