Les jeunes pousses des roseaux plient sous le mouvement d’une masse sombre qui se déplace sous l’eau, si bien que l’on peut suivre la trajectoire de l’animal jusqu’à la rive. Une petite tête ronde couverte de lentilles d’eau apparaît discrètement, laissant entrevoir un œil reptilien, puis un long cou et une carapace. Venue prendre le soleil, la Cistude d’Europe est un hôte de choix des zones humides d’eau douce hyéroises.
Qui est-elle ?
Avec ses 600 grammes, la Cistude d’Europe est une petite tortue d’eau douce, avec une carapace noire et aplatie d’une vingtaine de centimètres, parsemée de points ou de stries jaunes. La tête, le cou, et les pattes sont noirs, ponctués de tâches jaunes et ne présente aucune tache rouge contrairement à d’autres espèces. Les pattes robustes et palmées, sont pourvues de fortes griffes lui permettant de grimper sur des supports parfois abrupts afin de s’y insoler. Outre la taille, la distinction entre mâle et femelle se fait généralement par la forme de la plaque ventrale qui est concave chez le mâle favorisant ainsi l’accouplement avec la femelle.
Exclusivement carnivore, elle consomme des insectes et des mollusques aquatiques mais aussi occasionnellement des petits amphibiens, de petits poissons ou des œufs de ces derniers.
Avec une espérance de vie très longue, certaines cistudes peuvent atteindre plus de 60 ans (100 ans en captivité ! ), si bien que la maturité sexuelle est atteinte relativement tard entre 8 et 15 ans chez les mâles et entre 10 et 18 ans pour les femelles. L’accouplement a lieu en avril ou en mai principalement, et la ponte se fait généralement de mai à juillet. La femelle creuse un trou d’une dizaine de centimètres de profondeur dans un sol chaud et sableux, parfois à une bonne distance d’un point d’eau pour éviter toute submersion. Une dizaine d’œufs vont alors être ensevelis et n’écloront qu’après 2 à 4 mois. Avec l’arrivée des mauvais jours, les Cistudes vont s’enterrer dans la vase des canaux ou des étangs pour passer l’hiver et ne ressortiront qu’à la fin du mois de février pour prendre leurs premiers bains de soleil.
La Cistude d’Europe est la seule tortue aquatique autochtone du territoire français, présente au sud d’un arc de cercle joignant la Charente-Maritime, la Brenne, l’Allier et la région lyonnaise. Deux autres espèces introduites, l’Emyde lépreuse et la Tortue de Floride sont également présentes dans l’hexagone. Cette dernière d’ailleurs, rentre en concurrence directe avec notre petite tortue. Rappelons que de nombreuses autres menaces pèsent sur l’avenir de la Cistude notamment la disparition, le comblement ou la salinisation des zones humides d’eau douce, les travaux de curages intensifs des canaux, la prédation des pontes ou les captures illégales. La Cistude d’Europe est l’espèce de reptile qui a le plus régressé en Europe ces dernières années, notamment en Europe centrale. Des études montrent qu’une tortue seulement sur 100 atteindra l’âge adulte !
Pour la voir...
La Cistude d’Europe s’observe dès la fin du mois de février sur les zones humides hyéroises. Deux grandes populations sont présentes sur le secteur du Roubaud, de la Lieurette et de la base aéronavale et une seconde population sur le canal de ceinture des Vieux salins. Peut-être aurez-vous la chance de l’apercevoir lors de vos ballades à proximité de ces lieux.