Sur les 259 espèces de papillons de jour connues en France, une partie ne se trouve que sur le pourtour méditerranéen. Certains de ces papillons sont endémiques, ils restent localisés sur des stations de quelques centaines de mètres carrés au niveau desquelles ils trouvent leurs plantes hôtes et nourricières et les conditions environnementales nécessaires pour se développer.
D’autres espèces à l’inverse ont adopté un comportement migrateur, afin de rechercher des conditions favorables à leur développement tout au long de l’année.
Certains de ces papillons restent en France dans le cadre de leur migration, se déplaçant simplement des vallées vers des stations plus en altitude pour fuir la chaleur de l’été et retrouver des plantes hôtes et nourricières. D’autres espèces migrent chaque année à travers plusieurs pays pour trouver des conditions plus favorables au fil des saisons. C’est le cas par exemple de la Belle dame (Vanessa cardui (Linnaeus, 1758)), qui arrive chez nous au printemps, se reproduisent et leurs descendants font la migration retour à l’automne.
D’autres espèces encore sont des migrateurs "exceptionnels", ils se perdent en chemin au cours de leur migration et arrivent en France de manière accidentelle. C’est le cas par exemple du Petit Monarque (Danaus chrysippus (Linnaeus, 1758)).
Ce papillon occupe une vaste aire de répartition : Afrique, Asie, Océanie, ainsi que divers pays du sud de l’Europe. Depuis une vingtaine d’années, les apparitions du Petit Monarque sur le littoral provençal ont sensiblement augmenté : une dizaine d’observations entre 1980 et 1999, une vingtaine d’observations entre 2000 et 2019 (source : Faune PACA ; Silène Faune). Tout le littoral de notre région est concerné.
L’année 2025 semble être une année très favorable à l'expansion septentrionale de cette espèce migratrice. Pour l’ensemble de la région PACA, le nombre record annuel d’observations (17 depuis le 6 mai 2025) a été atteint dès la mi-juin. En témoigne la carte des observations de Petit Monarque de cette année : https://www.faune-paca.org/index.php?m_id=30835.
De nombreux observateurs ont eu la gentillesse de partager leurs observations exceptionnelles de ce papillon sur la base de données Faune PACA, dont M. Dimitri Marguerat. Ce dernier a observé un Petit Monarque lors d’une sortie naturaliste de l’association « La Nesque Propre » le 07 juin, sur le site du Marais de l’Ile Vieille à Mondragon (84).
Il s’agit de la première observation de l’espèce en Vaucluse !
Les chenilles de ce papillon consomment exclusivement des plantes de la famille des Asclépiadacées. Elles ont déjà été observées sur le littoral provençal en train de consommer deux espèces de cette famille de plantes : la Scamonée de Montpellier (autochtone) ainsi que le Gomphocarpe (allochtone, plante ornementale). L'espèce n'est pas installée sur le territoire de manière pérenne : uniquement quelques cas de reproduction sont attestés dans l'Hérault et une seule chenille a été observée dans le 06 en 2008.
Ces mentions de ce papillon, de plus en plus nombreuses et de plus en plus dans les terres, témoignent potentiellement de modifications du climat. Cela en fait un bon indicateur de l'évolution récente du climat.
Il est donc intéressant de rechercher les adultes lors des périodes de migration printanières et automnales ainsi que les chenilles sur les plantes hôtes connues tout au long de l'année afin d’étudier le déplacement et l'acclimatation de cette espèce en France en lien avec les événements climatiques (réchauffement des températures hivernales).
La LPO PACA tient à remercier Dimitri Marguerat pour le partage de son observation exceptionnelle


