Le 15 septembre 2013
Mais qu’est-ce que cet endroit a de si particulier pour attirer autant les ornithos Briançonnais ? Mystère. Néanmoins, là-bas, « il est certain qu’on voie quelque chose ! », dixit si bien l’organisatrice de cette sortie.
Nous étions deux ce dimanche, toujours les deux mêmes. Malgré un temps peu engageant et une couverture nuageuse basse, nous sommes partis non pas vers le lac de Siguret à Saint-André d’Embrun comme il était prévu, mais vers un lieu que nous connaissons bien et que nous adorons : l’aérodrome de Saint-Crépin. Les absents (et ils étaient nombreux !) devraient regretter d’être restés au lit car nous avons vu 38 espèces, ce qui est plutôt pas mal pour la saison, et pas des moindres.
Arrivés sur place, on se gare sur le parking, en rive droite de la Durance et le spectacle commence instantanément. Nous sommes survolés par 1 Héron cendré.
Le coin où nous avons fait le plus d’observations est la route qui longe l’aérodrome, entre le carrefour et les Achards. Malgré un temps mi-figue mi-raisin, nous avons bravé le froid et la pluie pour récolter une sympathique liste d’espèces.
Une cinquantaine de Corneilles noires se nourrissent dans les champs en pente sous le hameau. Il est temps de chercher une des spécialités locales ! Une Corneille hybride noire x mantelée est rapidement repérée dans le groupe, suivie quelques minutes plus tard par une magnifique Corneille mantelée, pure, qui se laissera superbement et longuement observer et digiscopier, posée sur un poteau électrique. C’est peut-être un corvidé, mais n’empêche qu’il est magnifique ! Alors que j’observe quelques Corneilles posées sur la route, dont l’hybride, qui essaie tant bien que mal de casser une noix en la laissant tomber sur le bitume, un oiseau s’envole d’un grand arbre : Une Huppe fasciée ! Et un Pic vert.
Parmi les corneilles se nourrissent 24 Pigeons ramiers, constitués d’environ 2/3 de juvéniles. Sans oublier les Choucas des tours, très présents aujourd’hui. Nous avons estimé 150 individus, mais vu la ressource alimentaire disponible dans les champs à cette période, ce n’est pas vraiment étonnant…
Dans un buisson, vers l’abribus, nous observons 4 Bruants jaunes et 8 Moineaux soulcies ensemble, ainsi que 5 Pies bavardes, 1 ♀ de Rougequeue à front blanc et une bonne dizaine de Gobemouches noirs. Et 2 Geais des chênes, et 1 Mésange noire au bord de la Durance.
Depuis la route qui longe l’aérodrome, nous avons vu 3 Canards colverts en vol, mais sur les champs de luzerne, c’étaient 6 Traquets motteux et 14 Tariers des prés qui dansaient sous les gouttes. Nous avons entendu les derniers Pipits des arbres et observé une troupe mixte d’adultes et de jeunes Chardonnerets élégants.
Mais le meilleur du jour, c’est sans aucun doute le nombre de Bergeronnettes printanières et l’étonnante diversité en sous-espèces. Les Bergeronnettes grises étaient certes majoritaires (une soixantaine), mais les motfla étaient facilement une bonne trentaine. Tout ce beau monde se nourrissait dans les champs fraîchement fauchés.
Parmi ces bergeronnettes donc, nous identifions :
– 3 Bergeronnettes printanières flava (mâles en nuptial)
– 2 Bergeronnettes nordiques thunbergi (mâles en nuptial)
– 1 Bergeronnette d’Italie cinereocapilla (mâle en nuptial).
Et sur le bord de la route, un nouvel oiseau se pose : une belle observation à faible distance et quelques photos viennent confirmer une rare sous-espèce, une Bergeronnette flavéole flavissima !
A noter que nous avons également photographié un oiseau atypique, probablement intermédiaire flava x iberiae (pâle) ou, plus probablement, une variante de flava plus pâle.
Nous avons passé plus d’une heure à observer ces passionnantes bergeronnettes printanières. D’ailleurs, à un moment, je vois une forme sombre passer derrière notre dos. Je me retourne et pousse un cri d’admiration : « un faucon hobereau ! ». En effet, ce noble seigneur a daigné de faire une halte post-nuptiale par nos contrées éloignées. Nous l’avons vu raser les mottes pour tenter de surprendre les bergeronnettes grises qui se sont envolées juste à temps ! Ensuite, dépité, l’oiseau est allé vers le Sud, en espérant faire la rencontre d’oiseaux plus distraits ou plus bêtes que les nôtres. Dans tous les cas, c’est une observation intéressante ! Preuve que la Vallée de la Durance n’est finalement pas si nulle que ça pour la migration…
Aux Achards, pas plus de Moineaux friquets que de cheveu sur la tête à Mathieu, mais une Pie-grièche écorcheur juvénile.
Nous sommes allés pique-niquer au plan d’eau d’Eygliers. Si ce n’est une jolie troupe d’environ 25 Moineaux soulcies, 3 Bergeronnettes des ruisseaux, 2 Mésange charbonnière, quelques Gobemouches noirs et 1 Sittelle, il n’y a pas foule. Et pas de friquets non plus. Nous sommes donc repartis à Saint-Crépin, où nous voulions manger au bord du lac, sur les tables de pique-nique. Celui-ci est tombé à l’eau (et je pèse mes mots), et nous avons mangé dans la voiture, à l’abri des gouttes.
Une petite éclaircie en début d’après-midi nous a permis quelques observations supplémentaires de bergeronnettes printanières, 1 Buse variable…
Il convient également que le passage d’Hirondelles fuyant le mauvais temps était ininterrompu jusqu’à notre départ, vers 13h. Nous avons estimé plusieurs milliers d’Hirondelles de rochers, accompagnées peut-être par des hirondelles de rivage mais certainement par 6 Hirondelles rustiques et une dizaines d’Hirondelles de fenêtre. Le flot était continu et les oiseaux arrivaient par vagues successives de plusieurs dizaines d’individus.
Encore une fois, je remercie Valérie, et j’adresse mes plus sincères regrets aux personnes qui étaient aux abonnés absents aujourd’hui. Ils n’auraient pas dû rester au lit.