C’est par un matin de mars, sous les larges feuilles d’une ombellifère que l’on découvre notre oiseau de la semaine, occupé à se rassasier d’insectes. Personne ne pourrait imaginer que ce passereau de quelques grammes vient d’effectuer plusieurs milliers de kilomètres pour venir perpétuer son espèce dans les garrigues méditerranéennes. La Fauvette passerinette est l’un de ces migrateurs transsahariens qui vont regagner l’Europe dans les prochains jours.
Qui est-elle ?
Avec ses 10 grammes pour une douzaine de centimètres, la Fauvette passerinette est une des espèces les plus communes que l’on rencontre dans les garrigues et les maquis de l’espace collinéen à la belle saison. Petit passereau élancé à queue assez courte, le mâle se distingue par sa gorge roux brique et ses flancs roux. Son dos est gris souris et un trait blanc délimite la gorge, de la tête gris bleu. Un cercle orbital rouge est visible à courte distance. La femelle quant à elle est plus terne, gris-brun pâle sur le dessus avec des nuances saumonées sur le dessous.
La Fauvette passerinette se retrouve dans une vaste gamme d’habitats et ses choix de prédilection se portent sur la garrigue où alternent végétation haute de Chênes verts ou de Chênes lièges et des espaces plus couverts et bas comme les buissons parsemés de Romarin ou de Ciste. Elle est particulièrement abondante à moyenne altitude, mais peut se rencontrer jusqu’à 1700 mètres. Son éclectisme, la fait coexister avec d’autres espèces comme les Fauvettes pitchou, mélanocéphale, et orphée, sans toutefois rentrer en compétition avec celles-ci.
Les invertébrés comme les insectes, leurs larves et les araignées composent les proies principales de son régime alimentaire durant la saison de reproduction. A l’approche de la migration et avec la fructification de nombreux arbres, elle complète son alimentation par des baies ou des fruits comme les figues ou les raisins.
La période de reproduction s’étale de mars à juillet pour les oiseaux ayant entrepris deux pontes. Le mâle est particulièrement démonstratif à son arrivée, enchainant chants et parades aériennes. Le couple construit son nid généralement dans un buisson de Romarin, parfaitement dissimulé, souvent sous un mètre de hauteur. Les tiges de Brachypode rameux sont la base de construction du nid. 4 œufs sont pondus et couvés durant 11 jours. L’élevage des poussins est aussi très rapide, puisque les poussins quittent le nid, dans le même laps de temps.
La Fauvette passerinette est confinée au pourtour méditerranéen, Corse compris, où une sous-espèce y est présente, appelée la Fauvette de Moltoni. On trouve aussi des populations isolées en Dordogne, dans le Lot-et-Garonne ou les Gorges de l’Aveyron. Enfin, des cas isolés de reproduction sont notés régulièrement jusqu’aux départements du Rhône, de l’Isère, de l’Ain ou de la Savoie. Ailleurs en Europe, elle se rencontre sous trois autres sous espèces, du Portugal jusqu’à la pointe occidentale de la Turquie, et de la Slovénie au sud marocain.
Migrateur au long cours, la Fauvette passerinette hiverne au sud du Sahara, dans les zones arides subtropicales et tropicales du Sahel, voire dans certaines oasis en plein désert. Difficile d’imaginer que ce passereau de quelques grammes effectue chaque année un périple de plus 3500 kilomètres à travers le Sahara et la mer méditerranée pour rejoindre le Var !
Pour le voir…
La Fauvette passerinette est un oiseau migrateur et nicheur très commun en région PACA. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les Salins d’Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 21 mars à 08h45 aux Vieux salins. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.