Cette année encore, le célèbre Gravelot à collier interrompu bagué 021, a entrepris un long périple hivernal jusqu’à Ebel Kheaiznaya, près du Banc d’Arguin en Mauritanie. Il a été aperçu le 21 novembre par l’ornithologue et bagueur Bob Loos de la Royal Netherlands Institute for Sea Research .
Pour rappel, l’oiseau avait été bagué poussin sur les salins d’Hyères le 7 juin 2017 par Aurélien Audevard, ornithologue et bagueur à la LPO PACA. Il avait été vu en décembre 2018 en Mauritanie, avant de revenir sur son site de reproduction, aux salins des Pesquiers le 05 avril 2019. Ce Gravelot à collier interrompu avait alors tenté de se reproduire jusqu’en juillet, malheureusement sans succès. A la suite de cet échec, il a quitté la France pour passer une nouvelle fois l’hiver en Mauritanie.
Un grand nombre de limicoles voyagent chaque hiver jusqu’au banc d’Arguin, parcourant ainsi jusqu’à plus de 2000 km pour atteindre la Mauritanie. Il s’agit seulement de la deuxième donnée enregistrée sur un site d’hivernage africain pour les individus issus de ce programme de baguage. Le Gravelot à collier interrompu fait l’objet d’une attention particulière sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, alors qu’en méditerranée (France), une seule étude est en cours. D’après les premiers résultats, il semblerait que les deux populations aient des aires d’hivernage différentes. Les oiseaux de l’ouest de la France hivernent avec certitude en Espagne et au Portugal, alors que les méridionaux auraient tendance à rejoindre l’Afrique.
Programme d'étude afin d'acquérir de nouvelles connaissances
Afin de récolter de nouvelles connaissances sur l’espèce (trajets migratoires, sites d’hivernages), un suivi méticuleux et l’emploi de petites balises gps (1,5 gr) vont être déployés sur les salins d’Hyères avec le soutien financier de la Fondation du Patrimoine, de la Métropole Toulon Provence Méditerranée et du Conservatoire du Littoral.
À l’échelle européenne, le Gravelot à collier interrompu est en déclin (catégorie SPEC 3), notamment dans les pays nordiques, d’Europe centrale et au Portugal. Il a été récemment classé en Annexe I de la Directive Oiseaux. Par ailleurs, les populations des pays méditerranéens semblent également en déclin, puisque classées sur les listes rouges régionales des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur (2013) et du Languedoc Roussillon (2015). En France, l’effectif nicheur est compris dans une fourchette de 1 260 à 1 526 couples (Issa & Muller, 2015) et apparaît stable depuis ces 20 dernières années, mais leur évolution diffère selon les façades maritimes. La région méditerranéenne connaît un déclin généralisé de -40% en Provence-Alpes-Côte d’Azur à -18% en Languedoc Roussillon (Issa & Muller, 2015).