La commune d’Hyères, de par la présence des salins et de ses sites annexes, est une commune très riche pour l’avifaune, et arrive en seconde position en 2019 des communes les plus riches de Provence-Alpes-Côte d’Azur en ce qui concerne la richesse aviaire avec 245 espèces pour l'année 2019, juste derrière Arles. Au total, 325 espèces y ont été dénombrées (+11 sous-espèces et 2 hybrides) dont 56 espèces nicheuses, 138 espèces hivernantes, 305 espèces migratrices.
L’année 2019 correspond à la dix-huitième année consécutive de suivi ornithologique du site des Salins d’Hyères en tant que propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, et la première année des suivis protocolés des marais périphériques, ce qui est particulièrement intéressant compte tenu de leurs richesses écologiques, leurs connectivités et de leurs complémentarités. Ces sites sont gérés par la Métropole Toulon Provence Méditerranée, qui a confié à la LPO Provence-Alpes-Côte d’Azur la réalisation de leur suivi ornithologique, par décade pour les hivernants et migrateurs, et hebdomadaire pour les laro-limicoles nicheurs.
Les Salins d’Hyères constituent un important réservoir de biodiversité intégré au réseau Natura 2000 au titre de la Directive « Habitats » et de la Directive « oiseaux ». Ces recensements précis permettent de suivre l’évolution de la fréquentation du site par les oiseaux, l’évolution de sa biodiversité et de proposer des préconisations de gestion concertées avec la Métropole Toulon Provence Méditerranée, pour répondre au mieux, aux besoins de l’avifaune.
Des sites attractifs pour de nombreuses espèces
Il ressort du bilan 2019, une évidente attraction des sites pour de nombreuses espèces qui y trouvent une zone de halte migratoire, d’hivernage de tout premier ordre mais surtout unique dans le département du Var avec des zones de reproduction diversifiées et adaptées aux besoins des laro-limicoles.
Même si le succès reproducteur n’est pas forcément au rendez-vous pour l’ensemble des laro-limicoles, la saison de reproduction 2019 sur les salins d’Hyères montre que les espèces nicheuses restent fidèles à leur site de reproduction.
En effet, les aménagements réalisés au cours de la décennie et la gestion des niveaux d’eau ont permis une nouvelle fois, une très forte attractivité du salin des Pesquiers en 2019 même si des ajustements pourraient permettre une reproduction et une attraction pour les laro-limicoles encore meilleure.
Le suivi des laro-limicoles, réalisé sur les Salins d’Hyères fournit des informations sur la qualité des milieux et des éventuelles menaces qui les affectent. Ces données, dès lors qu’elles sont produites sur l’ensemble des sites d’une zone biogéographique, permettent une évaluation à l’échelle considérée du statut des oiseaux, mais aussi de l’état des habitats qu’ils occupent et des mesures de conservation dont ils peuvent bénéficier.
L’évolution des populations nicheuses sur les salins offre le moyen d’évaluer la pertinence et l’efficacité de la gestion appliquée à ces milieux. Dans la continuité de la démarche entreprise par la Métropole Toulon Provence Méditerranée, et dans l’optique de protéger la biodiversité des salins méditerranéens, un suivi synchronisé et standardisé de la reproduction à l’échelle de la Méditerranée est poursuivi en 2020 sous l’impulsion du Conservatoire d’Espaces Naturels Languedoc Roussillon et de la Tour du Valat qui prennent le relais des Amis des marais du Vigueirat avec la fin du Life ENVOLL. Les résultats de ces suivis montrent des échanges réguliers entre les colonies méditerranéennes en fonction des échecs ou des dérangements rencontrés au cours d’une saison si bien qu’il ne faut pas être trop alarmiste dès qu’un site est déserté. Bien souvent, un autre prend le relais pour accueillir le report de ces colonies. Ce réseau de sites est très fonctionnel mais reste peu utilisé pour des espèces comme le Gravelot à collier interrompu ou l’Échasse blanche.
Sites de halte migratoire d’importance internationale
Les salins d’Hyères sont désormais reconnus comme étant un site majeur pour la reproduction des laro-limicoles sur la façade méditerranéenne française. Les nombreux contrôles de diverses espèces d’oiseaux bagués permettent également de valoriser le site aux yeux des partenaires scientifiques extérieurs. Les efforts entrepris dans ce sens depuis 2011 montrent également son importance internationale en tant que site de halte migratoire notamment pour les oiseaux en provenance d’Afrique, de la Mer Baltique ou des pays de l’Est. Dans cette lignée, il convient de poursuivre nos recherches.
Valorisation des connaissances
La valorisation vers l’extérieur des données ornithologiques provenant des recensements standardisés réalisés régulièrement au cours de l’année est rendue possible par la saisie des observations sur le site Internet faune-paca.org. La transmission des données est également effectuée par la même occasion vers le site « visiolittoral », animé par le Conservatoire du Littoral, la base de données Silène Faune est aussi alimentée. Un véritable engouement de la part des ornithologues amateurs a été noté depuis six ans avec des observateurs venant des quatre coins de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ou de France, pour participer aux comptages ou voir depuis l’extérieur les espèces rarissimes découvertes.
Les résultats positifs de ce travail conjoint entre la Ligue pour la Protection des Oiseaux et la Métropole Toulon Provence Méditerranée doivent servir d’exemple à d’autres sites en France et en Europe. Pour ce faire, le travail de publication scientifique et pédagogique entrepris est poursuivi en 2020.
Télécharger le bilan : https://paca.lpo.fr/images/mediatheque/fichiers/section_actualite/2020/09/2020_09_15_bilan_reproduction_salins_hyeres_2019.pdf