Difficile à suivre aux jumelles, cette virtuose de la voltige est l’hirondelle dont le vol est le plus maîtrisé. En effet, il s’apparente à un véritable spectacle le long des falaises avec des piqués vertigineux. L’Hirondelle de rochers est celle qui passe le plus de temps dans notre pays. Migratrice au nord de son aire de répartition, elle devient migratrice partielle dans le sud de l’Europe. Les migrateurs se déplacent vers la région méditerranéenne ou dans le nord de l’Afrique.
Qui est-elle ?
L’Hirondelle de rochers est la plus grande des hirondelles européennes avec ses 15 centimètres et ses 22 grammes. Cette espèce assez trapue, se distingue par une coloration brun terne teinté de gris sur le dos, le dessous quant à lui est gris brunâtre très pâle et plus clair vers la gorge. Les couvertures sous alaires sont nettement plus sombres, de même que le bas du ventre. La queue, courte et carrée, est dépourvue de filets et révèle deux taches blanches lorsqu’elle est en vol. Ce dernier critère est diagnostique pour son identification.
Evoluant au ras des falaises, soit en battant des ailes, soit en planant, elle est capable de profiter au mieux des courants ascendants. Sans relâche, elle va et vient, exécutant un adroit virage à la fin de chaque trajet. Durant le vol exploratoire des falaises, l’Hirondelle de rochers inspecte chaque fissure où se blottissent insectes et arachnides. En vol, elle capture essentiellement des insectes comme les diptères ou les lépidoptères. Elle affectionne aussi la chasse au-dessus des rivières et des pièces d’eau en saison de nidification et en migration, capturant alors d’autres insectes comme les trichoptères, les plécoptères ou certains diptères.
Absente des régions de plaines, cette hirondelle occupe des sites très variés mais toujours en présence de reliefs et de zones rupestres. L’espèce niche depuis le bord de mer jusqu’à 2 800 m avec une amplitude altitudinale importante, s’étalant donc de l’étage méditerranéen à l’étage alpin. Elle utilise également les constructions humaines comme sites de nidification : ponts, viaducs, tunnels, maisons individuelles ou bâtiments publics, même au cœur de villes.
L’arrivée sur les sites de reproduction est signalée à partir de la dernière décade de février et en mars. Les parades manifestées par des cris et des poursuites ont lieux en avril. La construction d’un nouveau nid en avril s’avère longue, c’est pourquoi les hirondelles réutilisent fréquemment les anciens nids. Ces derniers sont construits à l’abri de la pluie, à l’ombre, sur les surplombs naturels ou artificiels. Le nid en forme d’une demi-coupe est maçonné avec de la boue et garni de racines, mousses et de plumes. Peu farouche, l’Hirondelle de rochers se laisse observer dans de bonnes conditions lorsqu’elle récolte de la boue pour édifier son nid. Une première ponte de deux à cinq œufs tachetés de brun et de gris est déposée en début de mai, suivie en général d’une deuxième. Les pontes les plus tardives interviennent dans le courant d’août. L’incubation, assurée essentiellement par la femelle, dure environ 14 jours. Les jeunes sont nourris au nid par les deux adultes jusqu’à l’âge de 25-26 jours. L’émancipation intervient deux à trois semaines après le départ du nid.
Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Hirondelle de rochers sont faibles, bien que son milieu de vie ne soit pas définitivement à l’abri des aménagements par l’Homme. Sa nourriture, constituée principalement d’insectes, est sensible aux diverses substances utilisées notamment en agriculture, ce qui peut constituer, comme pour beaucoup de passereaux insectivores, un impact désastreux. Cette espèce peut être un sujet d’étude et de recherche intéressant quant à sa grande progression dans le pays. Etant une espèce méridionale, elle semble être un bon indicateur du changement climatique actuel.
Julie Cabri, ambassadrice de la biodiversité à la LPO PACA
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