Le tribunal administratif de Marseille vient de donner raison à la LPO PACA, l'ASPAS et FERUS, en suspendant l'arrêté pris le 8/11/13 par le préfet des Hautes-Alpes qui autorisait le « tir de prélèvement » d'un loup sur 6 communes de l'Embrunais (Chorges, Prunières, Puy-Saint-Eusèbe, Puy-Sanières, Réallon et Saint-Apollinaire).
Nos associations, à l'initiative de l'ASPAS, avaient attaqué cet arrêté en considérant qu'il ne réunissait pas les conditions légales permettant au préfet d'autoriser l'abattage d'un loup. En particulier, cet arrêté a été pris suite à une attaque entraînant la perte d'une centaine de brebis à Prunières (la plupart à cause d'un dérochement), sur un troupeau dont l'éleveur déclare lui-même qu'il n'était pas du tout protégé : ni berger, ni chien de protection, ni parc de regroupement nocturne !
Au-delà de l'aspect juridique, la LPO PACA rappelle que les « tirs de prélèvements » ne solutionnent rien : tuer un loup n'empêchera pas d'autres loups ou d'autres chiens d'attaquer le troupeau, si celui-ci n'est pas suffisamment bien gardé. Les mesures de protections de troupeaux sont financées par l'Etat (bergers, clôtures, chien patou...), mais leur mise en œuvre n'est pas vérifiée. Pourtant, les troupeaux suffisamment bien gardés ne sont pas -ou extrêmement rarement- l'objet de prédation par le loup. Plutôt que de chercher à abattre des loups par réaction épidermique après une attaque sur des troupeaux insuffisamment gardés, il serait plus raisonnable d'adapter les pratiques pastorales à la présence du loup, afin de favoriser la cohabitation entre pastoralisme et biodiversité.
La filière ovine est dans une situation économique difficile. Les éleveurs vivent essentiellement de subventions publiques. Si la société française fait le choix de maintenir l'élevage ovin en le soutenant par de l'argent public, on est en droit d'attendre que cette activité soit mise en œuvre de façon compatible avec les enjeux du 21ème siècle, et avec les attentes de la société en matière de protection de la biodiversité.