Catégories
LES MARTINETS ET LE BATI

RECENSER LES SITES DE NIDIFICATION DES MARTINETS

UNE ETAPE INCONTOURNABLE POUR LEUR CONSERVATION DANS LES TRAVAUX

La connaissance des exigences des Martinets pour leur site de nidification est une condition préalable à leur conservation et à la création de nouveaux sites.

Après 7 années consécutives de recensement des sites de nidification de Martinets à Toulon, après en avoir localisé plus de 1800 (noirs et pâles), avoir pris les photos des bâtiments concernés, dans tous les quartiers du centre ancien et même alentour, voici quelques conseils de base utiles pour mettre en oeuvre un recensement :

1/ Savoir reconnaître les 3 espèces de Martinets présentes en PACA.

2/ Leur mode de vie.

3/ Ou nichent les Martinets.

4/ La période de reproduction.

5/ Les menaces.

6/ Le statut juridique.

7/ Comment recenser les nids ?

1/ LES 3 ESPECES PRESENTES EN PACA.

· Le Martinet noir (Apus apus). (42 grammes)

C’est le plus commun.

Il est présent dans toute l’Europe jusqu’à la Scandinavie.

Une seule ponte en mai.

Départ des adultes et des juvéniles fin juillet.

· Le Martinet pâle (Apus pallidus). (42 grammes)

Il est plus rare, tout du moins, en France.

On le trouve essentiellement sur le littoral méditerranéen mais pas que… quelques colonies connues et suivies dans le Sud-Ouest : Biarritz, Toulouse et Albi.

Nouveau : En juillet 2022, des nidifications de Martinets pâles ont été observées en Suisse (Genève et Brigue), c’est une première (qui bouscule les idées reçues) !

►Pour la France, les plus grosses colonies de Martinets pâles se trouvent en Corse (Bastia…)

►Pour la région PACA, c’est certainement à Toulon que les colonies sont les plus importantes, en particulier sur les sites militaires de l’Arsenal principal (400 nids), de l’Arsenal du Mourillon (60 nids), du Pôle Ecole Militaire de St Mandrier (400 nids) ainsi qu’à la Cité administrative des Lices du quartier MONTETY (150 nids mixtes Noirs et Pâles).

DIFFERENCES ENTRE LE MARTINET PALE ET LE MARTINET NOIR 

Le Martinet pâle a un plumage plus clair, des hanches plus larges et un cri plus râpeux.

Le Martinet noir n’a qu’une ponte, le Martinet pâle a 2 pontes : la première mi-mai et la seconde mi-août.

Le départ des adultes et des juvéniles Pallidus se situe vers la fin septembre/début octobre.

· Le Martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba) (90 grammes)

Son ventre et sa gorge sont immaculées et séparés par un collier brun.

Bien que plutôt rupestre, le Martinet à ventre blanc ne boude pas le milieu urbain.

On dénombre, par exemple, plus de 800 nids à St Etienne, près de 400 à Lyon, une soixantaine à Mulhouse, dans le vieux bâti des centres villes.

Il n’y a pas eu de recensement en PACA, donc pas d’infos.

Une seule ponte pour le Martinet à ventre blanc mais une présence au nid relativement longue (environ 57 jours);

2/ MODE DE VIE :

Le Martinet est une machine à voler parfaite.

Il trouve dans le ciel tout ce sont il a besoin pour vivre.

Manger, boire, faire sa toilette, dormir, s’accoupler, tout cela en volant.

Aucun oiseau dans le monde ne passe autant de temps en l’air.

Et, c’est vers 3 ans, arrivant à maturité sexuelle, que les Martinets seront bien obligés de mettre « pattes à terre », trouver un endroit pour nidifier.

DU STADE DU JUVENILE A CELUI D’ADULTE REPRODUCTEUR, LE MARTINET PASSE PAR PLUSIEURS ETAPES et DES COMPORTEMENTS DIFFERENTS :

LE JUVENILE.

C’est le jeune Martinet qui vient de quitter son nid.

Son plumage se différencie de celui des adultes par un large front blanc et des liserés blancs sur les bords des plumes.

LES IMMATURES EFFLEUREURS.

Après un 1er hiver en Afrique, c’est généralement vers la mi-juin que les immatures-effleureurs reviennent vers leurs colonies de naissance ; en escadrilles sonores, ils viennent incessamment frôler les orifices des nids sans jamais y entrer.

LES PRE-NICHEURS ou PROSPECTEURS.

Après les 2ème et 3ème années d’hivernage, une portion de la population de Martinets se trouve dans une situation hormonale d’adolescence. Le temps est venu de repérer une cavité « exploitable » voire de trouver un ou une partenaire.

Les « prospecteurs » ou « bangers » s’accrochent aux bords des cavités, hésitent un long moment avant de tenter une incursion. Malheur si le trou est déjà occupé ! car cela peut se terminer par des bagarres sanglantes.

Les pré-nicheurs quittent la colonie assez tôt dans la saison pour rejoindre leurs quartiers d’hiver.

L’année suivante, ils reviendront, alors JEUNES NICHEURS, directement dans la cavité sélectionnée.

LES ADULTES REPRODUCTEURS.

Se sont les premiers à revenir d’Afrique en mars/avril.

Ils sont fidèles à leurs sites de nidification et ils y reviennent chaque année.

3/ OU NICHENT LES MARTINETS

De tout temps, les Martinets ont trouvé dans la maçonnerie et les toits de nos constructions, toutes sortes de trous propices à l’installation de leurs nids :

● sous les dessous de toits ou de corniches, sous les dessous de tuiles faîtières,…

● à l’arrière des gouttières.

Photo sos martinets Amboise

● dans les caissons des volets roulants.

● dans les trous de boulin, les trous d’aération qui ne sont pas grillagés.

●Dans les remparts des châteaux, les murailles de monuments historiques, les églises, sous les ponts, les aqueducs, …

Pour info, 2000 sites de nidification de Martinets noirs sont recensés et suivis dans l’aqueduc de Ségovie !

La liste n’est pas exhaustive.

LE NID est sommaire.

Situé dans un coin obscur, il est constitué de matériaux légers attrapés en vol : plumes, feuilles, brindilles, mélangés à de la salive pour façonner une coupelle (12 cm).

Les Martinets pondent entre 1 et 3 œufs qu’ils couvent durant une vingtaine de jours.

Le nid du Martinet noir est situé dans un coin sombre.
Coupelle environ 12 cm/ oeuf blanc lisse (3 gr environ)

La présence d’un nid se constate :

→ par les entrées/sorties de Martinets du même trou d’envol.

→par la présence d’une petite coulure à l’extérieur d’un trou d’aération, de boulin ou toute autre fissure.

→par la présence de fientes solides sur les margelles de fenêtres (dans le cas de nidification dans les caissons de volets roulants, par ex) ou au sol.

Les fientes de Martinets sont facilement reconnaissables, rien à voir avec les fientes molles des autres oiseaux (pigeons ou moineaux, par exemple).

Les fientes « solides » ou crottes sont gainées de blanc à l’extérieur.

Leur forme est généralement cylindrique, pas forcément droites, elles peuvent être plus ou moins recourbées, parfois aussi écrasées sur elles-mêmes selon la manière dont elles sont tombées.

L’intérieur, lorsqu’on l’écrase du bout du pied, révèle des débris d’insectes non assimilés.

4/ PERIODE DE REPRODUCTION

Elle correspond à la période où les Martinets sont sous-locataires de notre bâti :

5/ LES MENACES.

Bien que protégées par la loi, le déclin des populations nicheuses est alarmant : – environ – 50 % en quelques décennies.

LES CAUSES PRINCIPALES :

Le déclin de ses ressources alimentaires.

Le Martinet étant un insectivore strict, il est directement impacté par l’effondrement des populations d’insectes, dû à l’emploi massif des insecticides.

• La disparition de ses habitats.

Les travaux du BTP : les démolitions, les ravalements, les changements de toitures, et maintenant l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) massive du parc immobilier, conduisent à la suppression rapide de toutes les cavités ou trous utilisés par les Martinets.

De plus, le béton, le métal ou le verre n’offrent pas le moindre accès à une cavité favorable aux Martinets.

6/ STATUT JURIDIQUE

En France, les Martinets (comme les Hirondelles) font partie des espèces intégralement protégées par la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature codifiée aux articles L411-1 et suivants du Code de l’environnement et de l’arrêté ministériel du 29/10/2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire.

Tout manquement à ces textes est un délit qui peut être sanctionné (jusqu’à 150 000 euros et/ou une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 2 ans (art. L 415-3 du Code de l’environnement).

7/ LE RECENSEMENT, UN OUTIL INDISPENSABLE.

Comme les nids ne sont pas visibles de l’extérieur, les recensements ne peuvent se faire que durant la période de présence des migrateurs.

Les Martinets sont souvent les GRANDS OUBLIES des études diagnostic !

Les recensements sont chronophages,

Compter plusieurs soirées pour quelques rues.

LES DATES :

Mieux vaut attendre le début juin (A Toulon, on commence le 7 juin, date de la « Journée Mondiale des Martinets »).

Début juin, les nourrissages des petits s’intensifient et les allers/retours au nid sont plus fréquents.

Fin des recensements au départ des oiseaux, fin juillet (pour les Martinets noirs).

LES HORAIRES :

De préférence, tôt le matin, entre 6h30 et 8h et le soir, à partir de 20h jusqu’au coucher du soleil.

Les parents passent la nuit avec leurs couvées, et, à la tombée de la nuit, c’est souvent de la folie, les Martinets comme des petites bombes surgissant de nulle part, rejoignent leur nid à plus de 50 km/h.

Ne pas quitter les façades des yeux, et être à l’écoute, souvent le Martinet pousse un cri strident caractéristique à l’approche de son nid. Quelquefois, on entend même les cris des petits qui appellent.

Généralement, un trou correspond à un nid. Mais il peut arriver que 2 nids soient accessibles par le même trou. C’est assez rare. Il faut donc observer le nombre de Martinets entrant et/ou sortant.

LE PLAN CADASTRAL :

A se procurer auprès de la Mairie.

(Il est aussi en ligne sur les sites des villes)

Le plan cadastral est indispensable pour localiser un bâtiment.

PHOTOGTAPHIES :

Indispensables également les photos des bâtiments avec la situation exacte des sites de nidification.

Date, n° de la rue, n° cadastral, localisation du nid.

Pour être complet un recensement doit comporter :

L’année, la rue, le numéro de la rue, le nombre de nids, leurs localisation, le numéro cadastral (et une photo).

Tous ces éléments sont à inscrire dans un tableau Excel qui sera mis à jour tous les ans.

Une fois que tous ces éléments sont réunis : Se rapprocher de la mairie et des services concernés, des entreprises, des architectes…  afin que les visiteurs de l’été retrouvent chaque année leur cavité, ou des nichoirs, à leur retour d’Afrique.

Ceci est un premier tome dédié au RECENSEMENT DES NIDS.

A paraître prochainement, un second tome, « COMMENT INTEGRER LES MARTINETS DANS LES TRAVAUX DU BTP » un document « Mode d’emploi » à destination du secteur professionnel.

Et n’oubliez pas que :

Le Martinet fait partie de notre cadre de vie. Ses escadrilles sonores joyeuses animent nos étés. Ce n’est pas pour rien que dans pratiquement TOUS les films on éntend ses cris (le bonheur des belles soirées d’été)

Sa présence est discrète, pas de salissures sur les murs. Comme vous le savez maintenant, il est difficile de localiser ses nids en dehors de leur présence.

Il nous rend un énorme service (gratuit !). Insectivore strict, c’est le meilleur des insecticides naturels. Un couple ramène environ 20 000 insectes par jour à sa couvée !

Katherine Dubourg

6 réponses sur « RECENSER LES SITES DE NIDIFICATION DES MARTINETS »

Bonjour,
très riche documentation, bon tour d’horizon de ce qui peut être rencontré et vu !
Bon ! … exemple à suivre …. à votre tour !!!
(ne pas oublier un petit siège pliant)
Colette
« La petite fée des Martinets »

Super-travail Katherine !
Pour les photos, celles de Google StreetView conviennent aussi,
pour le cadastre, on peut aussi utiliser Géoportail en choisissant « plan IGN », plus on zoome plus c’est précis : d’abord les noms des rues puis les numéros et enfin les numéros des parcelles cadastrales. C’est précis et l’appli se charge facilement, pour ma part elle est toujours ouverte quand je prospecte !

Bravo et merci pour ce document très utile pour diffuser connaissances et l’expertise! Plus on est de recenseurs de martinets mieux on les protège!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *