La LPO est en 2012 centenaire. Cette longévité signe l’intérêt que soulèvent les oiseaux non seulement pour les ornithologues mais aussi un grand nombre de français.
Néanmoins, si la Ligue a été créée, elle ne l’a pas été pour le seul plaisir de l’observation des oiseaux mais, d’abord, pour leur protection. Ce qui en premier rassemble les membres de la LPO est donc le souci d’écarter les dangers créés par l’homme qui les menacent. Or, ces menaces ont évolué au rythme même des modifications et transformations si nombreuses et si rapides du XXème siècle.
La motivation des pères de la LPO fut la protection des passereaux victimes de l’usage des "carabines de jardin". Aujourd’hui cette menace n’est plus qu’anecdotique. Mais d’autres menaces sont apparues au cours du siècle : la disparition du maillage bocager (entre 2 et 3 millions de km arrachés), l’effondrement de la population agricole (de 5 millions dans les années 50 à 500 000 agriculteurs aujourd’hui) et ses corollaires tels : la mécanisation et l’agrandissement du parcellaire synonymes de disparition des marges (talus, banquettes...), les pratiques culturales elles-mêmes, l’engrais de synthèse a remplacé les amendements organiques, les labours se sont approfondis minéralisant exagérément l’humus, la chimie de synthèse (pesticides) a remplacé les pratiques préventives de rotations en synergie avec le vivant... C’est assez dire que, malgré le regard sans concession qu’elle entend exercer sur l’exercice de la chasse, la LPO a dû, au cours du temps, s’ouvrir à des problématiques environnementales qui dépassent désormais de loin les aspects stricto sensu écologiques de fragmentation de l’espace au profit d’une attention toute particulière portée aux pratiques qui, indépendamment des milieux, portent atteintes directement aux biocoenoses.
Si l’oiseau est et restera l’emblème de la LPO, les préoccupations qui le concernent obligent celle-ci, en raison même de ces évolutions aux effets secondaires souvent négatifs, à prendre en compte non seulement les habitats mais aussi l’état des biocoenoses qui déterminent la survie de la plupart des oiseaux. En effet, presque tous ont un stade qui dépend d’autres embranchements animaux et non des seuls végétaux, en particulier, dans un très grand nombre de cas, de celui des arthropodes.
En France, l’agriculture occupe environ 2/3 du territoire. C’est la raison pour laquelle la LPO vous présente son "Manifeste pour une Agriculture Respectueuse de la Nature et des Hommes", manifeste qui fait écho tant à une récente expertise de l’INRA : "Agriculture et Biodiversité. Favoriser les Synergies" qu’à la proposition d’Olivier de Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, de promouvoir partout dans le monde des modèles agricoles, tel l’agroécologie, lesquels, pour produire s’appuient sur la vie oubliée du sol, c’est-à-dire pas moins de 80 % de la biomasse ! C’est à ce prix que nous protégerons les sols, pérenniserons la production, la biodiversité, donc les Oiseaux, sans compter la santé des agriculteurs et celle des consommateurs.
Michel Métais
Directeur Général de la LPO France
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