Dans le cadre du partenariat scientifique entre la LPO PACA et le Conseil départemental du Var, la biodiversité de différents « Espaces naturels sensibles » (ENS) est étudiée ou suivie. Le Conseil départemental du Var est le propriétaire et le gestionnaire des ENS. En 2024, une des études menées concernait les papillons et les orthoptères patrimoniaux de l’ENS du Mont Lachens.
L’idée de cette étude était de suivre les papillons de jour et les zygènes de l’ENS, notamment les espèces identifiées comme étant à enjeux pour l’ENS suite à la première étude de 2023.
Ce site, acquis en 2012, est composé d’une mosaïque d’habitats de type montagnard (prairies hautes avec des enrochements, lisières de forêt, forêt, pentes rocheuses, etc.).
Tout au long de la saison naturaliste, différents passages d’inventaire ont été réalisés, afin d’observer l’ensemble du cortège d’espèces : espèces précoces, espèces du cœur de la saison, espèces tardives, espèces migratrices. Les papillons ont été cherchés dans les habitats favorables de l’ENS. Les stations actuelles et historiques des espèces à enjeux ont été visitées. Les plantes hôtes des papillons patrimoniaux ont été spécifiquement recherchées en complément des papillons adultes.
En finalité des inventaires de 2024, 77 espèces de papillons de jour et 3 espèces de zygènes sont recensées sur le site, selon Faune PACA et Silène Faune.
Les inventaires de 2024 ont donc permis de découvrir 11 nouvelles espèces supplémentaires. En cumulant les résultats des inventaires ciblés de 2023 et 2024, 26 espèces ont été rajoutées à la liste des papillons de jour et de zygènes de l’ENS.
L’Azuré du Thym et la Thécla de l’Amarel ont été vus pour la première fois sur l’ENS en 2024. Ces espèces atteignent leur limite altitudinale (respectivement uniquement 6 et 18 données au-dessus de 1600 mètres selon la base de données Oreina-artemisiae).
On peut donc être interpréter ces observations comme un indicateur du changement de la répartition de certaines espèces, qui trouvent des conditions plus favorables, plus en altitude, du fait du changement du climat, de la modification des habitats et du cortège floristique qui en résulte. Autant certaines espèces arrivent à s’adapter et décaler leur répartition (en latitude et en altitude), autant pour d’autres, comme les espèces montagnardes, la montée en altitude n’est parfois plus possible et les habitats qui leurs sont favorables ont disparus. Du fait de ces observations, un suivi des populations des espèces montagnardes (ex : Semi-apollon) seraient intéressant à mettre en place sur l’ENS, pour appréhender leur changement de répartition, voir leur disparition du Mont.
En finalité de ce suivi, 10 espèces patrimoniales sont identifiées pour l’ENS, avec la découverte d’une d’entre elle en 2024 : la Zygène ibère. Elle fréquente les ourlets et les clairières forestières et pond sur différentes espèces de Vesce et de Gesse. L’écologie de l’espèce est donc également en adéquation avec les conditions présentes au Mont Lachens. Selon la bibliographie, c’est une espèce répartie en populations localisées, au niveau des Préalpes du Sud-est et des contreforts des Alpes méditerranéens.
Autre belle découverte, une espèce patrimoniale qui n'a plus été observée sur l’ENS depuis 2014, découverte à quelques centaines de mètres de l’ENS en 2024 : l’Azuré du serpolet.
C’est un papillon protégé par la loi française, ciblé par le Plan régional d’actions PACA. Il a pour plante hôtes différentes espèce de Thymus spp. (type serpolet), la Marjolaine sauvage, la Brunelle à feuilles d'hysope. La chenille termine sa croissance en se nourrissant de larves de fourmis dans une fourmilière (genre Myrmica). Elle passe l’hiver dans la fourmilière, s’y nymphose avant d’émerger et d’en sortir au printemps d’après. Ainsi c’est à la fois les plantes hôtes et nourricières, le sol et les fourmilières qui sont à conserver tout au long de l’année.
Les résultats de cette étude apportent de nouveaux éléments pour adapter la gestion du site et déclencher la mise en place de nouvelles opérations de gestion en faveur des espèces patrimoniales recensées. À titre d’exemple, les conditions adéquates pour l’accueil de l’Azuré du serpolet vont être maintenues / restaurées au niveau des stations historiques sur l’ENS, afin d’augmenter les chances que le papillon recolonise ces dernières.
La LPO PACA tient à remercier le soutien du Département du Var pour la mise en place de cette étude, notamment la disponibilité de Mme Monier, cheffe de projet de gestion de l'ENS, ainsi que les bénévoles de la LPO PACA qui ont participés activement à l’étude, dont notamment Aline et Bruno Ellie