Pouillot à grands sourcils © Aurélien AudevardDepuis quelques semaines, une espèce tient le haut de l’actualité française par sa présence inhabituelle. Des lointaines îles écossaises, aux îles bretonnes en passant par la façade atlantique jusqu’au littoral méditerranéen, le Pouillot à grands sourcils mène actuellement une invasion rarement vue en Europe de l’Ouest. Ce n’est pas le plus grand et le plus exubérant des oiseaux, mais il est sans nul doute, pour les ornithologues, le plus emblématique des passereaux rares asiatiques. Portrait...

 

Qui est-il ?

Le Pouillot à grands sourcils est un petit passereau de la famille des Phylloscopidés qui regroupe 77 autres espèces réparties dans toute l’Eurasie. Cette famille regroupe exclusivement des passereaux insectivores et migrateurs pour la grande majorité d’entre eux, souvent contraints de se déplacer à la mauvaise saison pour survivre. Ils sont capables malgré leurs petites tailles d’effectuer plusieurs milliers de kilomètres.

 

Notre « grands sourcils » se distingue des autres espèces de Pouillots par son poids plume, proche des roitelets avec ses 6 grammes et ses 9 centimètres. Sa coloration verte teintée de jaune, ses longs sourcils se terminant en forme de flamme et ses deux barres crème sont caractéristiques. Souvent discret, il s’occupe à inspecter nerveusement les feuilles des arbres, les branches de tamaris à la recherche des insectes qu’il capture au vol ou en faisant du surplace. Malgré sa discrétion, il émet son cri aigu caractéristique « Tsu-iit » qui permet de le détecter facilement pour une oreille initiée.

 

Le Pouillot à grands sourcils fréquente l’ensemble de la Sibérie sous les latitudes boréales et tempérées, débordant un peu à l'ouest de l'Oural et allant jusqu'à la mer d'Okhotsk. Il niche dans la taïga, véritable désert humain, dans des milieux assez variés comme les forêts de boulots, de saules, de conifères ou bien mixtes. Le couple installe son nid au sol sous une touffe d'herbe, parmi les racines d'un arbre ou sous des branches tombées au sol. Le nid est une structure en forme de dôme avec une entrée latérale, constituée d'herbes sèches, de mousses, de bois pourri et de radicelles. Quatre à sept œufs sont couvés par la femelle durant une période de deux semaines. Les jeunes quitteront le nid après le même laps de temps. La migration débute en août dès les premières prémices de l’automne. Ils rejoindront après plusieurs semaines de migration, l’Asie du Sud-Est, d’une zone s’étendant de l’Inde à la Malaisie.

 

Bien loin de ses terres d’origine, il est difficile de s’imaginer que cet oiseau de la taille d’un pouce, puisse migrer de sa lointaine Sibérie, jusque dans nos régions et surtout d’en comprendre la raison. Une hypothèse tente d’expliquer ce phénomène par la progression de l’aire de répartition du Pouillot à grand sourcils vers l’Ouest de l’Oural. Des précurseurs de cette nouvelle population au lieu de migrer sur ses lieux traditionnels d’hivernage, chercheraient sans doute une voie migratoire plus occidentale pour gagner l’Afrique au lieu de l’Asie. Ils s’offriraient l’avantage d’un trajet plus court et moins périlleux avec un taux de survie hivernale plus élevé grâce aux températures de plus en plus clémentes sur ce nouveau parcours. Ces invasions sont sans doute accentuées par de nombreux paramètres tels que le succès de reproduction annuel, l’expansion vers l’ouest de cette nouvelle population et la meilleure connaissance de cette espèce de la part des ornithologues. Un long suivi se profile donc pour élucider le mystère de ces invasions dont les intervalles se font de plus en plus courts.

 

Pour voir les migrateurs...

Le littoral varois est une importante voie migratoire pour les petits passereaux insectivores en provenance de Scandinavie, des pays de l’Est ou de Sibérie. Ils trouvent lors de leur long voyage de nombreuses zones de haltes migratoires qui vont leur fournir des quantités d’insectes suffisantes, pour refaire le plein d’énergie et continuer leur migration. Les zones humides d’Hyères remplissent encore cette fonctionnalité et l’on peut en imaginer l’importance pour ces minuscules migrateurs. Cinq Pouillots à grands sourcils (un record !) ont d’ailleurs été capturés à Hyères cette année lors d’opérations de baguage effectuées par la Ligue de Protection des Oiseaux délégation Paca avec le concours du Conservatoire du Littoral et de la commune d’Hyères.

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