Des rires sourds et éraillés animent les marais salants et attirent notre attention. De petits laridés blancs, face à la houle, courent et picorent de minuscules larves de chironome amenées par le vent et les courants. Nettement différents des Mouettes rieuses avec lesquelles ils s’alimentent, ces petites mouettes sont en fait des Goélands railleurs. Rare en France, ce Goéland est strictement méditerranéen et revient chaque année nidifier sur les salins d’Hyères après avoir passé de longs mois sur les côtes d’Afrique du nord.
Qui est-il ?
Avec ses 350 grammes et son mètre d’envergure, le Goéland railleur se rapproche plus d’une Mouette que d’un Goéland. En effet, sa petite taille, son bec fin ou sa corpulence ne font guère penser au traditionnel « gabian ». Ses pattes et son bec sont de couleur rouge carmin, son dos est gris clair avec le bout des ailes noires, alors que le reste de son corps est d’un blanc immaculé contrairement à la Mouette rieuse qui elle, porte un capuchon marron foncé. En période nuptial, notre petit goéland arbore une poitrine teintée de rosé.
Le Goéland railleur est une espèce inféodée aux lagunes saumâtres, aux marais salants et aux grands lacs salés temporaires. Ces exigences très particulières en font une espèce nicheuse particulièrement rare en France.
Le Goéland railleur est un grand consommateur de poissons et d’invertébrés aquatiques. Il exploite les proies habituellement trouvées dans les habitats utilisés : poissons de petites tailles, crustacés, larves aquatiques d’insectes. Il lui arrive de consommer exceptionnellement de petits poussins (sterne naine notamment) ou de parasiter d’autres espèces jusqu’à ce qu’elles régurgitent leurs repas.
Grégaire, notre goéland peut nidifier en colonie très denses pouvant atteindre plusieurs centaines de couples, parfois espacés de quelques centimètres les uns des autres. Le nid est établi au sol dans une petite dépression, orné d’une couronne caractéristique formée de plumes, de végétaux dans laquelle 3 œufs, sont couvés durant 22 jours. Dès leur naissance, les poussins sont nidifuges et quittent le nid pour s’abriter dans la végétation alentour, guettant avec impatience les ravitaillements de leurs parents. Après 4 semaines de nourrissages intensifs, les jeunes prendront leur envol.
Migrateur, le Goéland railleur quitte ses sites de nidification en août, pour rejoindre ses zones d’hivernage situées sur les côtes d’Afrique du Nord, de la péninsule arabique, mais aussi sur les rivages de la Mer rouge, de la Mer morte ou de la Mer Caspienne.
Les populations de Goéland railleur sont très dispersées avec 6 000 à 7 000 couples au Sénégal et en Mauritanie, 37 000 à 56 000 couples en Europe dont la majorité sont localisés en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan. Celles du pourtour méditerranéen ont brusquement augmenté depuis les années 1980 avec 20 000 couples pour la Turquie, la Grèce, l’Egypte, l’Italie, la Tunisie, l’Espagne et la France. En France, l’espèce est considérée comme « en danger » avec 770 couples, mais ses effectifs restent en augmentation, distribués notamment en Camargue, dans l’Aude, l’Hérault ou le Var. L’espèce bénéficie depuis quelques années, de l’implantation en méditerranée, de nombreux îlots très favorables à sa nidification car suffisamment isolés des prédateurs terrestres.
Pour le voir...
Le Goéland railleur est un migrateur et un nicheur annuel et s’observe dès le mois de mars sur les salins d’Hyères. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 07 juin à 08h45 aux Salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.