Tel un bouchon, une petite masse de duvet brune claire se laisse porter par le courant du canal. Difficile de croire que cette forme est un oiseau, tellement il se camoufle à merveille avec les roseaux jaunis par les premiers froids de l’automne. Aussitôt détecté, le Grèbe castagneux plonge pour se réfugier sous la végétation aquatique, ne laissant bien souvent apparaître qu’une partie de sa tête, où son gros œil, vous épis avec attention...
Qui est-il ?
Avec sa trentaine de centimètres de longueur, et ses 150 grammes, le Grèbe castagneux est le plus petit représentant de sa famille. Trapu, pourvu d’ailes et d’une queue minuscules, d’un bec court mais fort, sa silhouette est assez typique. Comme tous les grèbes, il arbore deux plumages très distincts en fonction des saisons. Un plumage terne et brun en hiver alors qu’au printemps, il arbore des joues, une gorge et l’avant du cou d’un brun-roux splendide, contrastant avec le reste du plumage brun et la tache jaune pâle à la commissure du bec.
La vie du Grèbe castagneux est centrée autour du milieu aquatique notamment des eaux douces dormantes si bien, qu’on le rencontre aisément sur les canaux, les rivières lentes ou les mares. En hiver, il fréquente également les eaux saumâtres. Contrairement à beaucoup d’autres grèbes, il n’est pas exclusivement piscivore, il se nourrit aussi d’insectes et de leurs larves, de mollusques, de larves d’amphibiens ou de crustacés.
Souvent très discret, le Grèbe castagneux ne se signale qu’au printemps, où il émet son chant caractéristique, une sorte de hennissement très sonore, émis en trilles, souvent crescendo puis decrescendo. Les couples sont très territoriaux à la belle saison et ne tolèrent aucun autre congénère, dans un périmètre très restreint, où ils vont parader et construire leur nid. Comme tous les Grèbes, cette espèce niche au bord de l’eau, parmi les joncs et les roseaux de mars à août. Le nid a la particularité d’être flottant, caractéristique parfaitement avantageuse pour contrer les variations des niveaux d’eau. Constitué d’herbes aquatiques, de débris de roseaux, le petit radeau est souvent accroché à un support proche de la berge. Cinq à six œufs de couleur blanchâtre y sont couvés une vingtaine de jours, mâle et femelle se partageant ainsi l'incubation. Les poussins sont nidifuges dès leur éclosion, ils accompagnent leurs parents durant la recherche de nourriture et trouvent bien souvent refuge sur le dos de ces derniers, lorsque le froid gagne ces minuscules boules de duvet. Il faudra trente à quarante jours, avant que les jeunes soient totalement émancipés et indépendants.
Sensible au froid mais surtout au gel des plans d’eau, les Grèbes castagneux sont dans l’obligation de quitter leurs zones de reproduction d’Europe centrale ou nordiques, si bien qu’ils migrent vers le sud, vers des zones plus propices. La France d’ailleurs, accueille chaque hiver entre 8 000 et 10 000 oiseaux.
D’autres menaces pèsent sur ce petit grèbe, telles que la destruction des zones humides, la pollution des eaux, le recalibrage des rivières ou le faucardage estival des étangs.
Pour le voir...
Les zones humides hyéroises accueillent une petite population nicheuse mais aussi de nombreux hivernants. Des sorties nature sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée, sur les salins de Hyères, peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. Les prochaines sorties sont le dimanche 29 novembre à 10h au parking de l’Almanarre et le 2 décembre aux Salins des Pesquiers. Pour plus d’information, consulter le site de la LPO PACA : https://paca.lpo.fr/