Balbuzard pêcheur © Aurélien AudevardEn ces premiers jours d’octobre, alors que l’automne s’est bien installé, un grand oiseau noir et blanc effectue un vol lourd et stationnaire au-dessus des pièces d’eau des salins. Par instants, il décroche de quelques mètres puis remonte. Soudain, il plonge, les ailes repliées, les serres érigées vers l’avant pour perforer violement la surface de l’eau. Dans un grand éclaboussement, le Balbuzard pêcheur vient de capturer son premier poisson de la journée.

Il l’extirpe avec difficulté de l’eau puis réussit à s’envoler avec le pauvre mulet, qui sera mis en pièce non loin de là sur un perchoir. Rapace emblématique et spectaculaire, le Balbuzard pêcheur avait disparu de France continentale au début du XXe siècle, suite aux nombreuses persécutions injustifiées dont il était victime. Il fait aujourd’hui son grand retour grâce à de nombreuses actions de protection menées à travers toute l’Europe.

 

Qui est-il ?

Avec son mètre et demi d’envergure, son kilogramme et demi, sa queue courte, carrée et barrée, ses ailes coudées, le Balbuzard pêcheur peut aisément passer pour un goéland. Sa coloration est brun foncé sur le dos, blanche sur le dessous avec deux taches noires aux poignets. Sa tête est blanche avec un bandeau noir caractéristique sur l’œil. Un plastron brunâtre de taille plus ou moins grande permet de distinguer les femelles des mâles. Son bec crochu est relativement fort, mais ses pattes et ses serres sont sans aucun doute, les parties les plus redoutables de notre oiseau. Elles lui permettent aisément d’harponner et de maitriser des poissons d’un kilogramme, mais faut-il encore qu’il puisse les extirper de l’eau. De rares cas de noyades, ont déjà été rapportés concernant des oiseaux ayant eu les yeux plus gros que le ventre, entrainés sous l’eau par des proies de plusieurs kilos.

 

Même si son nid est souvent installé en milieu forestier, la vie du Balbuzard tourne autour des étangs, des rivières, des fleuves, des estuaires, ou des bords de mer riches en poissons. Cette particularité lui permet d’être présent sur l’ensemble des continents même s’il évite les régions les plus arctiques, ou de haute montagne. En France, son retour n’a eu lieu qu’en 1984, depuis 60 couples ont été recensés, principalement établis dans les grands massifs forestiers du Loiret et du Loir-et-Cher, comportant des peuplements de pins âgés, tranquilles, proches de la Loire. En Corse, il est uniquement cantonné aujourd’hui sur les côtes rocheuses de l’ouest de l’île.

 

Sociable durant la période de reproduction, le couple de Balbuzards pêcheurs ne défend qu’un petit périmètre autour de son nid. Dans certaines parties du monde très poissonneuses où les densités sont élevées, il peut même nicher en colonies lâches, les couples étant espacés de quelques centaines de mètres à quelques mètres ! Dès son retour de migration en mars, plusieurs ébauches de nids sont construites par le mâle, au-dessus desquelles il va parader. Une fois la femelle séduite et conquise, le couple s’affaire à recharger en branchages, le nid sélectionné. Ce dernier peut atteindre deux mètres de haut pour un mètre cinquante de large, notamment pour ceux fidèlement réutilisés d’année en année. Un à trois œufs sont déposés en avril et couvés durant 37 jours. La femelle prend en charge l’incubation, la protection et l’élevage des jeunes, alors que le mâle lui s’occupe principalement du ravitaillement des jeunes. Il faut environ 8 semaines pour que les jeunes balbuzards prennent leur envol et ils ne seront vraiment dépendants qu’un mois plus tard. Les Balbuzards pêcheurs entreprennent ensuite d’août à octobre une longue migration qui va les mener vers le Sud de la France, puis l’Espagne, l’Afrique du Nord et enfin l’Afrique tropicale (entre le Sénégal et l'Ethiopie). Après de longs mois d’hivernage, ils entameront en mars leur voyage de retour vers l’Europe pour perpétuer de nouveau leur espèce.

 

De nombreuses menaces pèsent toujours sur la survie des Balbuzards. Même si la durée de vie peut atteindre plus de 20 ans, 50 % des jeunes ne survivront pas au-delà de leur première année. Outre la pénibilité du long voyage migratoire, les causes naturelles les plus fréquentes de mortalité sont les tirs illégaux qui persistent toujours de nos jours, les collisions avec les lignes électriques, la pollution des milieux aquatiques et certains engins de pêche, véritables pièges mortels.

 

Pour le voir...

Les salins d’Hyères et notamment les Vieux salins, sont une halte privilégiée pour les Balbuzards pêcheurs, qui de par leur richesse piscicole fournissent une pause de choix. Les suivis ornithologiques entrepris par la Ligue pour la Protection de l’Oiseau en Paca en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée permettent de cerner annuellement le passage et, d’identifier par la lecture de bagues colorées, l’origine de ces grands migrateurs. Allemagne, Suède ou Finlande les origines sont variées mais les séances de pêche sont les mêmes, un véritable spectacle !

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