La population française du Râle des genêts a connu une forte diminution depuis les années 1975, chutant de 2400 individus à 200 individus en 2020. Cette espèce classée en danger d’extinction en France est protégée au niveau national. L’espèce bénéficie d’un programme Life+ et d’un Plan National d’Action. En PACA, le Râle des genêts est classé en danger critique d’extinction (Liste rouge IUCN régionale 2020).
Le Râle des genêts (Crex crex) était par le passé une espèce commune en France, largement repartie sur tout le territoire national à l'exception de la frange méditerranéenne. Le déclin du Râle des genêts est un phénomène connu de longue date en Europe de l'Ouest. En France, c'est au milieu du XXème siècle, lors du développement de l'agriculture intensive, que les premiers signes de déclin sont observés (Broyer, 1985; Dubois, 1989). Outre la perte d'habitat (voir p. ex. Broyer, 1996), la diminution du succès de reproduction est suspectée pour expliquer la chute drastique des effectifs. Les données de suivis du Râle des genêts collectées récemment démontrent que l'espèce présente un statut de conservation très défavorable en France, avec des disparitions locales qui ont été constatées sur plusieurs sites encore considérés comme majeurs durant les années 1990 (Figure 1). L'espèce est classée « en danger» (EN) d'extinction sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France (UICN France, 2016).
Au niveau national, les principales populations de râles se concentrent dans les vallées alluviales d'Anjou et du quart Nord-Est du pays (Hennique et al., 2013; Hercé et al., 2023). Cependant, depuis 2020, on note également une présence importante de l'espèce sur des zones de moyenne montagne jusqu'alors peu connues pour être aussi utilisées par le Râle des genêts.
Le Râle des genêts est l'espèce emblématique des prairies de fauches alluviales en période de reproduction. Cependant, en PACA, l'espèce affectionne les prairies de fauche montagnarde entre 1000 et 1500 mètres d'altitude, et les pâturages d'altitude jusqu'à 2000 mètres, avec un record établi en 2024 à 2024 mètres d'altitude au col des Trente Souches sur la commune de Châteauneufd'Entraunes (06). Si par le passé l'espèce, considérée en limite de répartition, était probablement présente dans les prairies alluviales du Rhône, on la retrouve désormais quasiexclusivement dans les secteurs de moyenne montagne des départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes (Flitti et al., 2009). Il est possible que quelques individus nichent également au Nord-Ouest du Var puisque des données récentes attestent de la présence de mâles chanteurs à moins d'un kilomètre de la limite Var/Alpes-de-Haute-Provence. Le dernier autre secteur de nidification favorable connu est la Camargue, qui concentre seulement 12 observations ces 30 dernières années et oü nous ne disposons d'aucune preuve de nidification récente.
En l'absence de recensement protocolé en PACA avant 2021, il est difficile de décrire la tendance démographique de l'espèce dans la région. Les effectifs semblent néanmoins se maintenir à environ une dizaine de couples ces dernières années, peut-être plus, tandis que la population nationale subit un fort déclin. La colonisation récente des secteurs de moyenne montagne par cette espèce pourrait résulter d'un report d'individus nichant à plus basse altitude et faisant face à des périodes de fauche de plus en plus précoces.
Le retour des mâles chanteurs sur les sites de nidification est généralement observé assez tard en région, soit autour de la mi-mai alors que les premiers oiseaux sont détectés en Anjou aux alentours du 10 avril (Dupuy & Sallé, 2022) (Figure 4). Le grand nombre de contacts en juillet s'explique par le regain de l'activité des mâles chanteurs en lien avec la seconde reproduction, qui est systématique chez cette espèce.
Compte tenu des dates d'arrivées relativement tardives des individus observés en région PACA, il est fortement présumé que la population régionale soit essentiellement issue d'individus ayant déjà échoué une première tentative de reproduction et venant se reporter dans des territoires encore favorables à la reproduction, oü la fauche y est plus tardive. Par conséquent, les râles observés en PACA n'effectueraient que la« seconde tentative » de reproduction dans notre région (Dupuy & Sallé, 2022).
Compte-tenu de sa discrétion en dehors de la période reproduction, de sa stratégie de migration nocturne et des faibles effectifs nichant en Europe de l'Ouest, nous disposons de peu d'informations sur la migration postnuptiale. D'après Dupuy & Sallé (2022), la migration postnuptiale débute en août et se poursuit jusqu'à début novembre à l'échelle nationale, avec l'essentiel du passage ayant lieu entre la mi-août et la fin octobre. Les données d'observations en région PACA ne s'étendent pas au-delà de la mi-octobre.
LPO PACA (2024). Déclinaison régionale du Plan National d'Actions Râle des genêts en ProvenceAlpes-
Côte d'Azur. Bilan 2023. Rapport DREAL PACA. Hyères-les-Palmiers: 31 pages.
Menaces pesant sur les populations de Râle des genêts
L’intensification de la gestion des herbages avec une mécanisation accrue et des fauches plus précoces et plus rapides est la principale cause de mortalité de l’espèce. De manière directe, les fauches au moment
critique de la reproduction détruisent les pontes et les couvées et peuvent même affecter les adultes, en mue à cette période. De manière indirecte, les fauches impactent le milieu en générant un manque de disponibilité de nourriture et de zones de quiétude. De plus, lors des fauches, les râles des genêts sont plus susceptibles d’être prédatés puisque de nombreuses espèces opportunistes (Milan noir, busards, corvidés) suivent
les tracteurs en quête de proies brusquement à découvert.
La perte et la dégradation de son habitat par conversion des prairies en culture ou plantation, par reboisement spontané après abandon des prairies ou encore par la pression du développement urbain, ne permettent plus au Râle des genêts de réussir sa reproduction.