C’est avec les rigueurs de l’hiver que les mouvements de canards sont les plus importants sur les zones humides varoises. Ils se concentrent là où la quiétude, la nourriture sont présentes. Ce matin de janvier, parmi les classiques Canards colverts de l’étang sud des Pesquiers, quelques canards trapus avec une tête rousse sont présents. Ils sont bruyants et émettent régulièrement leurs sifflements caractéristiques. Arrivés depuis quelques semaines de Sibérie centrale, ces Canards siffleurs vont passer la mauvaise saison sur la façade méditerranéenne.
Qui est-il ?
Avec sa cinquantaine de centimètres et ses 700 grammes, le Canard siffleur est un canard de surface très élégant pourvu d’une tête rousse et d’une bande frontale jaune très caractéristique, le corps est gris, la poitrine rosée. La femelle quant à elle, est beaucoup plus cryptique avec son plumage à dominante brun roussâtre ou grise et son ventre blanc. Ce camouflage lui permet d’ailleurs de se dissimuler parfaitement dans les herbes sèches lors de la couvaison. Les deux sexes présentent un petit bec bleu leur permettant de brouter les graminées, les salicornes et les végétaux aquatiques. En effet, il faut environ 120 grammes de matière végétale journalièrement aux Canards siffleurs pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins énergétiques, ce qui implique une longue période de nourrissage d’environ 13 h ! Les massifs de potamots et les herbiers de ruppias ont la préférence de ces canards. Les herbiers de ruppias autrefois absents des salins d’Hyères ont été implantés indirectement par les canards migrateurs, à la fois par les graines emprisonnées dans leur plumage que dans leur tube digestif. Plusieurs bassins sont maintenant très largement colonisés par ses plantes rares, permettant ainsi l’alimentation des canards de surface mais aussi la reproduction ou la nurserie de nombreux poissons et invertébrés. Enfin, ces massifs aquatiques jouent également des rôles plutôt méconnus comme la filtration des eaux ou le ralentissement des courants.
Alors qu’il peut se rencontrer dans des milieux saumâtres en hiver, le Canard siffleur affectionne en été, les eaux douces et peu profondes des étangs dont les rives présentent une végétation arbustive clairsemée. Après s’être formés durant l’hiver, les couples nichent exclusivement dans les pays nordiques jusque dans les zones subarctiques et boréales. Le nid garni de duvet est toujours situé à une grande distance de l’eau. Une dizaine d’œufs est couvée durant 25 jours et les canetons ne seront vraiment autonomes qu’à l’âge d’un mois et demi. La durée de vie du siffleur peut être relativement importante puisque le record est détenu par un oiseau anglais tué à la chasse à l’âge de 35 ans !
Sensibles aux dérangements humains et à la chasse, les effectifs français de Canard siffleur se concentrent dans près de 80% des zones protégées (entre 35 000 et 80 000 oiseau). La dégradation, la disparition des prairies humides et la prolifération des tonnes de chasse ont par exemple réduit de moitié les effectifs d’hivernants en Baie de l’Aiguillon (Vendée) !
Pour le voir...
Les zones humides hyéroises accueillent en fonction de la rudesse des hivers, de 50 à 300 hivernants chaque année. Des sorties nature sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée, sur les salins de Hyères, peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. Deux sorties vous seront proposées : le 29 janvier aux Vieux salins à 08h45 (réservation au 04 94 01 09 77) et le dimanche 31 janvier à 14h au parking de l’Almanarre près du salin des Pesquiers (réservation au 06 80 96 45 78).