Dans une indifférence quasi totale, la plus ambitieuse législation de protection de l’environnement depuis plus de 30 ans est actuellement discutée au niveau européen.
En juin 2022, la Commission européenne a présenté une proposition de loi visant à imposer aux États membres de restaurer les forêts, les zones humides et autres milieux marins et terrestres endommagés par les activités humaines.
Cette proposition va prochainement être discutée dans les commissions Agriculture (23 mai), Pêche (24 mai) et Environnement (15 juin) du Parlement Européen. Le vote en séance plénière, réunissant les 705 eurodéputés, est ensuite prévu lors de la session du 10 au 13 Juillet 2023. Si cette loi pour la restauration de la nature (LRN) est adoptée, les États membres auront alors 2 ans pour établir et présenter leurs plans d’action nationaux, avant de les mettre en application.
Une opportunité historique
Bien que perfectible, le texte proposé permet néanmoins de garantir la mise en œuvre d’actions concrètes et d’une ampleur inédite à l’échelle européenne pour la sauvegarde de l’environnement. Contrairement aux initiatives passées qui reposaient sur la bonne volonté des gouvernements sans échéances claires, ce projet fixe cette fois des objectifs juridiquement contraignants, et donc obligatoires, en vue de restaurer au moins 20% de la superficie terrestre et maritime de l’UE avant 2030 et plus de 90% des habitats naturels considérés comme dégradés d’ici à 2050. Les objectifs axés sur la restauration des écosystèmes agricoles et forestiers revêtent également une grande importance, car ils obligent les États membres à progresser dans le rétablissement des espèces vulnérables dans les paysages actuellement surexploités par des pratiques intensives, en réduisant notamment l’utilisation des pesticides de manière drastique.
Représentante française de l’alliance BirdLife International, la LPO a décidé de rejoindre la coalition inter associative #RestoreNature et milite pour que la France et ses 79 élus au Parlement Européen se prononcent en faveur de cette loi essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Un outil d’emailing a également été mis à la disposition des citoyens pour interpeller leurs eurodéputés afin de les inciter à voter pour l’adoption du texte en juillet prochain.
"La Directive européenne « Habitat – Faune – Flore » votée en 1992 a permis la mise en place du réseau Natura 2000 pour la protection des espaces naturels les plus fragiles. Elle est désormais insuffisante face à la gravité de la situation. Le Parlement Européen ne peut rester indifférent à ce rendez-vous historique capable d’enrayer l’agonie de la biodiversité."
Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO