Incarnation du Phénix pour les égyptiens, le Flamant rose était considéré comme un oiseau unique en son espèce, qui, disait-on, pouvait vivre plusieurs siècles. De nos jours, le Flamant rose inspire et émerveille toujours autant le grand public tant par sa longue et élégante silhouette que par sa couleur unique dans l’avifaune européenne.
Qui est-il ?
Le Flamant rose peut atteindre une envergure de 1,65 mètre pour un poids de 3,5kg pour les plus grands mâles, le dimorphisme sexuel étant très prononcé chez cette espèce. Avec un cou de 80 cm et de longues pattes roses palmées, sa morphologie est donc unique est parfaitement adaptée à la vie aquatique notamment dans les lagunes saumâtres ou les marais salants de Méditerranée. Son bec bicolore rose à pointe noire est aussi, à lui tout seul une curiosité. Adapté à la filtration de la vase, les bords supérieurs et inférieurs sont munis respectivement de petites excroissances cornées et de lamelles s’imbriquant parfaitement. Le Flamant rose n’a plus qu’à plonger sa tête sous l’eau et à poser son bec dans la vase et à filtrer celle-ci à la recherche de larves d’insectes, de crustacés et de graines de plantes aquatiques. La coloration rose des oiseaux adultes est d’ailleurs liée à son alimentation. En effet, les Flamants synthétisent les pigments nécessaires à leur coloration à partir de caroténoïdes, présents dans les algues et des graines de plantes aquatiques, fournissant des caroténoïdes de « première main » non oxydés, soit en consommant des crustacés tels que l’Artemia ou des larves d’insectes. Dans ce dernier cas ce sont des caroténoïdes « de seconde main » qui sont souvent déjà oxydés. Alors que la coloration rose intense est un atout de séduction et de maturité, elle serait également d’après certaines études scientifiques un signe de bonne santé physiologique.
La formation des couples s’effectue durant l’hiver au cours de nombreuses parades collectives et spectaculaires : étirement du coup, balancement de tête de droite à gauche, courses, ouvertures simultanées et brèves des ailes. Même si le Flamant semble mener une vie calme, cela n’en est pas moins un adepte du divorce et du nomadisme, puisque 93% des couples se séparent d’une année à l’autre et il peut aussi bien se reproduire en Espagne une année qu’en Italie l’année suivante. La reproduction se déroule en avril, où plusieurs milliers de couples se rassemblent sur un îlot isolé. Ils y construisent un nid de boue de 20 cm de hauteur où un seul œuf y sera couvé par les deux partenaires durant 30 jours.
Après une semaine passée au nid, le poussin de Flamant rose est capable de se déplacer autour de celui-ci et les jeunes se rassemblent déjà en crèche de plusieurs milliers d’individus. Après de longues heures de recherches de nourriture, les parents le retrouveront au milieu de la foule grâce à son cri unique afin de l’alimenter. Ce n’est qu’après 75 jours que les jeunes prendront leur envol et leur indépendance, notamment dans les premiers jours d’août. Ils n'atteindront leur couleur rose définitive qu’à l'âge de 4 ans, en même temps que leur maturité sexuelle. Leur durée de vie est relativement élevée avec des oiseaux dépassant aisément la trentaine d’années. Un oiseau bagué en 1977 en Camargue est d’ailleurs contrôlé chaque année sur les salins d’Hyères grâce à son marquage coloré !
Pour le voir...
Les salins d’Hyères, sont une plaque tournante pour la migration et l’hivernage des Flamants roses, faisant ainsi le lien entre les différentes colonies de reproduction situées en Italie, en Espagne, en Algérie ou en Camargue. De 700 à 1500 oiseaux vont progressivement y prendre leurs quartiers d’hivernage dans les prochaines semaines. Même si la population française est de l’ordre de 13 500 couples, le Flamant rose demeure vulnérable de par les menaces qui pèsent sur la plupart des zones humides et le nombre très restreint de sites de reproduction en France et en Méditerranée.