LA PROBLEMATIQUE DES CANARDS EVADES DE CAPTIVITE
Samedi 20/2/2021, Katherine, du groupe local de Toulon de la LPO-PACA, et moi-même avons observé au parc des Oiseaux, à Toulon, deux fuligules mâles en volière dont les espèces existent à l’état naturel en France.
En noir et blanc, voici le Fuligule morillon (Aythya fuligula). Notez la bague.
L’autre oiseau est un Fuligule nyroca (Aythya nyroca) :
Ces espèces sont courantes en captivité et bon marché.
Le problème est que des individus captifs semblables, s’ils s’évadent, seront identifiés comme des oiseaux présents naturellement si observés hors de leur parc ou propriété d’origine.
Il y a eu le cas à Hyères, en octobre 2019, d’une Sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris) non baguée vue sur le fleuve Roubaud et dont le propriétaire a pu être identifié.
Pour cette dernière, c’est assez embêtant, car l’espèce peut être présente naturellement en France, mais assez rarement.
Il y a risque de confusion entre individu naturel rare et oiseau évadé de captivité.
Il y a aussi eu cette année le cas de deux Sarcelles d’hiver (Anas crecca) mâle et femelle très peu craintives vues au Plan de La Garde.
Elles faisaient penser à deux individus évadés de captivité, car l’espèce est d’habitude très farouche, et l’espèce est élevée, notamment pour produire des oiseaux appelants pour la chasse.
Il faut toujours savoir garder un petit bémol sur l’identification d’une espèce de fuligule, et de canard en général.
Les mâles adultes posent le moins de problèmes. Par contre les mâles en éclipse (plumage camouflé de type femelle lors de la mue des plumes de vol en été), les immatures et les femelles peuvent poser des difficultés.
Il faut être attentif avec les canards, et savoir penser à la possibilité d’avoir affaire à un oiseau évadé de captivité.
Chaque donnée doit être bien évaluée si on veut savoir si l’individu observé est naturel ou évadé, et certains indices peuvent nous y aider.
Une espèce « exotique » a plus de chances d’être évadée, mais ça peut aussi être le cas d’espèces communes !
Et il existe des observations rares d’espèces venues naturellement d’autres régions bio-géographiques que la notre.
La présence d’une bague à la patte peut aider, le type de bague pouvant indiquer si on a affaire à un oiseau captif ou à un oiseau naturel bagué par un programme scientifique.
Si l’oiseau n’est pas du tout farouche, c’est un indice fort de captif évadé, cf. la Sarcelle marbrée du Roubaud qui, soit dit en passant, ne portait pas de bague.
Comme si le problème des évadés ne suffisait pas, il y a aussi celui de l’hybridation, qui est plus courante chez les oiseaux captifs.
Mais elle est assez courante en nature aussi !
De plus, il y a différents types d’hybridations : croisements entre espèces différentes et rétro-croisements entre une espèce et un hybride par exemple.
Certains cas peuvent donc être irrésolubles.
Pour le Fuligule nyroca, « en Europe de l’Ouest, les hybrides [lui] ressemblant sont plus fréquents qu’il ne l’est lui-même » (cf référence en fin d’article).
La « problématique des canards » est bien réelle et pas négligeable !
Mais il ne faut pas se décourager pour autant.
Pour bien se documenter sur la famille des Anatidés (canards, oies, cygnes), je recommande l’ouvrage de référence « Canards cygnes et oies d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord », de Sébastien Reeber, édité par Delachaux et Niestlé (2015).
Pour chaque espèce il y a un paragraphe sur les hybridations et un sur la captivité.
Je tire de cet ouvrage beaucoup d’informations de cet article.
Olivier Reisinger