Vautour fauve © Jean-Marie RossiLe Vautour fauve (Gyps fulvus) se reconnaît à son long cou recouvert d’un fin duvet, à sa collerette blanche, et à son plumage fauve. Son bec recourbé et ses serres nous rappellent qu’il est un rapace. Son envergure imposante de 2,5 à 2,8 mètres en fait l’un des plus grands rapaces d’Europe. Malgré sa taille c’est un oiseau incapable de capturer une proie vivante. Son poids (8 à 10 kg) ne lui permet pas de se déplacer en vol battu très longtemps. Oiseau planeur par excellence, il se laisse porter par les masses d’air en mouvement pour s’élever en spirale et sans effort à plusieurs centaines de mètres au-dessus du relief, et parcourir ainsi de grandes distances. Il profite ainsi des ascendances thermiques produites par le réchauffement solaire du sol et des falaises. Mais il sait aussi se servir des courants de pente crées par le vent qui bute contre le relief et que les rapaces empruntent en longeant la crête.

Ces oiseaux nichent uniquement en falaise. Ce sont des rapaces rupestres qui utilisent aussi cet habitat pour le repos diurne et nocturne. Grégaires, ils vivent en groupe au sein d'une colonie comptant parfois plusieurs centaines d'individus. Ce mode de vie leur facilite la recherche de nourriture lors des déplacements. Lorsque l’un d’eux repère une carcasse, il s’en approche, indiquant par là même aux autres vautours la présence de nourriture. Ainsi, en quelques minutes, la colonie complète est prête à commencer la curée. Après leur passage, seuls resteront les os et la peau. Les vautours pourront alors jeûner plusieurs jours consécutifs.

 

Une fois formés, les couples évoluent dans les airs pour de superbes parades nuptiales en vol en tandem. Ces manifestations aériennes se déroulent en automne et la saison de nidification commence dès le début de l'hiver. L'œuf est pondu fin janvier, dans une aire construite dans la cavité d'une paroi rocheuse.
Pendant environ 53 jours, le mâle et la femelle vont se relayer pour couver. L'œuf éclot le plus souvent de fin février à fin avril. Le poussin grandit alors rapidement grâce à la nourriture apportée par les deux adultes.
Quatre mois après l'éclosion, il est de la taille de l'adulte, prêt au premier vol. A l'âge de 4 ou 5 ans, il pourra se reproduire à son tour.

Poussin de Vautour fauve au nid © Sylvain HenriquetDans le Verdon, les premières reproductions ont eu lieu en 2002. Cinq couples se forment, se cantonnent et pondent entre le 19 février et le 27 mars. L'inexpérience de ces jeunes adultes (nés en 1996 ou 1997) ou la prédation par le Grand corbeau entraînent 2 échecs à l'incubation. Les poussins éclosent entre le 8 et le 20 mai. Après avoir été bagués au nid, Grifoun, Vooutour et Tamisié s'envolent respectivement le 28 août, les 6 et 15 septembre. L'envol de ces poussins marque le retour de l'espèce depuis près d'un siècle dans la région, l'émergence d'une nouvelle colonie dans les Alpes françaises après celle des Baronnies et la bonne voie de réussite du programme de réintroduction du Verdon. Début 2003, 9 ou 10 couples se forment. Les 8 pontes sont déposées dans l'ensemble plus tôt qu'en 2002, la plupart en février à l'exception d'une début avril. Malgré 2 échecs, 5 poussins ont éclos et 4 ont pris leur envol (un est tombé du nid à l'âge de deux mois).

Le nombre de couples augmente nettement et régulièrement d’une année sur l’autre. Cela est lié au rythme annuel des lâchers d’oiseaux subadultes. Quand ils deviennent sexuellement matures, en général à 4 ans, les vautours forment des couples qui viennent accroître la colonie nicheuse. A partir de 2007, l’augmentation du nombre de couples nicheurs se base sur les vautours nés sur place et le recrutement d’oiseaux exogènes.

 

Les vautours fauves sont des oiseaux nécrophages qui ne s’attaquent jamais à des animaux vivants. Leur présence en Europe est entièrement liée à l’Homme et à son activité pastorale. Leur système digestif les met à l'abri de toutes les maladies véhiculées par les cadavres dont ils se nourrissent. Ce sont des agents sanitaires redoutablement efficaces et considérés par les scientifiques comme des "cul de sac" épidémiologiques. Les nombreuses études vétérinaires par analyse des fientes mettent ainsi en évidence la destruction des bactéries et virus dans le système digestif des vautours.

Les vautours du Verdon n'échappent pas à la règle et se nourrissent en grande partie des cadavres ovins et caprins bien présents dans la région. Ça et là, ils profitent d'un chevreuil, d'un chamois ou d'un sanglier.

C'est surtout durant la période d'estive des troupeaux en montagne que la recherche de nourriture est la plus active. Les vautours suivent les transhumants dans le Haut Verdon, le Mercantour, l'arrière pays niçois et jouent ainsi pleinement leur rôle d'éboueurs de la nature.

La phase embryonnaire de ce programme de réintroduction ne permet pas encore d'obtenir l'autonomie alimentaire de la colonie, notamment en période hivernale, mais nous travaillons conjointement avec les éleveurs locaux et les administrations compétentes pour faire avancer ce projet et faire reconnaître les vautours comme équarrisseurs naturels dans le haut et le moyen Verdon.

 

Formidables planeurs ne connaissant aucune frontière, les vautours se baladent seuls ou en groupe sur leur immense territoire. Parfois, les escapades sont plus lointaines et sont souvent le fait de jeunes individus immatures. Les absences peuvent être très longues, mais beaucoup des oiseaux fugueurs reviennent dans leur colonie d'origine pour s'y installer durablement. A l'inverse, des individus d'autres horizons peuvent arriver spontanément et se joindre à la colonie d'accueil.

Les vautours du Verdon ont beaucoup voyagé. La plupart ont visité les sites des Baronnies ou du Vercors, restant quelques jours à plusieurs mois, certains se sont intégrés à la colonie baronniarde et s'y reproduisent. Ces déplacements sont des échanges entre colonies dans une même région, les Alpes du sud, qui sera prochainement un seul et unique domaine vital prospecté en permanence par les vautours.

Par contre, certains vautours libérés à Rougon ont effectué des déplacements erratiques à grandes distances : Corse du sud, Causses, Italie, Autriche, Allemagne, Belgique. Ces voyages ont été fatals pour certains d'entre eux. De plus, un jeune vautour fauve, envolé en 2009 des falaises du Verdon, a été observé au mois de janvier 2010 au Sénégal, alors qu’il participait à une curée sauvage. Cet oiseau n’a pas été vu depuis cette date.

En parallèle, de nombreux individus exogènes ont été observés à Rougon depuis le début des lâchers. Certains oiseaux sont passés une seule journée, d’autres sont restés pendant plusieurs mois. Grâce aux bagues que portent certains vautours, l’origine de l’individu peut être connue et par la même occasion la fréquence de ses déplacements dans un même secteur.

 

Depuis 2003, les observations de groupes de vautours en vol et les témoignages de curées “sauvages” (hors charniers) ont permis de préciser les habitudes des vautours et surtout le domaine vital de la colonie. Nous savons que les vautours fréquentent les Préalpes au printemps et les Alpes internes (Mercantour et Haut Verdon) en été. Leur présence est liée aux mouvements des troupeaux d’ovins, très nombreux dans les prairies d’altitude de juin à octobre. En 2006, des dortoirs ont été mis en évidence sur des falaises à proximité des alpages (P Fontanilles-PNM com. pers.), notamment vers le Mont Mounier (Péone-Valberg, Beuil, Roubion), secteur très fréquenté depuis 2003. En 2007, un suivi réalisé par Vincent Coirié dans le Parc national du Mercantour a permis de récolter de plus amples informations sur les sites dortoirs. Il a ainsi pu obtenir plus d'informations sur les effectifs de vautours fauves fréquentant les sites dortoirs du Mercantour et leurs origines. Le 28 aout 2008, 163 vautours fauves ont ainsi été dénombrés.

Les lectures de bagues réalisées sur les Préalpes de Grasse ou dans le Mercantour confirment l’origine du Verdon mais aussi d’oiseaux exogènes immatures ou adultes (Espagne, Pyrénées, Causses, Drôme). Sur le massif du Mercantour, les observations sont réalisées en majorité par des agents du Parc National et des accompagnateurs en montagne, parfois par des randonneurs.

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