Saisi en référé par la Ligue Pour la Protection des Oiseaux Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Société Alpine de Protection de la Nature (SAPN), le tribunal administratif de Marseille a suspendu les cinq arrêtés préfectoraux autorisant 71 battues au renard dans les Hautes-Alpes.
A la fin du mois de janvier, la préfète des Hautes-Alpes avait publié cinq arrêtés permettant aux lieutenants de louveterie d’effectuer 71 battues administratives sans aucune limitation du nombre de renards à abattre ! Ces mesures s’ajoutant aux prélèvements déjà effectués durant la période de chasse ainsi qu’à ceux réalisés dans le cadre de la régulation des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (lire notre actualité du 27/02).
Les chiffres communiqués par la Fédération des Chasseurs des Hautes-Alpes pour la période 2014-2017 s’élèvent en moyenne chaque année à environ 248 renards tués en battue, 328 par piégeage et 348 au titre de la chasse soit près de 1000 renards tués par an. Est-il nécessaire d’en tuer plus ?
La LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur et la SAPN s’appuyant sur ces données ont pu démontrer au juge que le renard est déjà suffisamment « régulé » dans les Hautes-Alpes dans le seul but de satisfaire des intérêts particuliers minoritaires et que la préfète et ses services n’apportaient aucune justification sur les prétendus dégâts causés à l’agriculture. La justice a reconnu nos arguments et a suspendu ces arrêtés. Ceux-ci n’avaient toutefois pas été appliqués, les services de la préfecture ayant donné la consigne de ne pas exécuter ces battues dès la connaissance de notre action juridique. Aucun renard n’a donc été tué depuis fin février.
Le renard, prédateur opportuniste et solitaire
Toutes les observations et études scientifiques montrent que le renard, prédateur opportuniste et solitaire, est répandu de manière aléatoire dans le département. Peu présent en altitude, il est plus régulier dans les zones de plaine ou boisées. Il consomme jusqu’à 10 000 rongeurs par an ce qui en fait un allié précieux des agriculteurs. Il prédate surtout les animaux faibles ou malades jouant ainsi un rôle de régulateur majeur dans les écosystèmes.
Par ailleurs, en relâchant dans la nature des milliers de perdrix et faisans élevés en captivité, les chasseurs offrent aux renards une nourriture facile d’accès modifiant leurs comportements naturels.
Enfin, sans nier la réalité de prélèvements ponctuels, les associations rappellent qu’avant de demander de tirer des animaux sauvages, il convient de mettre en place toutes les mesures de protection efficaces, notamment des poulaillers.
Annulation de ces arrêtés et la reconnaissance de leur illégalité en attente
La LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur et la SAPN attendent désormais le résultat du recours sur le fond qui permettra probablement comme nous le souhaitons, l’annulation de ces arrêtés et la reconnaissance de leur illégalité.