Attendu par beaucoup d’ornithologues, le mois d’avril réserve de belles découvertes, d’oiseaux parfois colorés, rares ou menacés. Fatigué par un long voyage en provenance d’Afrique sahélienne, un petit passereau trottine sur les pistes terreuses des salins. Après avoir gobé un invertébré, il reprend la surveillance de son territoire d’un jour, en se postant en haut d’une tige de roseau. Le rare Traquet oreillard ne fera qu’une courte halte avant de rejoindre rapidement son site de reproduction.
Qui est-il ?
Petit oiseau élancé à la queue assez longue, le Traquet oreillard mesure une quinzaine de centimètres. Le mâle adulte a un plumage très contrasté, avec un masque, une gorge et des ailes entièrement noires, ressortant parfaitement avec la calotte, le manteau, et le haut de la poitrine ocre roux ou le ventre et le bas-ventre blancs. La femelle montre quant à elle, un plumage beaucoup moins spectaculaire, teinté de brun-gris jaunâtre avec une poitrine jaune orangée. Chez les deux sexes, le croupion et la queue blancs sont séparés en deux par une barre noire en forme de « T » inversé.
Posté sur un buisson, le Traquet oreillard aime chasser à l’affût, uniquement les invertébrés comme les araignées mais aussi les insectes comme les coléoptères, les diptères, les orthoptères ou les lépidoptères. Il peut en fin d’été consommer quelques baies.
C’est en mars qu’il refait son apparition, les mâles arrivant sur les territoires avant les femelles pour choisir le meilleur site possible. La femelle construit seule le nid en mai, au sol, sous une pierre ou un buisson dans lequel elle va pondre quatre à six œufs dont elle assure également l’incubation durant deux semaines. Il faut tout autant de jours pour que les jeunes sortent du nid, encore nourris par les deux parents. Les départs vers les sites d’hivernage, situés du sud de la Mauritanie au Nigéria, interviennent en août.
Espèce nicheuse rare en France avec moins de 500 couples, la région PACA, notamment les Alpilles et la Sainte-Baume abrite une quarantaine de couples. Le Traquet oreillard est présent uniquement dans la région biogéographique méditerranéenne avec une limite nordique dans le sud de la Lozère et de la Drôme. Au bord de l’extinction dans de nombreux départements où il était autrefois abondant, il habite les collines et les plateaux où se mêlent garrigues, maquis ras et ouvert, vignobles caillouteux, cultures extensives avec une surface de sol dégagée importante. Ailleurs, on le retrouve de la péninsule ibérique et de l’Afrique du Nord jusqu’au sud du Caucase et du golfe persique où une sous-espèce orientale remplace la race type.
Depuis les années 80, on assiste à un déclin important du Traquet oreillard avec une réduction de son aire de répartition française de l’ordre de 42%. La fermeture des milieux et la disparition de son habitat sont sans doute les principales causes de son déclin.
Pour le voir…
Le littoral varois et ses îles accueillent chaque printemps, de nombreux passereaux migrateurs lors de leurs migrations. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins d’Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Métropole Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire leur connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 14 avril à 09h00 aux salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.