Propriété du Conservatoire du Littoral gérée par la commune d’Hyères et le Parc national de Port-Cros, les Marais des Estagnets sont situés à l’extrême sud du tombolo de Giens occidental et classé en réserve biologique depuis 1996 par arrêté municipal. Ce site montre une diversité d’habitats et une richesse faunistique et floristique remarquable qui ont permis de réaliser une belle saison de baguage.
À l’origine d’eau douce, ces marais temporaires qui collectent naturellement les eaux de ruissellement du versant nord de Giens, ont longtemps subi les intrusions marines liées au mauvais état de la dune. Depuis, elle a été reconstituée et protégée. La modification de son réseau pluvial par une urbanisation de masse a aussi engendré ce déséquilibre.
Inventaires naturalistes
Des recensements de l’avifaune y sont régulièrement effectués par la LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur durant toute l’année. Un programme de baguage des passereaux y est effectué chaque année à l’automne par un bénévole de l’association.
Ce programme de baguage vise à caractériser et quantifier sur le long terme les stratégies de haltes migratoires des passereaux communs en France. Entre les épisodes de vol, les oiseaux migrateurs doivent s’arrêter pour se reposer et/ou reconstituer leurs réserves énergétiques (graisse) afin de pouvoir reprendre leur parcours migratoire. La connaissance des variations de stratégie de halte migratoire entre individus, espèces, années, ou sites est utile tant pour la compréhension scientifique du processus (notamment comment il est affecté par les changements globaux) que pour la conservation. Ce programme contribue à évaluer l’évolution sur le long terme de la qualité du réseau de sites de halte migratoire et sa contribution à la bonne conservation des populations migratrices.
Au cours de ces sept années de 2014 à 2020, 16 332 oiseaux de 60 espèces différentes ont pu être capturés sur les marais des Estagnets à Hyères.
De par sa situation géographique et sa diversité de milieux (roselières, Tamaris, buissons de Pistachier lentisque, d’Oliviers et zones d’eau douce et saumâtres), il s’avère qu’il est un site très intéressant pour les passereaux durant leurs haltes migratoires qui y trouvent aussi bien des insectes (diptères en masse), que des fruits (olives, drupes).
Résumé du bilan 2020
Le 30 novembre s'est achevée la saison de baguage 2020. Voici donc un rapide bilan des captures réalisées. Ce fut une très belle année avec un total de 4390 captures (4247 baguages et 143 contrôles).
Bilan des captures :
- Fauvette à tête noire, Sylvia atricapilla : 2514 B + 28 C (57.90 %)
- Pouillot véloce, Phylloscopus collybita : 941 B (2 baguages de Tristis) + 9 C (21.64 %)
- Rougegorge familier, Erithacus rubecula : 356 B + 40 C (9.02 %)
- Fauvette mélanocéphale, Sylvia melanocephala : 141 B + 14 C (3.53 %)
- Roitelet à triple bandeau, Regulus ignicapilla : 74 B + 16 C (2.05 %)
- Roitelet huppé, Regulus regulus : 34 B + 6 C (0.91 %)
- Pouillot fitis, Phylloscopus trochilus : 20 B + 5 C (0.56 %)
- Troglodyte mignon, Troglodytes troglodytes : 19 B + 5 C (0.54 %)
- Grive musicienne, Turdus philomelos : 22 B (0.50 %)
- Bouscarle de Cetti, Cettia cetti : 10 B + 11 C (0.47 %)
- Mésange bleue, Cyanistes caeruleus : 14 B + 6 C (0.45 %)
- Bruant des roseaux, Emberiza schoeniclus : 19 B + 1 C (0.45 %)
- Merle noir, Turdus merula : 11 B (0.25 %)
- Accenteur mouchet, Prunella modularis : 9 B (0.20 %)
- Rougequeue noir, Phoenicurus ochruros : 8 B (0.18 %)
- Fauvette pitchou, Sylvia undata : 7 B (0.15 %)
- Fauvette des jardins, Sylvia borin : 6 B (0.13 %)
- Pouillot à grands sourcils, Phylloscopus inornatus : 5 B (0.11 %)
- Rousserolle effarvatte, Acrocephalus scripaceus : 4 B (0.09 %)
- Pinson des arbres, Fringilla coelebs : 4 B (0.09 %)
- Rougequeue à front blanc, Phoenicurus phoenicurus : 4 B (0.09 %)
- Mésange huppée, Lophophanes cristatus : 2 B + 2 C (0.09 %)
- Martin-pêcheur d’Europe, Alcedo atthis : 3 B (0.06 %)
- Mésange à longue queue, Aegithalos caudatus : 2 B (0.04 %)
- Verdier d’Europe, Chloris chloris : 2 B (0.04 %)
- Tarier pâtre, Saxicola rubicola : 2 B (0.04 %)
- Gobemouche gris, Muscicapa striata : 1 B (0.02 %)
- Gobemouche noir, Ficedula hypoleuca : 1 B (0.02 %)
- Serin cini, Serinus serinus : 1 B (0.02 %)
- Fauvette babillarde, Sylvia curruca : 1 B (0.02 %)
- Grimpereau des jardins, Certhia brachydactyla : 1 B (0.02 %)
- Tarin des aulnes, Spinus spinus : 1 B (0.02 %)
- Moineau domestique, Passer domesticus : 1 B (0.02 %)
- Torcol fourmilier, Jynx torquila : 1 B (0.02 %)
- Gorgebleue à miroir, Luscinia svecica : 1 B (0.02 %)
- Pipit farlouse, Anthus pratensis : 1 B (0.02 %)
- Faucon crécerelle, Falco tinnunculus : 1 B (0.02 %)
Contrôles étrangers :
Sur le site de baguage, un contrôle d’une Fauvette à tête noire baguée en Allemagne a été réalisé le 9 octobre.
Le 12 novembre un contrôle d’un Bruant des roseaux qui avait été bagué en Suède.
Autocontrôles :
Des contrôles inter-années montrent la fidélité de certains individus au site. Cette année les contrôles suivants ont été réalisé :
- Baguage en 2013 : 1 Fauvette mélanocéphale (8A)
- Baguage en 2016 : 1 Mésange bleue (5A)
- Baguage en 2018 : 1 Troglodyte mignon (3A)
- Baguage en 2019 : 1 Bouscarle de Cetti, 4 Roitelets à triple bandeau, 2 Mésanges bleues, 1 Fauvette à tête noire et 3 Rougegorges familiers (2A)
Notons l’importance de ce site d’halte migratoire permettant aux oiseaux de stationner quelques jours pour s’engraisser avant de reprendre leur migration. Voici quelques exemples extrait des contrôles de cette année :
- Du 20/10 au 29/11 Fauvette mélanocéphale (Adiposité 1 ➡️ 2 a pris +1.14 grammes)
- Du 16/10 au 25/10 Fauvette à tête noire (Adiposité 1 ➡️ 2 a pris +1.62 grammes)
- Du 30/10 au 5/11 Fauvette à tête noire (Adiposité 1 ➡️ 2 a pris +1.96 grammes)
- Du 11/11 au 14/11 (3 j) Fauvette à tête noire (Adiposité 2 ➡️ 3 a pris 1.76 grammes)
- Du 25/10 au 01/11 Rougegorge familier (Adiposité 1 ➡️ 4 a pris +2.72 grammes)
- Du 28/10 au 31/10 Rougegorge familier (Adiposité 1 ➡️ 2 a pris +1.87 grammes)
- Du 4/10 au 18/10 Roitelet à triple bandeau (Adiposité 1 ➡️ 2 a pris +2.01 grammes !!)
La métropole Toulon Provence Méditerranée, le CRBPO et la LPO PACA, permettent le baguage sur ce site exceptionnel. Ainsi que tous les bénévoles présents lors des matinées de baguage.
La Presqu’île de Giens, un passage obligé pour les migrateurs
Les contrôles et les reprises indiquent bien un axe nord-est / sud-ouest, décelé aussi les années précédentes sur les Salins d’Hyères par le biais de contrôles de bagues colorées sur les limicoles et les laridés.
Les oiseaux à l’automne traversent donc l’Europe centrale, contournent très probablement l’arc alpin par le sud, pour déboucher dans le nord de l’Italie et suivent finalement la côte en traversant Monaco et arrivent jusqu’à Hyères, où la presqu’île de Giens est une barrière naturelle à leur passage, les forçant à se poser dans les marais des Estagnets ou les Salins d’Hyères. Ce lieu de halte migratoire pour les laro-limicoles était déjà très attractif et connu, mais peu d’indices laissaient supposer que les passereaux pouvaient y faire eux aussi des séjours (parfois contraints). Après quelques jours de stationnements, ces migrateurs reprennent leur route en longeant tout le bassin méditerranéen français pour rejoindre l’Espagne et vraisemblablement l’Afrique.
Le bilan de ces opérations est particulièrement intéressant et montre que la presqu’île de Giens reste un passage obligé pour les migrateurs et que les marais des Estagnets sont un véritable piège à migrateurs très fréquenté à l’automne.
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