Les vasières des salins des Pesquiers sont particulièrement animées en cette matinée de décembre. Des dizaines de silhouettes blanches et grises aux mouvements mécaniques fouillent la vase avec nervosité. Soudain, c’est l’envol général, les oiseaux se rassemblent en vol compact, effectuant de nombreux changements de direction avant de revenir sur leur zone d’alimentation. Les Bécasseaux variables après des milliers de kilomètres parcourus, vont maintenant passer l’hiver à Hyères avant de reprendre leur migration au mois d’avril.
Qui est-il ?
Le Bécasseau variable est le limicole le plus commun que l’on puisse rencontrer en Europe. En tout plumage, c’est un petit limicole d’une vingtaine de centimètres à pattes noires, pourvu d’un bec de la même couleur, long et recourbé vers le bas. En plumage nuptial, il est facilement reconnaissable à sa tache ventrale noire, sa calotte roussâtre et le manteau brun roux ponctué de taches sombres. En plumage d’hiver, le Bécasseau variable se pare de couleurs beaucoup plus discrètes avec un dessus brun clair et un dessous blanc. En vol, on peut noter une barre alaire sur chaque aile ainsi qu’une queue grise et un croupion blanc barrés longitudinalement par une ligne sombre.
Il occupe une aire de nidification très large, principalement calquée sur la toundra, du nord-est du Groenland, en passant par la Scandinavie, la Sibérie la plus orientale jusqu’à l’arctique canadien. Ce bécasseau niche donc dans les tourbières et les zones humides arctiques. La période de reproduction débute fin avril juste après la fonte des neiges et les pontes sont déposées généralement fin mai. Les quatre œufs du nid sont cachés au sein d’une touffe de végétation. Après 20 à 24 jours d’incubation, les premiers poussins pointent le bout de leur bec. Le mâle s’occupe seul de sa progéniture et l’accompagne dans sa recherche de nourriture. Les jeunes pourront prendre leur envol après 19 à 21 jours.
Son régime alimentaire est principalement constitué de minuscules invertébrés qu’il détecte grâce aux cellules sensorielles de son bec dans un à deux centimètres de vase. Insectes, crustacés, araignées, gastéropodes et vers sont ses proies favorites.
Les oiseaux entameront alors leur migration dès la fin du mois de juillet pour rejoindre des latitudes plus clémentes où ils pourront passer l’hiver. On retrouve l’espèce en Amérique du Nord et centrale, en Europe, en Afrique ou en Asie mais elle ne dépasse jamais le sud de l’équateur.
La semaine passée un oiseau équipé d’une bague couleur en provenance d’Ukraine a pu être contrôlé par les ornithologues de la LPO PACA. L’oiseau avait été bagué le 05 novembre dernier sur le lac de Tiligulskiy dans la province de Mykolaiv, par Pavel Panchenko à plus de 2000 kilomètres d’Hyères ! Le baguage a également permis d’éclaircir de nombreuses interrogations sur la biologie de l’espèce, notamment sur sa longévité maximale, avec un oiseau de près de 29 ans observé en nature il y a quelques années !
Pour voir les migrateurs...
Les salins d’Hyères, sont une importante zone de halte migratoire et d’hivernage pour les petits échassiers en provenance de la Scandinavie, traversant la Mer Baltique puis l’Europe centrale. Bécasseaux, Gravelots, Chevaliers et autres Pluviers y trouvent des zones d’alimentation et de quiétude vitales pour passer l’hiver. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 05 janvier à 09h00 aux Salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.