Après les premières giboulées de printemps, les roselières reprennent leur calme habituel. Au pied de la végétation aquatique, une ombre arpente la vase puis disparaît dans le fouillis. Quelques mètres plus loin, la silhouette du rallidé se dessine pour finalement apparaitre en pleine lumière. La discrète Marouette ponctuée est enfin là, occupée à soulever les feuilles immergées à la recherche d’invertébrés. Elle reprend des forces avant de reprendre son long voyage qui va la mener vers les grands marais des pays de l’est ou scandinaves.
Qui est-elle ?
Avec ses vingt centimètres et sa centaine de grammes, elle est l’une des trois espèces de marouettes que l’on peut rencontrer en France. C’est un petit rallidé avec un bec court jaune orangé, des pattes verdâtres, une tête avec un sourcil et une gorge gris bleuté. Son dos est brun foncé avec des plumes centrées de noir mais également des zébrures blanches. Les flancs sont gris brunâtre ponctués de petites taches blanches, ce qui lui a valu sa dénomination. Furtive, les marouettes ne sont pas aisées à observer de par leurs petites tailles et les milieux qu’elles fréquentent, si bien que leur passage migratoire peut totalement passer inaperçu.
En période de reproduction, la Marouette ponctuée se tient principalement dans les marais d’eau douce, les prairies humides, les tourbières, les bordures de fleuves, où croissent les joncs, les laîches, les massifs de scirpes. Elle construit son nid dans la végétation dense, toujours à proximité de l’eau. Il est constitué de brindilles, de feuilles mortes et d’herbes sèches, amoncelées sur un petit monticule émergeant. Une douzaine d’œufs sont couvés par la femelle durant une vingtaine de jours. Les poussins naissent de façon asynchrone, si bien que les premiers éclos attendent les retardataires avant de suivre les parents dans la quête de nourriture.
La base du régime alimentaire est composée d’invertébrés mais aussi de graines, de pousses, et de racines des plantes aquatiques.
Migratrice, on la retrouve en hiver du Soudan à l’Afrique du Sud, puis elle remonte en mars pour occuper une large zone géographique s’étendant de l’Europe de l’Ouest jusqu’au nord-ouest de la Chine. Son aire de répartition en occident est cependant largement fragmentée, si bien qu’elle est en France, un nicheur rare et localisé. Autrefois largement répandu, les drainages et les comblements des prairies humides et des marais, les curages intensifs des queues d’étangs pour la pisciculture et la chasse ont largement contribué à sa régression. Plus inquiétants encore sont la destruction et le remblaiement des petites pièces d’eau douce tout au long de son parcours migratoire. Quand une Marouette en provenance d’Angola vient de traverser le Sahara, la mer méditerranée avec 6000 kilomètres dans les ailes, vous comprendrez l’importance pour elle de trouver rapidement une zone de halte migratoire, pour refaire ses réserves énergétiques et regagner son site de nidification.
Pour le voir...
La Marouette ponctuée est un migrateur que l’on rencontre annuellement en mars et avril sur la commune d’Hyères, notamment le long des canaux du Roubaud et sur les parties d’eau douce des salins. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour les observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 23 mars à 08h45 aux Vieux salins d’Hyères. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.