Le 22 octobre dernier, l’équipe du Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage relâchait dans le Luberon un Faucon crécerelle ; une victime du braconnage prise en charge plus d’un mois auparavant.
En effet, au milieu du mois de septembre, peu après l’ouverture de la chasse, ce faucon est arrivé au Centre de sauvegarde dans un état d’amaigrissement important. Il était blessé par balle au niveau de la cage thoracique et de l’aile droite. Le plomb logé dans l’aile a pu être retiré par les soigneuses dès son arrivée, mais une radiographie a révélé la présence d’éclats également dans son genou gauche. L’oiseau a repris peu à peu des forces et a pu retrouver l'entière mobilité de son genou et de sa patte. Si le positionnement des éclats a laissé une chance à cet oiseau de se rétablir, lui permettant de retrouver aujourd’hui sa liberté, le risque d’intoxication au plomb (nommé saturnisme) sur le long terme ne peut être écarté.
Le saturnisme peut agir sur tous les systèmes vitaux du corps (système nerveux, système digestif, système reproducteur…) et une concentration élevée de plomb dans l’organisme mène bien souvent à la mort de l’animal empoisonné. Si l’intoxication au plomb menace les oiseaux tirés par balle, elle peut également concerner des oiseaux charognards, tels que les vautours ou les milans, qui se nourrissent de gibier tués et laissés sur place, mais aussi des oiseaux ornithophages (se nourrissant d’autres oiseaux) comme l’Autour des palombes ou l’Epervier d’Europe.
Faucon crécerelle plombé à son arrivée au centre de sauvegarde (à gauche) et en contention (à droite)
Le saviez-vous ?
Entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème, les empoisonnements et le braconnage ont mis en danger d’extinction de nombreuses espèces de rapaces sur le territoire européen. Grâce aux importants efforts déployés en termes de conservation et de sensibilisation, leurs populations sont aujourd’hui en meilleure santé mais demeurent vulnérables, menacées par les intoxications aux pesticides utilisés par l’agriculture intensive, la réduction de leurs habitats causée par l’artificialisation des espaces naturels, ainsi que par le développement des infrastructures linéaires de transport et d’énergie (lignes électriques, parcs éoliens, réseau routier).
Aile du Faucon crécerelle avec le plomb (à gauche) et une fois le plomb retiré (à droite)
Chaque année, le Centre de sauvegarde reçoit entre 20 et 30 rapaces victimes de tirs illégaux effectués en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Actuellement, nous hébergeons trois Faucons crécerelles, deux Eperviers d’Europe, une Buse variable et un Circaète Jean-le-Blanc plombés. Ces individus reflètent cependant une plus grande population d’animaux braconnés, qui n’est hélas jamais retrouvée. En France, la peine encourue pour la destruction d’une espèce protégée est de 3 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. De nos jours, toutes les espèces de rapaces sont protégées et la loi française punit toute destruction, mutilation, capture, détention ou mise en vente de ces espèces, mais également l’ensemble des atteintes à leurs habitats.
Radiographies de deux rapaces plombés en soins : un Epervier d'Europe (à gauche) et un Circaète Jean-le-Blanc (à droite)
Pour voir le retour à la liberté du Faucon crécerelle plombé, c'est ici !
Pour nous aider à poursuivre nos actions, vous pouvez faire un don au Centre de sauvegarde ou utiliser le moteur de recherche solidaire Lilo !