Une conférence des plus intéressantes, présentée par Pierre Reynaud, docteur ès sciences, le 1er Février 2017 et dont le thème a attiré une assistance nombreuse ce soir-là, au centre Peiresc à Toulon (une cinquantaine de personnes) 😆
Le conférencier, ornithologue de terrain, a, à travers l’agrandissement de ses jumelles 10×42, repéré dans cinquante-cinq fables et trois contes de Jean de La Fontaine la présence d’un ou de plusieurs oiseaux. Il s’est approché doucement et il a essayé de comprendre pourquoi le poète les a fait voler sous sa plume.
Après une introduction expliquant les sources d’inspiration de La Fontaine, à la fois dans sa vie et dans ses lectures, la présentation des fables s’est articulée autour de trois grands groupes biologiques : les rapaces, les oiseaux de la basse-cour et les oiseaux des champs.
Que ce soit sous forme de métaphores, pour un effet anthropomorphique ou simplement au travers d’une observation naturaliste, le poète peut donner au même volatile des attitudes très différentes. L’aigle, par exemple, considéré généralement comme le roi des oiseaux (et le roi de France), a des comportements assez curieux : il peut être totalement stupide ou sans pitié. Le corbeau, qui est le plus souvent d’une bêtise sans égale, peut se révéler un bon compagnon, industrieux et prévenant ; on pourrait souvent confondre les actions de l’autour et du vautour. Le coche est bien suffisant mais le vieux coq lui, arrive même à ruser avec le renard…
Les cinquante-huit poèmes ont défilé à vive allure, éclairant soit une expression comme « le col changeant » des pigeons qui correspond au miroitement métallique autour du cou des columbidés d’élevage, soit une longue explication sur la biologie comparée de l’aigle et de l’escarbot (nom donné à plusieurs coléoptères), soit un conte mythologique qui mettra en lumière le contenu plutôt abscons de plusieurs fables…
Comme l’a souligné le présentateur, il lui était impossible de nous lire tous les morceaux qu’il avait sélectionnés. Aussi, a-t-il pris la peine de rédiger un livret (« Les oiseaux de La Fontaine », en vente sur lulu.com) comprenant l’intégralité des 58 œuvres avec pour chacune quelques considérations d’ordre ornithologique.
Les spectateurs ont avoué que, malgré ce qu’ils croyaient au début de la conférence, ils ne connaissaient plus beaucoup de fables, que cette remise à niveau n’ayant rien à voir avec l’école primaire (quelques expressions y auraient été censurées pour leur cruauté ou leur libertinage) était une redécouverte du célèbre fabuliste.