Chaque année, du 20 au 30 mars, se déroule la Semaine pour les alternatives aux pesticides (SPAP). Créée en 2005, elle se déroule durant une période clef : la première semaine du printemps, qui correspond au retour de nombreuses espèces d'oiseaux, et surtout le début des épandages dans les champs.
Coordonnée par l'association Générations Futures, en partenariat avec une cinquantaine d'organisations et associations dont la LPO fait partie, la SPAP s'organise autour de trois objectifs :
- Informer les citoyens sur les risques des pesticides de synthèse pour notre santé et pour notre planète
- Promouvoir des solutions alternatives pour vivre, consommer et produire plus durablement
- Fédérer un réseau d’acteurs et mobiliser un public toujours plus large
Près de 500 événements sont organisés chaque année en France et à l'étranger : débats, conférences, animations, portes ouvertes...De nombreux acteurs sont mobilisés pour faire découvrir des alternatives durables, efficaces et saines aux pesticides de synthèse !
Découvrer les événements de la SPAP
L'impact des pesticides au quotidien
Les pesticides, c'est-à-dire les produits destinés à lutter contre les organismes jugés "nuisibles" (plantes, champignons, bactéries, insectes...), regroupent différents usages : insecticides, herbicides, produits phytosanitaires, etc. Ils sont massivement utilisés depuis les années 50 dans l'agriculture intensive. Ils ont un impact négatif prouvé non seulement sur notre santé, mais aussi sur nos écosystèmes et les espèces de la faune et de la flore qui nous entourent. Ils agissent de façon néfaste sur le long terme, puisque leur utilisation induit des résidus non seulement dans l'eau que nous buvons et utilisons, puis s'évapore pour tomber en pluie, mais aussi dans l'air.
Sur notre santé
Inévitablement, ces pesticides ont une répercussion sur notre alimentation : près de 50% des fruits et des légumes produits par l'agriculture intensive en contiennent. Cette consommation ou inhalation de presticides posent un problème majeur de santé publique, non seulement pour les personnes les plus exposées (utilisateurs : agriculteurs, jardiniers..., mais aussi citoyens vivants à proximité des lieux de culture) mais aussi pour la population générale. L'exposition prolongée notamment, même en faible quantité, cause de nombreux problèmes de santé : les personnes exposées ont un risque plus élevé de développer des cancers, de l'asthme, des malformations congénitales, de subir des problèmes d'infertilité ou des problèmes neurologiques (maladie de Parkinson ou Alzeihmer) ou encore d'avoir un système immunitaire affaibli. À titre d'exemple, la Fondation pour la recherche contre le cancer a alerté en début d'année sur "la possible responsabilité des pesticides dans l’incidence importante et croissante des cancers du pancréas en France", selon ses dernières recherches : 16 000 cas de cancers du pancréas étaient selon ses chiffres déclarés en 2023. Pour 66 354 tonnes de pesticides achetés en France en 2022, souligne l'association...
Sur la faune et la flore
L’utilisation des pesticides peut entraîner des impacts sur la faune et la flore, directs : disparition et mort, par ingestion par exemple ; ou indirects : ressources vitales polluées, disparitions d'espèces entraînant une réduction des réserves de nourriture des autres espèces, contraction de maladie, infertilité, bioacumulation, etc. L'association Générations Futures détaille un certain nombre d'études démontrant de l'impact des pesticides sur le déclin des espèces d'oiseaux, de mammifères, d'amphibiens, etc., ainsi que sur les autres impacts des pesticides sur la santé des espèces de la faune sauvage : https://www.generations-futures.fr/publications/faune-flore-impacts-pesticides-especes/
Il va sans dire que le déclin de ces populations a un impact - sur les autres populations (prédateurs) - mais aussi sur la flore, notamment avec le déclin des pollinisateurs durement touchés par les pesticides (utilisés pour nos aliments, mais aussi nos fleurs...).
Quelles alternatives existent ?
Il existe de nombreuses alternatives écologiques à l'utilisation de ces produits de synthèse, que ce soit pour l'agriculture, le jardin, les collectivités, etc. Certaines d'entre elles sont relativement connues, comme l'agriculture biologique (ou AB) réglementée au niveau européen. Les denrées alimentaires issues de cette agriculture doivent répondre à plusieurs critères :
- aucune utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides, engrais, désherbants...),
- aucune utilisation d’OGM,
- respect du bien-être animal (transport, conditions d’élevage, abattage…),
- pour les produits transformés, une quantité de 95 % au moins des ingrédients issus de l’agriculture biologique
Toujours dans les alternatives à l'agriculture, il existe aussi la protection intégrée, qui a pour but de réduire l'utilisation de ces pesticides, et qui concrètement préconise des pratiques comme le biocontrôle (dont l'exemple le plus connu est l'utilisation de coccinelles pour lutter contre les pucerons), la lutte physique (travail du sol, désherbage mécanique) ou encore en amont la sélection d'espèces tolérantes ou résistantes.
Pour ce qui est du jardin, qui concerne aussi les particuliers, de bonnes pratiques courantes permettent de se passer de l'usage de pesticides : compost, paillage, binage, répulsifs naturels...
Des pratiques qui peuvent aussi s'appliquer aux collectivités, qui peuvent aussi recourir au désherbage non chimique et au réaménagement des espaces. À savoir : depuis 2017, les collectivités 7 les collectivités n’ont plus le droit d’utiliser ou de faire utiliser des pesticides de synthèse pour la gestion de leurs espaces publics !
Les Refuges LPO : des lieux de vie sans pesticide
Au niveau de la LPO, la charte des Refuges LPO© engage les particuliers, collectivités, entreprises, associations et établissements à ne pas utiliser de produits chimiques toxiques néfastes pour la faune et la flore.
Aux côtés de nombreux partenaires, la LPO s'est récemment opposée à la politique agricole menée par le gouvernement, orienté contre l'environnement, et dont les derniers projets ouvrent largement la porte au retour de pesticides dangereux tels que les néonicotinoïdes, à la toxicité avérée pour la biodiversité.
La semaine pour les alternatives aux pesticides est l'occasion de rappeler son engagement, et d'interpeller les pouvoirs publics sur le sujet.