Samedi 18/05, dans le cadre de sa convention avec la ville de Berre l’Étang, la LPO PACA est intervenue sur le site de la Pointe de Berre afin de favoriser la reproduction d’une espèce menacée de disparition, le Gravelot à collier interrompu, « GCI » pour les intimes !
En effet, ce petit limicole protégé, possède la fâcheuse tendance à s’installer dans des lieux à hauts risques pour une espèce nichant à même le sol en période printanière et estivale, le littoral…
Hauts de plage soumis aux marées et aux embruns, zones privilégiées des usagers du littoral, zones de balade des chiens au flair redoutable, autant de sites qu’affectionne notre GCI y trouvant une alimentation adaptée (petits invertébrés) et un substrat propice à sa nidification… Pourtant, la destruction des nichées du fait des activités humaines est une menace directe pour la survie de notre petit échassier migrateur.
Une intervention concertée
C’est dans ce contexte et après l’alerte donnée par des bénévoles de la LPO et des contributeurs à la base de données collaborative Faune-Paca (www.faune-paca.org), que la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) des Bouches-du-Rhône a donné son accord pour la mise en place d’enclos (zones de tranquillité) sur la Pointe de Berre située sur le Domaine Public Maritime (DPM). Ni une ni deux, les services techniques de Berre-l’Étang mettant à disposition le matériel nécessaire à l’opération, un petit groupe s’est mobilisé afin de protéger la zone de reproduction de l’espèce.
Un dispositif sommaire mais efficace
Dans l’urgence, le dispositif est sommaire : de simples piquets de chantier, de la rubalise et des affiches de sensibilisation sont installés sur site après en avoir expliqué l’utilité aux usagers présents lors de l’installation. La zone est très fréquentée et plusieurs nids ont d’ores et déjà été détruits en ce début de saison de reproduction ; les raisons : une circulation anarchique de véhicules motorisés, de piétons et de chiens mais aussi de possibles cas de prédation naturelle… Bien que sommaires, les enclos temporaires ont prouvé leur efficacité sur d’autres sites des littoraux de la Manche et de l’Atlantique et même beaucoup plus proche sur la commune de Martigues (cf. article à paraître).
Le GCI mais pas que !
Outre le désormais familier GCI, la pointe de Berre accueille également son cousin, le Petit Gravelot dont un nid a été découvert sur site. Ce site de reproduction a fait l’objet d’une attention particulière et a été protégé selon la même méthode que le site propice à la reproduction du Gravelot à collier interrompu. La reproduction a pu aller à son terme et 4 poussins ont éclos sur la zone.
Fait inattendu, une autre espèce a bénéficié des conditions rendues propices à la reproduction du GCI, plusieurs couples de Sternes naines se sont appropriées la zone de tranquillité peu de temps après sa mise en place et plusieurs couveurs ont été recensés fin mai. C’est une très bonne nouvelle pour cette espèce considérée En Danger (EN) de disparition en PACA (Flitti et al., 2009).
Et maintenant ?
Les zones de tranquillité sont en place jusqu’à la fin du mois d’août. En effet, les Gravelots à collier interrompu sont connus pour réaliser deux pontes. Un premier pic de ponte est établi début mai et un second début juin. Les jeunes, nidifuges, seront volants pour les plus tardifs à la fin du mois d’août tout comme les poussins de Sterne naine. Durant cette période, le grand public est invité à respecter les zones de tranquillité et à tenir les chiens en laisse lors de leurs balades en zones naturelles (rivages, garrigues, forêts, etc.). alors que la LPO et son réseau d’observateurs assureront un suivi de la reproduction sur site en espérant que des jeunes puissent être menés à l’envol.
La mairie de Berre l’Étang, la DDTM des Bouches-du-Rhône et la LPO PACA réfléchissent à mieux maîtriser la circulation sur le site, en particulier la circulation de véhicules motorisés, pour favoriser la renaturation du site. Une concertation spécifique est programmée à l’automne.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Gravelot à collier interrompu est nicheur exclusivement dans les Bouches-du-Rhône exception faite de quelques sites de la côte varoise. La population nicheuse était comprise, lors de la dernière estimation au milieu des années 2000, entre 175 et 255 couples soit 15 % de l’effectif national (Flitti et al., 2009). L’espèce est jugée Vulnérable (VU) de disparition selon la dernière liste rouge régionale des oiseaux nicheurs établie en 2016.
Quelques recommandations pour ne pas compromettre la reproduction des oiseaux nichant au sol…
- Respectez les aménagements et les zones de tranquillité, la perturbation intentionnelle d’espèces protégées est passible de 750 € d’amende
- En zone naturelle, tenez vos chiens en laisse courte de fin mars à fin août : le dérangement des adultes et des poussins favorise la prédation
- Restez sur les sentiers aménagés
- En bord d’étang ou sur le littoral, privilégiez la marche au bord de l’eau sur les zones mouillées plutôt que les cordons coquilliers et les zones de haut de plage. Ne collectez pas les déchets en haut de plage entre le 1er avril et la fin du mois d’août.
Pour en savoir plus :
LPO PACA
Délégation Bouches-du-Rhône/Vaucluse
bouches-du-rhone@lpo.fr
04 82 78 03 09
Opération on marche sur des œufs :
Opération 2024 « Attention, on marche sur des œufs ! » - LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) - Agir pour la biodiversité