Un petit oiseau brun arpente avec insistance la bordure vaseuse des salicornes. A première vue, il pourrait ressembler à une Alouette mais il montre une attitude différente, notamment en hochant la queue et en se faufilant nerveusement comme une souris entre les tiges. Soudain, effrayé par une bourrasque de vent, il s’envole en poussant son cri caractéristique. Aucun doute possible, il s’agit bien du Pipit spioncelle, venu passé l’hiver sous notre climat doux.
Qui est-il ?
Les pipits sont des petits passereaux de taille relativement réduite, optant pour une posture élancée, avec un bec pointu et une longue queue souvent balancée. Il existe 5 espèces en France. Le Spioncelle est l’un des plus gros pipits, proche parent il y a encore quelques dizaines d’années du Pipit maritime, duquel certains auteurs ne le différenciaient pas. Il a la particularité d’arborer deux plumages très différents selon les saisons. En plumage d’hiver, l’espèce est d’une couleur générale brune avec un manteau très peu marqué, il possède un sourcil blanc très net se prolongeant en arrière de l’œil. La poitrine est striée diffusément, le bec noir est long à base jaunâtre et les pattes sont sombres. En plumage nuptial, l’usure des plumes aboutit à une tête grise sur laquelle le sourcil blanc est nettement plus visible, tandis que la poitrine est rosée sans strie. Le cri «vuist» souvent émis isolement est assez similaire à son cousin, le Pipit farlouse, mais sa résonnance métallique le trahis assez souvent.
C’est une espèce que l’on rencontre en hiver à basse altitude sur les labours, les prairies humides, les bords d’étang vaseux et les marais d’eau douce ou salés. Il aime à prospecter les pattes dans l’eau ou dans la vase, à la recherche principalement d’invertébrés. En été, c’est une espèce strictement montagnarde qui fréquente les pelouses alpines des Pyrénées, des Alpes ou du Massif central, entre 1500 et 2500 mètres. Les densités les plus fortes se rencontrent dans les pentes pâturées où l’eau ruisselle. La reproduction se déroule d’avril à juillet. La femelle construit un nid dans un trou de talus ou derrière une grosse pierre, surplombé d’une touffe d’herbes afin de le protéger contre d’éventuelles chutes de neige. Elle y pond quatre ou cinq œufs qu’elle couve durant quinze jours. Il faudra autant de temps et d’intenses nourrissages pour permettre aux jeunes de faire leurs premières sorties hors du nid. Les prairies desséchées par les chaleurs de l’été, sont vite délaissées par les groupes familiaux, au profit des endroits humides. Avec les premières intempéries automnales d’octobre (neige et gel), les oiseaux entreprennent une descente vers les vallées pour regagner, avec fidélité, d’année en année leurs sites d’hivernage, leur offrant nourriture et douceur de vivre.
Pour le voir...
Les Pipits spioncelles sont des hivernants communs sur les zones humides varoises. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour les observer, des sorties nature sur les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le samedi 12 décembre aux Vieux salins. Pour plus d’information, consulter le site de la LPO PACA : https://paca.lpo.fr/