Retour point par point sur les promesses faites par le candidat Macron en 2017. En avril 2017, la LPO avait questionné les candidats à l’élection présidentielle sur leurs propositions en matière de protection de la biodiversité. Emmanuel Macron avait répondu à nos questions sur ses ambitions écologiques. Six mois avant l’échéance de son mandat, la LPO a analysé les résultats obtenus par le Président de la République au regard de ses propres engagements. Entre reports d’échéance, dérogations et reculades, ils sont globalement décevants, en particulier sur des enjeux majeurs tels que la surexploitation des ressources naturelles, l’agriculture et l’artificialisation des sols.
Le début du mandat d’Emmanuel Macron a été marqué de signaux forts avec en premier lieu la nomination de Nicolas Hulot, dont personne ne peut mettre en cause les convictions, et des avancées concrètes sans doute posées comme conditions par l’intéressé tels que les abandons de la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes et du projet aurifère de la Montagne d’Or en Guyane. Mais la démission fracassante du Ministre fin août 2018 a rapidement mis un terme aux ambitions écologiques du gouvernement, en révélant le poids des lobbies industriels, financiers, agricoles et cynégétiques dans ses décisions.
A l’échelle européenne, Emmanuel Macron a laissé passer une occasion historique de réformer en profondeur la Politique agricole commune en faveur d’une véritable transition agroécologique indispensable pour stopper l’effondrement de la biodiversité, laquelle reste la grande oubliée du Pacte vert pour l’Europe de juillet 2021 essentiellement focalisé sur le climat. En parallèle, la destruction de la biodiversité marine, décimée par la surexploitation des ressources halieutiques et la pollution, continue d’être largement encouragée par les subventions européennes. En France, rarement un chef de l’Etat aura fait autant de cadeaux et accordé de passe-droits au monde de la chasse, et c’est aussi la première fois qu’un Président dela République en poste attend la fin de son mandat pour recevoir les grandes associations de protection de la nature, éconduites pendant 4 ans. Les propositions issues du « Grand débat national » de 2019 comme les préconisations de la Convention pour le climat composée de citoyens tirés au sort n’ont pas été beaucoup plus écoutées. Les régressions environnementales, et limitations de recours pour les ONG, initiées par les précédents gouvernements sous prétexte de « simplification » et de libération des énergies entrepreneuriales, se sont poursuivies.
L’accueil du Congrès mondial de la biodiversité à Marseille début septembre 2021 fut l’occasion de nouvelles annonces et de promesses, sans aucune action concrète ni réels moyens humains et financiers. Quelques jours plus tard, le Chef de l’Etat ordonnait la mise en consultation de projets d’arrêtés autorisant le piégeage traditionnel des oiseaux, ignorant des jugements de la Cour de Justice de l’Union Européenne et du Conseil d’Etat. Et la France continue de permettre la destruction d’espèces en danger inscrites sur les listes rouges de l’UICN.
Le « Plan Hulot » censé redynamiser l’actuelle Stratégie Nationale de la Biodiversité en souffrance, dans l’attente d’une nouvelle stratégie, a très vite été abandonné. Et aucun moyen humain ou financier n’est annoncé pour la future SNB sans cesse retardée.
La crise sanitaire mondiale, apparue fin 2019 et qui ne cesse de sévir, aurait dû pousser les différentes gouvernements à prendre enfin la mesure des enjeux écologiques. A changer de paradigme en portant la protection de la biodiversité au niveau des enjeux climatiques. Pourtant, très vite, les promesses d’un « monde d’après » ont été oubliées au profit de visions économiques à court terme.
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