De la taille d’un moineau, un passereau trône sur la mangeoire du jardin. Il décortique inlassablement et avec une aisance déconcertante les graines de tournesol, qu’il brise en un coup de bec. Les mésanges ne s’approchent guère du festin avec ce drôle d’oiseau tout vert et jaune dans les parages. Il faut dire que le Verdier d’Europe en impose, il repoussera tout rival jusqu’à ce qu’il soit totalement rassasié.
Qui est-il ?
Avec ses quinze centimètres et sa trentaine de grammes, le Verdier d’Europe est un passereau relativement trapu. Le mâle adulte en plumage nuptial a les parties supérieures d’un vert brillant, teintées de gris et de jaune, notamment sur les bords extérieurs de ses ailes. Son gros bec conique et gris est assez unique dans la famille des fringilles, à laquelle il appartient. Sa queue est grise avec une coloration jaune vif à sa base. Les parties inférieures sont verdâtres dans l’ensemble. La femelle quant à elle est une version beaucoup plus terne du mâle avec quelques colorations jaunes sur les ailes. Les pattes et les doigts sont rosâtres chez les deux sexes.
Le Verdier est largement répandu à travers l’Europe, mais aussi en Afrique du Nord et dans le sud-ouest de l’Asie. Il est seulement absent de l’Islande, des hauts massifs montagneux et de la Toundra arctique. Il affectionne les parcs, les jardins, les espaces arborés semi-ouverts même au cœur des villes et des villages mais aussi le bocage ou les vergers.
Essentiellement granivore, notre oiseau est un squatteur des mangeoires pendant la période hivernale qui aime consommer en abondance les graines de tournesol ou d’autres graines à coque. A la belle saison, il se nourrit de bourgeons, de fruits, de baies mais aussi d’insectes lors de l’élevage des jeunes.
Dès mars, la reproduction commence pour notre verdier. Pour séduire une femelle, le mâle émet son chant en réalisant un vol lent et papillonnant au cours duquel il forme des cercles. Une fois le couple formé, celui-ci construit le nid dans une fourche d’un buisson ou d’un arbuste. Fait d’herbes sèches, de mousse, de poils et de plumes celui-ci va accueillir 4 à 6 œufs brillants, bleu clair ou blanc crème. L’incubation assurée par la femelle, dure environ 13 à 14 jours, celle-ci étant nourrie par le mâle durant toute cette période.
Quinze jours après leur éclosion, les jeunes quittent déjà le nid pour être alimentés durant plusieurs jours par les adultes aux abords du nid.
Avec ses 1,5 millions de couples nicheurs, le Verdier d’Europe est une espèce nicheuse commune occupant 91 % des mailles prospectées lors de la réalisation de l’Atlas des oiseaux nicheurs de France. Cependant, un déclin significatif est mis en évidence depuis 1989, s’accentuant au début des années 2000. Il est concomitant à d’autres espèces de granivores des espaces ouverts ou semi-ouverts comme le Serin cini ou le Chardonneret élégant. La diminution de la disponibilité des ressources alimentaires est intimement liée à la modernisation des pratiques agricoles, notamment la généralisation des herbicides, la banalisation de la flore, la disparition des jachères ou le fauchage des bords de route. Ces tristes constatations lui ont valu d’être récemment inscrit à la liste rouge des oiseaux nicheurs de France, dans laquelle il est désormais classé comme vulnérable.
Pour le voir...
Il est assez facile de rencontrer le Verdier d’Europe. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le dimanche 29 janvier à 14h00 à l’observatoire sud de la route du sel. Pour tout renseignement, contactez le 06 07 99 19 94.