En ce début de mois de septembre, il règne comme un air d’automne. Avec les orages de la veille, des centaines de limicoles sont en halte migratoire sur les salins. Bécasseaux, gravelots, chevaliers, pluviers trottinent sur les vasières. Un limicole fait exception à la règle. Balloté par les vagues comme un bouchon, tournoyant sur lui-même, picorant la surface de l’eau avec frénésie, le rare Phalarope à bec étroit est une originalité de la nature…
Qui est-il ?
Le Phalarope à bec étroit est un petit limicole d’une vingtaine de centimètre qui peut facilement passait inaperçu. Il possède un bec d’une finesse caractéristique et des pattes verdâtres avec des lobes palmés lui procurant des prédispositions remarquables pour la nage. Il peut arborer différents plumages suivant les saisons. En été, il présente son plumage nuptial avec une calotte, des joues, une nuque et le dessus gris plomb. Sur les côtés du cou, on peut noter du roux variant d’intensité suivant le sexe de l’oiseau. Contrairement à beaucoup d’oiseaux, le dimorphisme sexuel mais aussi les rôles sont inversés chez cette espèce, si bien que les femelles arborent les plumages les plus colorés et contrastés. Les jeunes quant à eux, présentent de nets chevrons dorés sur le dos et les épaules, avec une calotte sombre et une tache noire en arrière de l’œil.
L’alimentation de ce frêle limicole est constitué de mollusques, de crustacés, de vers ou d’insectes recherchés dans une lame d’eau de quelques dizaines de centimètres. Lorsque l’eau est calme, le phalarope tourne comme une toupie, créant ainsi un tourbillon lui permettant de faire remonter ses proies du fond, puis les récolte en surface !
Après avoir passé de longs mois dans les eaux de l’océan indien, les Phalaropes entament au printemps, un long périple migratoire qui va les diriger vers les régions circumarctiques situées au Groenland, en Islande, en Ecosse, dans le nord de la Scandinavie, puis tout au long de la ceinture sibérienne arctique.
Le Phalarope à bec étroit se reproduit sur la toundra et dans les mares et les marécages d’altitude. Après de multiples parades entre femelles, celles-ci courtisent un mâle en l’invitant à l’accouplement. Aussitôt réalisé, la construction du nid commence. Il est souvent situé sur un hummock entouré d’eau ou sur un radeau fabriqué avec de la végétation flottante, tapissé d’herbes et de feuilles sèches. La femelle pond quatre œufs, puis ceux-ci sont immédiatement pris en charge par le mâle qui va les couver durant une vingtaine de jour. Les poussins quittent le nid peu après l’éclosion et sont uniquement élevés par le mâle. Ils apprennent rapidement à se nourrir eux-mêmes puis prennent leur envol après 3 semaines. Madame quant à elle, pourra s’accoupler avec un autre mâle durant cette période. Avec le retour du gel et de la neige, les phalaropes quittent dès le mois d’août leur site de nidification pour rejoindre leur site d’hivernage.
Pour voir les migrateurs…
Les salins d’Hyères, sont une importante zone de halte migratoire pour les petits échassiers en provenance de la Scandinavie, traversant la Mer Baltique puis l’Europe centrale. Bécasseaux, Gravelots, Chevaliers et autres Pluviers y trouvent des zones d’alimentation et de quiétude vitales dans leur progression vers l’Afrique. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée.
Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux.
La prochaine sortie est prévue le 7 septembre à 09h00 aux Salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.