Le long du canal, accroché quelques centimètres au-dessus de l’eau, un minuscule Héron enserre de ses longs doigts jaunes et démesurés, des fagots de roseaux. Sa petitesse est telle qu’il se balance telle une tige au grès du vent. Malgré la présence des promeneurs, son attention est monopolisée par les petits poissons qui nagent sous la surface de l’eau. Concentré sur sa cible, le Blongios nain se penche lentement puis frappe l’eau pour extirper l’alevin et s’enfuit avec sa proie dans le dédalle de la roselière.
Qui est-il ?
Avec ses trente-cinq centimètres pour un poids de 135 grammes, le Blongios nain est le plus petit héron d’Europe. Les couleurs générales tirent sur le fauve, le brun, le roux et le noirâtre. Chez le mâle, le corps est en grande partie beige clair, mais le dos est noir. Une ligne également noire part de la pointe du bec, pour se terminer jusque sur la nuque. Ses ailes sont noirâtres dessus avec une tache ovale beigeâtre. Des lignes roussâtres sur fond clair sont présentes sur la poitrine. La femelle est quant à elle beaucoup plus terne. Le bec change de couleur en fonction des saisons variant du brun jaunâtre clair au jaune orangé, poussant jusqu’au rougeâtre au plus fort de la parade nuptiale.
Souvent discret et solitaire, le Blongios nain n’est pas aisé à observer en raison de sa taille mais aussi de son milieu de vie. Comme beaucoup de petits hérons, il possède un régime alimentaire assez varié, composé d’insectes aquatiques, d’amphibiens, de reptiles et de petits poissons. Son régime alimentaire varie en fonction des endroits, notre petit Héron se concentrant sur les espèces rencontrées les plus répandues.
Le Blongios nain se reproduit en Europe, en Asie, en Afrique mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Guinée et en Australie. Dans le Var, c’est un nicheur rare, cependant il est assez régulier lors de ses migrations. On le rencontre dans les roselières des étangs, des gravières, des bords de fossés, mais aussi dans la végétation des marais, des bordures de rivières. Les phragmitaies et les typhaies entrecoupées de saules ou de tamaris en densité plus ou moins importantes sont très recherchées pour l’établissement du nid. La quiétude et la présence d’eau toute proche sont aussi des facteurs très importants pour l’installation des couples. C’est le mâle qui choisit l’emplacement du nid et délimite son territoire par son chant caractéristique, sourd et grognant. Le nid composé de brindilles et de roseaux mesure une trentaine de centimètres de circonférence. Il est surélevé d’une soixantaine de centimètres par rapport au niveau de l’eau et accueille de quatre à sept œufs qui vont être couvés par les deux partenaires pendant une vingtaine de jours. Les poussins quitteront le nid au bout de quelques semaines avant même de savoir voler.
La migration bat son plein en août et en septembre, les oiseaux regagnent les zones humides situées en Afrique ou sur le continent Indien.
En France, le statut de conservation a nettement évolué au cours des trente dernières années. De 2000 couples en 1968, les effectifs ont évolué très défavorablement avec une estimation récente de la population française comprise entre 280 et 520 couples en 2012. Ce déclin marqué réside probablement par la perte des zones humides, mais aussi par les conditions d’hivernage défavorables en Afrique.
Pour le voir…
Le Blongios nain est présent uniquement aux périodes migratoires sur la frange littorale varoise. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. Les prochaines sorties des mois de juillet et d'août sont prévues tous les mercredis et tous les jeudis de 9h à 11h et de 19h à 21h aux Vieux salins. Réservations au 04.94.01.09.77.