Samedi 10 décembre, Pierre Rigaux, vice-président de la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), a offert à soixante-quinze citoyens vitrollais et de communes plus lointaines un éclairage scientifique sur le loup.
Admiré par les uns, détesté par les autres, cet animal mythique déchaîne les passions et les conférences à son sujet attirent les foules.
C’est ce qui s’est passé le 10 décembre dernier à la médiathèque La Passerelle de Vitrolles, où le public est venu si nombreux qu’une partie n’a malheureusement pas pu accéder à l’auditorium. Une seconde conférence sera organisée sur la commune pour permette à tous ceux qui n’ont pas pu entrer d’assister à la conférence.
Les personnes qui ont eu la chance d’être présentes ont pu découvrir qui est vraiment « le loup », grâce aux études menées sur le terrain depuis des années par de nombreux scientifiques et naturalistes dont Pierre Rigaux fait partie.
Il existe plusieurs espèces et sous-espèces de la famille des Canidés regroupées sous le terme général de « loup ». L’espèce qui faisait l’objet de cette conférence était le loup gris, « Canis lupus », qui est l’espèce du genre Canis la plus répandue en Europe.
Pour commencer à familiariser le public avec ce mammifère, le conférencier a tout d’abord mis à mal les fausses images véhiculées sur le loup au cinéma ou dans la littérature. Souvent, le loup y est représenté avec une taille démesurément grande par rapport à sa taille réelle et on lui donne un air très féroce lorsqu’il s’attaque à une proie. En réalité, le loup gris n’est pas plus grand qu’un chien de type berger allemand ou husky, et lorsqu’il chasse, il n’a pas besoin de faire de mimique agressive envers sa proie, qui sait déjà qu’elle en est une ! Il montrera les crocs seulement s’il se sent menacé.
Sa discrétion contribue à en faire un animal énigmatique pour l’Homme. En effet, le loup se déplace de jour comme de nuit, loin des regards et se confond très bien avec son environnement.
Mais, tout comme l’Homme, le loup est un animal social : il vit en meute (cinq individus par meute en moyenne en France), organisée de façon hiérarchique. Dans chaque meute, seule le « couple alpha » se reproduit, et uniquement s’il y a de la nourriture en quantité suffisante. Cela empêche une prolifération des loups puisque l’espèce s’autorégule. De plus, chaque meute défend son territoire des autres loups. Un espace ne peut donc pas se retrouver colonisé par plus d’une meute. Le territoire d’une meute (l’espace nécessaire pour vivre, chasser, etc.) est très vaste. Les loups peuvent ainsi parcourir plus de 50 kilomètres en une seule journée !
Au cours de la conférence, Pierre Rigaux n’a pas éludé le fait que les loups s’en prennent parfois à des troupeaux d’animaux domestiques pour se nourrir, lorsqu’ils n’ont pas suffisamment d’herbivores sauvages (chevreuils, chamois, cerfs, sangliers, etc.) à portée de pattes. Cette concurrence difficile entre les éleveurs et les loups dure depuis des siècles. En 1882, une loi en faveur de la destruction du loup fut votée en France, menant l’espèce jusqu’à son extinction complète en 1940. Les loups présents aujourd’hui en France proviennent des pays limitrophes, l’Italie et potentiellement l’Espagne. Les loups italiens ont bénéficié d’un statut de protection à partir de 1976, évitant l’extinction complète de l’espèce Canis lupus en Europe.
Bien que ce n’était pas le sujet de cette conférence, la question de la coexistence du loup avec les éleveurs a donc été soulevée.
Selon le conférencier, cette coexistence est possible, voire nécessaire pour le maintien de la biodiversité. « Pour ce faire, il faut inventer de nouveaux systèmes de protection des troupeaux, plus efficaces que ceux qui existent actuellement. Ce travail incombe aux ingénieurs agronomes, et non aux naturalistes ni aux éleveurs. Cependant, il faut tenir compte des connaissances du loup et des troupeaux de ces hommes et femmes de terrain pour créer une protection efficace » P.Rigaux.
La conférence s’est terminée par un temps d’échange où chacun pouvait poser ses questions et exprimer son point de vue sur le sujet.
Un grand merci à Pierre Rigaux, au personnel de la médiathèque, et à toutes les personnes qui sont venues en nombre assister à cette conférence.
