L’image que la plupart des gens ont des reptiles, leur inspire bien souvent un sentiment de peur ou de dégoût. Ces animaux froids, sans membres, couverts d’écailles à la langue fourchue ont depuis la nuit des temps alimentés l’imaginaire des hommes. Les lézards sont peut-être les moins malaimés et peuplent de nombreux récits de la mythologie sous la forme d’effroyables dragons ou de basilics. La Tarente de Maurétanie est l’un de ces terribles monstres, tout juste capables de s’attaquer à quelques insectes…
Qui est-elle ?
La Tarente de Maurétanie est un gecko d’aspect trapu d’une quinzaine de centimètres, dont la queue correspond à peu près à la moitié de sa longueur. Cette famille des geckos a plusieurs particularités comme la capacité à se déplacer sur un plan vertical et dans toutes les directions. Cette force adhésive qui leur permet de marcher sur les murs et les plafonds est tellement efficace, qu'un lézard pesant 100 grammes peut tenir avec un seul doigt sans déraper. Cette étonnante particularité, utilisée par la Tarente de Maurétanie, a intrigué de nombreux chercheurs qui ont longtemps spéculé sur son fonctionnement. Chaque patte est pourvue de cinq doigts en forme de raquette, chacun de ceux-ci étant couverts de fines lamelles adhésives. Chaque lamelle est à son tour recouverte de poils microscopiques appelés sétaes qui sont au nombre de 500 000 par doigt. Ces poils collent à la surface des supports par le biais de forces électrostatiques, qui agissent à l'échelle nanométrique comme une bande velcro ! Pour briser l’adhérence, il suffit à notre reptile de faire pivoter l’axe de ses membres tour à tour pour se désolidariser de la surface.
Selon ses humeurs, la Tarente de Maurétanie peut apparaître grise, noire, ou brun clair avec quelques tubercules sur son dos et une face ventrale toujours plus claire. Son œil se confond facilement avec la couleur de son corps et ne possède pas de paupières mobiles. Sa pupille de forme verticale est capable de se dilater jusqu’à devenir ronde dans l’obscurité à la manière d’un chat. Principalement nocturne, elle sort très discrètement en journée pour profiter de quelques minutes d’insolation, sa teinte s’assombrissant pour maximiser l’accumulation thermique. Principalement anthropophile, on la rencontre dans les villages, les grandes villes mais aussi dans les milieux rocailleux, les vieux arbres creux ou fissurés, ou les plaines agricoles pourvues de ruines ou de murs en pierres sèches.
C’est au crépuscule, qu’elle sort de sa cachette souvent d’une fissure de mur ou de derrière un volet pour partir en chasse. On peut la voir se déplacer le long des façades pour aller gober quelques papillons attirés par la lumière des villes, une aubaine pour qui sait être patient. D’autres plus téméraires, n’hésitent pas à s’infiltrer directement dans les lampadaires pour avoir accès à un vrai garde-manger ! Ces proies sont essentiellement composées de divers invertébrés comme les papillons, les mouches, les sauterelles, les cigales ou les araignées.
Le cycle reproducteur commence en mars, après un accouplement un peu brutal, la femelle pond un à deux œufs dans une anfractuosité qui n’écloront qu’entre deux et trois mois plus tard.
La Tarente de Maurétanie, comme beaucoup d’espèces de reptiles, est une espèce protégée sur l’ensemble du territoire français. Sa destruction, sa mutilation ou sa capture sont passibles d’amendes et de poursuites. Avec la mode des « Nouveaux Animaux de Compagnie », la détention des reptiles est devenue florissante chez les particuliers et engendre des trafics à petite ou grande échelle.
Pour la voir
La Tarente de Maurétanie est une espèce commune que l’on rencontre sur l’ensemble du territoire de la métropole à l’exception de certaines îles comme Port-Cros ou l’île du levant. Vous pourrez facilement la voir, la nuit venue, à la lumière des lampadaires, plaquée contre un mur, en train d’attendre quelques insectes éblouis par la lumière.