C’est le plus élégant et le plus fin des chevaliers, mais aussi le plus rare. Descendu de la Baltique, le limicole de la semaine n’est autre que le Chevalier stagnatile. En halte sur les salins d’Hyères, quelques individus reprennent des forces avant de rejoindre leurs lointains quartiers africains.
Qui est-il ?
Le Chevalier stagnatile est un petit limicole brun et blanc, montrant une élégance et une délicatesse très particulière. Avec ses 25 centimètres et ses 80 grammes, il se distingue des autres membres de sa famille (96 espèces) par sa petite taille, son dessus gris parsemés de chevrons sombres, sa poitrine blanche ponctuée de taches sombres, son sourcil blanc, son bec noir en forme d’aiguille et enfin par ses longues pattes jaune verdâtre. En plumage d’hiver, il se présente dans un plumage plus bicolore, brun et gris. Son allure générale en fait une minuscule échasse. En vol, il montre une queue presque blanche ponctuée de petites taches sombres, un croupion blanc remontant très largement sur le dos et les pattes qui dépassent nettement la queue.
Ce grand migrateur est un nicheur qui se reproduit dans les marécages boréaux du nord-est de l’Europe mais aussi ceux des steppes de l’est de la Mongolie et d’Asie centrale. Après la reproduction, ils migrent vers l’Afrique subsaharienne, l'Inde, l'Asie du Sud-Est et certaines parties côtières et intérieures de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Durant l’hiver, il préfère les lacs et les marais d'eau douce parfois saumâtres mais toujours peu profonds et parsemés de vasières.
En Europe, on le trouve en petite quantités en Pologne, les pays baltes, la Finlande puis plus abondamment en Ukraine, et dans le sud et le centre de la Russie. C’est un migrateur rare en France qui s’observe aux deux passages migratoires, notamment en mars-avril au printemps puis en juillet-août lors du passage d’automne.
La reproduction de notre Chevalier se déroule donc de la steppe ouverte jusqu’à la forêt boréale, dans les marécages d'eau douce et saumâtre, sur les bords de lacs herbeux ou marécageux. Le nid est une dépression peu profonde souvent établie sur un monticule de végétation, au bord d'un étang ou d'une marre peu profonde. Il niche d'habitude de manière solitaire mais des colonies lâches sont parfois observées. Quatre œufs sont pondus au cours des mois de mai ou juin et couvés par le couple durant quatre semaines. Les poussins quittent le nid dès l’éclosion et partent à la recherche de leur première nourriture, bien guidés et surveillés par leurs parents. La nourriture recherchée est constituée de mollusques, de crustacés, de vers ou d’insectes qui pullulent dans les eaux stagnantes. C’est au bout de trois semaines supplémentaires, que les jeunes prendront pour la première fois, leur envol, puis la direction du sud pour leur premier voyage migratoire.
Les effectifs européens du Chevalier stagnatile sont estimés entre 12 100 et 30 300 couples nicheurs alors que la population mondiale est comprise dans une fourchette entre 260 000 et 1 200 000 individus. Autrefois nicheur en Hongrie, en Slovaquie, dans l’ex Yougoslavie et en Roumanie, l’assèchement des marais et la mise en culture de ceux-ci ont largement contribué à fragiliser et à faire disparaître les populations les plus occidentales.
Pour voir les migrateurs…
Les salins d’Hyères, sont une importante zone de halte migratoire pour les petits échassiers en provenance d’Afrique. Bécasseaux, Gravelots, Chevaliers et autres Pluviers y trouvent des zones d’alimentation et de quiétude vitales dans leur progression vers la Scandinavie ou la Russie. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 05 septembre à 09h00 aux Vieux salins. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.