Récit très touchant de Michèle Corsange de la LPO PACA, suite à la découverte d'un jeune Petit-duc scops au pied d'un mur de l'école de Maussane. Cette histoire nous rappelle que certains animaux sauvages élèvent leurs jeunes en ville et qu'il ne faut surtout pas les extraire de leur milieu, car même au sol un jeune continue d'être nourri par ses parents.
"11h50 Yves Lopez vient m’avertir que les agents communaux ont trouvé un Petit Duc au pied du mur de l’Ecole du village et ne savent que faire pour bien faire.
Ma première réponse est « Ne rien faire car les parents ne sont sûrement pas loin, s’occuperont de leur jeune et dans un jour ou deux ce dernier volera de ses propres ailes, prêt déjà pour le grand envol vers l’Afrique. »
Scène banale en Provence, tous les ans en juillet les gens trouvent au pied des platanes ces oiseaux et, croyant bien faire, les prennent, ce qu’il ne faut surtout pas faire car la détention d’un animal sauvage est interdite par la Loi. En cas de blessure, le mieux est de contacter le Centre de Soin de la Faune Sauvage de Buoux géré par la LPO (Tél : 04 65 09 02 20).
Que reste-t-il à faire ? Les voitures ne manquent pas dans les rues de Maussane et la crainte est grande également qu’un chat ne vienne se risquer à affronter le jeune oiseau (à mon avis le chat est d’avance perdant car le Petit Duc est très combattif !). Coup de fil au Centre de Buoux. « Le mieux nous dit-on est de placer l’oiseau dans un grand carton aux bords assez haut pour éviter un envol subreptice et placer ce dernier en hauteur ». Ce que les agents entreprennent aussitôt de faire avec beaucoup d’attention et de soin dans la manipulation du petit rapace assez agressif. De vrais experts !
Première tentative. L’oiseau est dans la boîte mais il s’agit déjà d’un jeune fugueur, il nous échappe et va se placer bien dressé sur ses pattes au bord de la rue, arrivent des voitures. C’est le stress, chez les sauveteurs pas chez l’oiseau qui nous regarde droit dans les yeux comme pour nous défier.
Deuxième tentative réussie avec maestria mais pas sans peine, il a fallu ruser, faire preuve d’inventivité ; Yves et le personnel n’en manquent pas !
Dernière épreuve. Il reste maintenant à placer le carton et son hôte indocile en hauteur. Le toit d’un des parasols de la cour de l’Ecole fera l’affaire. Encore faut-il escalader le mur, faire franchir l’obstacle au Petit Duc « encartonné », réussir à placer le carton au bon endroit. Plus facile à dire qu’à faire et le Petit Duc qui n’apprécie guère sa situation, entend bien le faire savoir. Quand enfin le carton est posé, d’un seul coup tout vole, le carton, l’oiseau et nous restons ahuris devant ce furieux qui vole magnifiquement sans bruit sur quelques mètres et se pose bien à l’ombre au pied d’un arbre de la cour de l’Ecole.
Tentative de photos à quelques mètres du héros du jour : le Petit Duc est planté face à nous. « Que vienne s’y frotter qui voudra. Je ne donne pas cher de sa peau » grommèle l’oiseau dans ses plumes, raide comme un Ministre en prêche.
Les enfants de l’Ecole rassemblés sous le « parasol-hôte » ont assisté à toute la scène avec intérêt, quelle chance de pouvoir acquérir ainsi quelques connaissances bien vivantes ! Un souvenir de vacances inattendu. Le vrai bonheur est toujours là où personne ne l’attend, dans la nature.
Le Petit Duc Scops est un petit rapace nocturne essentiellement insectivore que l’on trouve souvent dans les allées de vieux arbres des villages du Sud de la France. Pas plus gros qu’une Grive, cet oiseau migrateur repart en septembre pour l’Afrique tropicale et ne reviendra en Provence qu’à partir de février.
Son chant est assez remarquable : un sifflement flûté répété toutes les 2 ou 3 secondes (parfois en duo avec la femelle), il est souvent confondu avec celui du Crapaud alyte. Venez écouter chanter les platanes lorsque la nuit est tombée. C’est féérique !"
Maussane 18 Juillet 2017
Michèle Corsange - LPO PACA